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Se connecter au peuple dont nous nous réclamons

Je ne crois pas au fédéralisme renouvelé, mais c'est un Québécois sur deux qui pense le contraire. Donnons-leur l'occasion d'obtenir un rapport de force avec le gouvernement canadien en votant PQ à l'élection de 2018.
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Je suis une indépendantiste pressée. Je veux que le Québec devienne un pays le plus tôt possible, car le carcan dans lequel nous sommes plongés au sein du Canada limite notre potentiel, nous empêche de prendre nos propres décisions et surtout, nous contraint à la province alors que je souhaite que nous fassions partie du monde, que nous puissions agir sur la scène internationale. Et c'est justement parce que je suis pressée que je ne me satisfais pas des propositions actuellement sur la table en termes de démarche d'accession à l'indépendance. Je ne les rejette pas pour autant du revers de la main, mais ne crois pas en leur viabilité. Je doute fortement qu'avec elles, nous puissions gagner.

D'abord, dans un contexte multipartite, je suis d'avis que le Parti québécois ne peut que l'emporter lors d'une élection s'il demeure fidèle à ses convictions, aux rêves qui l'ont enfanté, comme dirait Bourgault. Cela impose que le PQ propose aux Québécois une consultation sur l'indépendance dans un premier mandat. Le contraire démobiliserait non seulement les militants, mais l'ensemble des électeurs indépendantistes, qui n'auraient dès lors plus aucune raison de voter pour le PQ, ce parti de coalition des tendances gauche-droite. Ils préféreraient la version originale de ces tendances, c'est-à-dire Québec solidaire et la Coalition avenir Québec, plutôt que la version édulcorée que serait devenu le Parti québécois.

Maintenant que cela est dit, je ne crois pas que la démarche privilégiée par le PQ depuis l'élection de 1976 - le référendum classique sur l'indépendance, oui ou non - nous fasse gagner l'élection de 2018, pas plus qu'une élection référendaire, il va sans dire. Le vote francophone est fragmenté et l'opposition au Parti libéral, trop divisée.

Lorsqu'on fait du terrain (et j'en ai fait passablement durant les deux dernières années, ayant frappé à plus de 5 000 portes dans ma circonscription lors de ma pré-campagne électorale pour le Bloc québécois), on se bute rapidement à la réalité. Les gens sont insatisfaits de la situation actuelle, mais ne sont pas convaincus pour autant que l'indépendance soit la meilleure solution. Ils espèrent toujours une entente avec le Canada. Entente qui n'est jamais venue et qui, à mon avis, ne viendra jamais, le Canada étant un pays conciliant trop d'intérêts divergents. L'Histoire nous l'a d'ailleurs prouvé à maintes reprises. Mais ce n'est pas parce que l'Histoire nous dit cela que les gens n'y croient pas. Nous vivons dans le présent, pas le passé.

Parmi ces personnes, certaines sont ouvertes à discuter, à débattre avec des arguments rationnels. C'est le genre de personnes que nous pouvons convaincre avec une approche volontariste, fondée sur le travail militant et la force des convictions. Cette approche est donc incontournable, mais elle n'est pas suffisante. Ni pour gagner l'élection, ni pour gagner un référendum.

Comment faire pour convaincre l'autre partie de la population, celle qui ne s'intéresse pas du tout aux débats entourant la question nationale?

C'est dans ce contexte que j'ai décidé de réfléchir à la question, de développer une idée et de la présenter, pour ouvrir le débat. Louis Lyonnais et moi avons réussi pour se faire à obtenir l'appui de trois députés non-alignés dans la course à la direction, trois pointures économiques du Parti québécois: Nicolas Marceau, Mireille Jean et Alain Therrien. Ce n'est pas banal.

Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il fallait mettre le fardeau de la preuve sur les fédéralistes. Démontrer la faiblesse de leurs propositions, en opposition au projet le plus enthousiasmant, le plus emballant, porteur d'avenir et de liberté: celui de faire du Québec un pays.

Je ne crois pas au fédéralisme renouvelé, mais c'est un Québécois sur deux qui pense le contraire. Donnons-leur l'occasion d'obtenir un rapport de force avec le gouvernement canadien en votant PQ à l'élection de 2018, puis nous voterons sur la proposition obtenue par cette démarche, côte à côte avec l'option d'un Québec indépendant.

Cette approche fait de nous des gagnants. À l'élection, en mettant fin au monopole libéral, puis à la consultation, en mettant fin au statu quo.

Nous savions par ailleurs très bien que notre proposition ferait débat. C'était exactement le but souhaité. Brasser les structures, stimuler notre pensée, améliorer l'idée.

Malheureusement, au-delà du débat respectueux attendu, il s'en est trouvé pour sauter aux barricades, pour gober les titres voulant faire de nous des tenants du fédéralisme renouvelé, nous qui travaillons depuis des années pour l'indépendance de notre pays, bien souvent bénévolement.

Sans nuance, ces personnes nuisent à l'avancement de notre mouvement. Un mouvement politique en santé est un mouvement qui sait débattre, un mouvement qui est ouvert aux nouvelles idées. Un mouvement qui ne veut pas se marginaliser, mais se connecter. Se connecter au peuple dont il se réclame. Ces réactions sont pour le moins désolantes. Cette attitude presque sectaire est inquiétante.

Il est trop facile de surfer sur le consensus militant, de se complaire entre indépendantistes qui pensent tous la même chose. Je suis une «pure et dure», mais j'ai choisi d'oser. J'ai choisi les idées, avec tous les risques politiques que cela comprend. C'était pour moi une nécessité.

Si nous voulons réellement que notre projet soit porteur, qu'il suscite l'espoir chez tous les Québécois n'eût égard à leurs tendances politiques, il faut s'ouvrir à ce que nos concitoyens pensent. C'est essentiel, sans quoi ce beau et grand projet continuera d'être ce qu'il est actuellement: un idéal discuté entre convaincus seulement.

À nous d'agir pour qu'il en soit autrement.

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