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Vers une rue Saint-Denis écoresponsable

Les travaux sur la rue Saint-Denis, entamés à l'automne dernier et prévus pour une durée de plus d'un an, risquent bien d'être le dernier clou du cercueil de cette artère autrefois si vivante.
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Les travaux sur la rue Saint-Denis, entamés à l'automne dernier et prévus pour une durée de plus d'un an, risquent bien d'être le dernier clou du cercueil de cette artère autrefois si vivante. Depuis de nombreuses années déjà, les boutiques ferment, les commerçants et commerçantes se désolent, les études qui cherchent à «mettre le doigt sur le bobo» se succèdent mais rien ne freine la morosité ambiante. Les locaux vides se multiplient, on accuse la mairie d'arrondissement, le commerce en ligne, la compétition des quartiers périphériques ou des banlieues... Et on ne propose rien.

Pendant qu'on se crêpe le chignon pour savoir lequel des nombreux facteurs en cause est plus à blâmer que les autres, rien ne s'annonce pour renverser la vapeur après la fin des travaux. Le défi est de taille : comment redorer l'étoile de cette artère commerciale qui peine à se trouver une nouvelle identité et à retrouver sa vigueur d'il y a vingt ans ?

Le fait est qu'on aurait beau créer une autoroute de huit voies et offrir du stationnement gratuit 24 heures sur 24, quand même les résidants du centre-ville concluent 60 % de leurs achats sur la Rive-Sud, l'offre de commerce doit se distinguer pour convaincre la clientèle de revenir flâner sur Saint-Denis.

Peut-être que la solution ne se trouve pas dans la compétition, mais dans l'ouverture vers une toute autre façon de voir le commerce. Voici ce qui ne se trouve nulle part ailleurs : une artère résolument écoresponsable, éthique, artisanale, locale.

Si je laisse aller mon imagination, je vois, à la place de tous ces locaux à louer, une enfilade d'ateliers-boutiques où tout ce qui se trouve résulte principalement d'une production locale, écologique ou éthique. Les exemples pour s'inspirer ne manquent pas. D'abord, sur Saint-Laurent, la boutique Il était deux fois, qui ne vend que des items fabriqués à partir de matériaux recyclés, est un succès commercial qui force à reconnaître l'intérêt suscité par ce type de produits. L'atelier de sérigraphie Gymnase propose un autre modèle de commerce qui donne envie d'envisager un endroit innovateur, qui conjuguerait la possibilité de s'abonner pour avoir accès à des installations pour usage personnel, et la vente des produits fabriqués. Les vieux meubles retapés, qui ont la cote depuis un bon moment déjà, trouveraient sur Saint-Denis une clientèle intéressée, qui est trop souvent obligée de magasiner en ligne.

Dans un ordre d'idées similaire, une boutique du type Buy me once, qui vise la durabilité des objets et lutte contre l'obsolescence programmée, assurerait à ses clients que leur achat n'aura pas à être jeté et remplacé après peu de temps. Des friperies dignes des meilleures années du Plateau pourraient refleurir grâce à la clientèle particulière attirée par les boutiques voisines.

Le projet de transformation du presbytaire Saint-Jude en centre d'arts, initiative saluée et accueillie avec bonheur par la communauté, indique que c'est la voie à suivre pour que Saint-Denis renaisse de ses cendres.

Un des grands succès du premier mandat de la mairie d'arrondissement a été la conclusion d'une entente entre les propriétaires des immeubles de la rue de Gaspé et l'organisme Pied Carré, afin que soient protégés les ateliers d'artistes. Pourquoi ne pas entamer une phase deux du même projet et permettre à ce bassin d'artisans d'avoir pignon sur rue sur une des artères les plus accessibles du centre de Montréal?

L'arrondissement pourrait jouer un rôle clé en facilitant le contact entre les propriétaires de locaux commerciaux et l'organisme Pied Carré, qui est déjà bien implanté dans la communauté artisanale du Mile End. Plusieurs artisans pourraient se partager une boutique pour exposer leurs créations, générant ainsi un roulement d'oeuvres ou d'objets originaux.

En concentrant dans un espace relativement restreint un grand nombre de commerces qui promeuvent par leurs pratiques et leurs produits les mêmes valeurs de commerce équitable, local, écoresponsable et éthique, la rue Saint-Denis prendrait une couleur tout à fait originale, qui ne manquerait pas d'attirer la clientèle qui la boude depuis au moins 10 ans, et de susciter un intérêt nouveau.

Et peut-être même, puisqu'on se donne ici le droit de rêver, Saint-Denis atteindrait-elle une renommée internationale, un peu à la manière du magnifique Flea Market de Brooklyn, qui n'a rien à voir avec l'orgie de bébelles fabriquées en Chine que l'on retrouve au Marché aux puces Métropolitain, sur la 40.

Et quand on voit la tendance prise par la construction de mégacentres commerciaux en banlieue (Ville Mont-Royal, c'est la banlieue, right?), on ne craindra pas de sitôt la concurrence de Laval ou de Longueuil...

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