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La phobie démocratique du PLQ de Philippe Couillard

Depuis l'arrivée de PKP dans le paysage de la présente campagne électorale et son appui indéfectible à la cause indépendantiste, l'enjeu référendaire a refait surface au Québec. Au plaisir des uns - les indépendantistes pressés tels que les Parizeau, Landry et compagnie - et au déplaisir des autres, tels que François Legault et la CAQ, dont la survie politique est carrément menacée par la polarisation autour de ce débat.
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Depuis l'arrivée de PKP dans le paysage de la présente campagne électorale et son appui indéfectible à la cause indépendantiste, l'enjeu référendaire a refait surface au Québec. Au plaisir des uns - les indépendantistes pressés tels que les Parizeau, Landry et compagnie - et au déplaisir des autres, tels que François Legault et la CAQ, dont la survie politique est carrément menacée par la polarisation autour de ce débat.

Le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, a quant à lui fait de cette question son principal cheval de bataille au cours de la deuxième semaine de campagne, appelant les Québécois à voter pour son parti afin d'éviter une telle consultation populaire. Car il faut rappeler ce qu'est un référendum: un procédé démocratique par lequel l'ensemble des citoyens est invité à s'exprimer sur une proposition précise. Dans ce cas-ci, l'enjeu ne concerne rien de moins que l'avenir du Québec. Et il y aura toujours deux options sur un bulletin de vote, si référendum il devait y avoir. Tous les Québécois auront le loisir de voter « Non » s'ils ne veulent pas d'un pays qui leur soit propre. Il est pour le moins fort dommage de constater que le chef libéral a une peur bleue de la démocratie, jusqu'à répugner une consultation citoyenne profondément légitime.

D'un autre côté, le Parti québécois n'exploite pas non plus cette question à bon escient, allant même jusqu'à associer l'emploi du mot « référendum » à une « campagne électorale négative » dans une vidéo de campagne diffusée sur leur chaîne YouTube. Il serait pourtant tellement facile de donner la réplique au Parti libéral dans ce dossier, la performance de Philippe Couillard étant plutôt médiocre à ce jour.

En effet, depuis son retour en politique active, après un séjour en Arabie Saoudite à titre de conseiller du prince Abdullah bin Abdulaziz Al-Rabeeah, M. Couillard évoque allégrement le dossier constitutionnel: à l'instar d'un Mulroney en 1984, il souhaite réintégrer le Québec dans le giron constitutionnel. Le fera-t-il dans «l'honneur et l'enthousiasme»? Là-dessus, rien n'est moins sûr. Le chef libéral entretient toujours un grand flou artistique à ce niveau, stipulant souhaiter du Canada la reconnaissance du Québec en tant que «société distincte». Le gouvernement canadien de Stephen Harper n'a-t-il toutefois pas déjà reconnu le Québec en tant que nation en 2006? Bien que cette motion ait évidemment été vide de sens, Philippe Couillard doit préciser ses intentions, car signer la Constitution sans appeler une nouvelle ronde de négociations constitutionnelles et surtout, sans consulter les Québécois à ce sujet - comme il entend le faire - serait extrêmement - et j'insiste avec véhémence sur ce mot - mal avisé de sa part.

Depuis le «coup d'État» réalisé par Pierre Elliott Trudeau en 1982, tous, au Québec, se sont historiquement entendus sur l'insatisfaction que provoque l'actuelle Constitution canadienne. Pour preuve, aucun gouvernement québécois n'a envisagé de signer cette Constitution. Jamais. Pas même Jean Charest.

Si Philippe Couillard se réclame véritablement de l'un de ses prédécesseurs à la tête du PLQ, Robert Bourassa, il devrait savoir que ce dernier a déjà affirmé que «politiquement, c'est un affront à la dignité du peuple québécois de se faire imposer la loi fondamentale du pays». Car en plus de ne pas avoir été entérinée par l'Assemblée nationale, rappelons que la Constitution de 1982 a plus simplement été dépourvue de toute consultation populaire. Une Constitution - au sens politique du terme - doit pourtant être dûment adoptée par le peuple, qui en est le seul maître. Dans le reste du monde, une révision constitutionnelle fait presque toujours l'objet d'un référendum. Cette démarche est même obligatoire au sein de plusieurs pays d'Europe. Toutefois, au Canada, on a plutôt opté pour la définition juridique de la Constitution, voulant que toute autorité peut établir, voire imposer une Constitution. C'est manifestement ce qui s'est produit d'abord en 1867 avec l'adoption de la Loi constitutionnelle, puis en 1982 avec le rapatriement. Et c'est ce que souhaite à nouveau faire Philippe Couillard en enfonçant dans la gorge des Québécois une Constitution dont ils n'ont jamais voulu, allant clairement à l'encontre des paroles de Bourassa citées ci-haut.

Si Pauline Marois refuse quant à elle d'évoquer une échéance référendaire contraignante, au moins, avec le Parti québécois, les choses sont claires: jamais un gouvernement péquiste ne décidera à la place des Québécois. Ce sera toujours le peuple qui aura le dernier mot. C'est tout à leur honneur.

À la lueur de ces récents événements, j'ose espérer que les Québécois, le 7 avril prochain, ne voteront pas pour un parti comptant les museler sur leur avenir collectif, tel que le propose le Parti libéral de Philippe Couillard. Une proposition indigne et honteuse pour un parti s'autoproclamant «libéral».

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