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Nous sommes allés voir Jacques Gourde jouer dans une comédie musicale.
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Je vais être honnête avec vous: je n'ai pas trop suivi les activités entourant le 150 de la confédération du Canada cet été – mis à part l'araignée géante qui a envahi Ottawa et la Chine qui tente de s'immiscer dans l'expo MosaïCanada à Gatineau.

C'est donc avec beaucoup de curiosité qu'un événement non subventionné par le gouvernement canadien est apparu sur mon fil d'actualités Facebook, gracieuseté de mon ami Cédric qui habite dans Lotbinière. Il avait reçu une invitation papier par la poste (oui, oui) de la part de son député fédéral, Jacques Gourde, pour la comédie musicale Comme dans le temps, qui se passe en 1867.

Et, comble du bonheur, M. Gourde allait jouer le rôle du curé. De voir un député s'époumoner en soutane justifiait à lui seul de se déplacer pour aller voir le spectacle.

Le curé Mathurin Gosselin chicane Francis Maloney, qui se chicane avec son voisin Octave Lecours.
Catherine Levesque
Le curé Mathurin Gosselin chicane Francis Maloney, qui se chicane avec son voisin Octave Lecours.

La pièce, écrite et produite par Josée Nappert, une entrepreneure de la région, est un genre de West Side Story d'il y a 150 ans. On y suit l'histoire d'amour de Thomas Lecours, d'une famille canadienne-française, et de Kate Maloney, d'une famille irlandaise. Or, les deux familles voisines sont en chicane, ce qui force les deux tourtereaux à s'aimer en secret jusqu'à l'arrivée d'une prétendante de bonne famille dans leur village.

La salle était pleine à craquer lors de la représentation en marge de l'exposition agricole de Saint-Agapit, la municipalité voisine de Saint-Apollinaire. Mes voisins de siège se demandaient pourquoi diable j'avais trimballé une caméra avec moi. S'en suivit une discussion somme toute assez commune concernant le média pour lequel je travaille.

- Vous êtes journaliste?

- Oui, pour le HuffPost Québec.

- Le quoi?

- Le Hu-ffing-ton Post.

- Le Huntington Post? Connais pas.

- Vous nous lirez sur Facebook!

- Ah!

J'étais donc plantée pour filmer devant la scène de la paroisse en toute bonne foi (littéralement). Après tout, il s'agit d'un projet entièrement bénévole qui s'est échelonné sur deux ans. Le député Gourde avait suggéré à Mme Nappert de monter une pièce qui racontait l'histoire de la région. Il s'est toutefois fait prendre à son propre jeu, puisqu'il a été recruté pour incarner le curé Mathurin Gosselin et a aidé à construire les décors pendant ses temps libres.

La pièce, d'une durée de deux heures, a passé en un coup de vent. On navigue sans hésitation entre les discussions enflammées à la taverne, puis les commérages du magasin général, avant de se diriger vers les scènes à l'église. Les chansons, originales pour la plupart, sont simples, mais efficaces. On retiendra entre autres la Chanson de l'étron, chantée dans les... bécosses.

Évidemment, la pièce n'était pas à l'abri de la partisannerie! Lors d'une messe, le curé ne manquera pas de souligner la présence du député libéral provincial Henri-Gustave Joly – ce qui a bien fait rire la foule, considérant que M. Gourde est farouchement conservateur – en citant Maurice Duplessis: «Et surtout, n'oubliez pas que le ciel est bleu et que l'enfer est rouge!»

Les spectateurs ont également aidé l'organisme Aide alimentaire Lotbinière lors d'une quête spéciale pendant l'un des sermons du curé.
Catherine Levesque
Les spectateurs ont également aidé l'organisme Aide alimentaire Lotbinière lors d'une quête spéciale pendant l'un des sermons du curé.

Malgré quelques anachronismes – comme la prestation du Ô Canada, alors que composé en 1880 – la pièce est un petit bijou. On ne peut s'empêcher de sourire du début à la fin et de partager les fous rires de la trentaine de comédiens bénévoles, alors que les blancs de mémoire augmentaient au gré des shooters pris à la taverne. M. Gourde nous a confié que l'eau et le jus de pomme avaient été remplacés par du fort et de la bière ce soir-là.

Mais surtout, la rivalité entre les familles canadienne française et irlandaise rappellent que les appréhensions face à l'immigration et la sauvegarde du français ne datent pas d'hier. Octave Lecours, le chef de la famille Lecours, ne manquera pas de décocher un «on parle en français icitte!» à John Maloney, le grand-père, qui parle en anglais.

Je me garderai de vous dévoiler la fin de la pièce, puisque d'autres représentations pourraient avoir lieu l'an prochain. Pour ce qui est de M. Gourde... eh bien, il était un peu pompette à la fin du spectacle. Amen!

Votre député a-t-il un talent caché? Un politicien de votre région est-il impliqué dans un projet spécial? N'hésitez pas à m'en faire part en m'écrivant à catherine.levesque@huffpost.com. Au plaisir de vous lire!

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