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Lettre aux Québécois de tous horizons

À la lumière des derniers sondages et avec la date du scrutin approchant à grands pas, j'aimerais, en ce temps d'élections générales, m'adresser aux Québécois de toutes les tendances politiques, aux indécis et à ceux qui n'iront pas voter.
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À la lumière des derniers sondages et avec la date du scrutin approchant à grands pas, j'aimerais, en ce temps d'élections générales, m'adresser aux Québécois de toutes les tendances politiques.

Vous pensez voter PLQ?

Soit vous êtes un électeur libéral depuis toujours, un fédéraliste des plus convaincus et je n'arriverai jamais à vous faire changer d'idée, ni même à vous ébranler un tant soit peu dans vos convictions, soit vous êtes au PLQ par défaut, car vous n'en voulez pas, mais vraiment pas, de référendum! Croyez-vous, cependant, que le Parti Québécois tiendrait un référendum s'il était sûr de le perdre, comme c'est le cas actuellement, faute de pédagogie sur ce projet depuis des années? Les indépendantistes ne sont pas kamikazes : le troisième référendum, s'il arrive un jour, n'est pas pour demain. Il y a du travail à faire pour s'y rendre. Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Au contraire, le fait que les péquistes désirent créer les « conditions gagnantes » devrait vous rassurer, car ils auront à cœur le redressement des finances publiques, nécessaire afin de doter la population de la confiance essentielle à la réalisation de leur projet ultime.

Par ailleurs, si un vote pour le PQ vous est impossible, car « vous ne pouvez pas sentir » le parti ou sa chef, de grâce, votez à la limite pour la CAQ, mais ne vous rabattez pas sur le PLQ. Rappelez-vous des neuf longues années libérales. Des multiples scandales de l'ère Charest. De la collusion et de la corruption généralisées dans le milieu de la construction. Des militants et députés qui n'ont même pas daigné appuyer une proposition émanant de leur propre Conseil général et réclamant une Commission d'enquête publique. Faut-il rappeler qu'à l'exception du chef, qui a changé de figure, l'équipe demeure très essentiellement la même. Les mêmes candidats, les mêmes personnalités ministrables. Vous n'en avez pas assez de voir un Sam Hamad aux commandes de votre État? N'est-ce pas une insulte à votre intelligence? Désirez-vous réellement voter pour un parti dont les visites et perquisitions de l'UPAC dépassent le compte de 20? Un parti dont l'agenda politique du chef de 1998 à 2012 est présentement scruté à la loupe? Un parti dont le présent chef a déjà eu recours à un paradis fiscal? Tout ça par simple peur d'avoir, peut-être un jour, éventuellement, à cocher Oui ou Non sur un bulletin de vote? J'ose espérer que ce n'est pas le cas.

Vous pensez voter CAQ?

Le parti de François Legault est inexorablement en déclin précoce et a, à toutes fins pratiques, à peu près entre 0% et 0% de chance de l'emporter le soir du 7 avril. Néanmoins, si vous ne vous retrouvez nulle part ailleurs, car vous êtes fédéraliste avant toute chose, mais ne voulez pas accorder votre vote à une formation politique douteuse comme le PLQ, la CAQ reste le bon choix. Cependant, si vous êtes réellement caquiste de tête, rappelez-vous à quel point certaines positions de la CAQ étaient près de celles du gouvernement du PQ, François Legault étant lui-même un péquiste de cœur, malgré ses ambitions démesurées l'ayant poussé à lancer son propre parti. Si vous désirez voir adoptés des projets comme la bonification de la loi 101 ou encore, la Charte de la laïcité, c'est en votant PQ que vous y arriverez.

Vous pensez voter QS?

Je comprends. Le programme de QS, désirant un Québec juste, vert et libre, est emballant. Vous désirez sortir du carcan imposé par les vieux partis, voter avec votre cœur, selon vos convictions les plus intimes. Je ne vous dirai pas de faire autrement, mais plutôt de prendre les lignes suivantes comme étant des pistes de réflexion. Je ne vous lance qu'un ballon, libre à vous de l'attraper ou pas.

Un vote pour Québec solidaire, c'est vrai, c'est un vote pour Québec solidaire et personne d'autre, surtout pas pour le Parti libéral. Toutefois, c'est aussi un fait mathématique que de dire que ce vote, s'il avait été additionné au vote péquiste, aurait possiblement permis de bloquer un candidat libéral dans certains cas précis, comme on l'a vu en 2012.

Ce qui me désole, c'est qu'en tant que partisans de QS, vous misez sur la défaite du PQ afin de grossir les rangs de l'électorat solidaire. Ainsi, certains d'entre vous n'hésitent pas à souhaiter une victoire du PLQ au terme de ces élections générales. Lorsque je lis ou entends de telles aberrations, laissez-moi douter de vos intentions. Vous êtes au fait de tout le mal qu'a fait le PLQ sur plusieurs plans, que ce soit en ce qui concerne la dégradation de l'environnement ou encore, l'arrivée massive du privé en santé. Et on ne parle pas encore d'éthique! Ainsi, en laissant les libéraux reprendre le pouvoir, c'est dire que les beaux projets environnementaux et sociaux attendront encore plusieurs années et qu'il deviendra beaucoup plus ardu de les réaliser. Il vient un point où la tendance est très difficilement réversible.

Par ailleurs, il faut se rendre à l'évidence. Québec solidaire existe depuis 2006. Le parti a donc présenté des candidats aux élections de 2007, 2008 et 2012 avec des résultats respectifs de 3,64%, 3,78% et 6,03% en termes d'appuis. Selon les différents sondages, c'est un point ou deux de plus qu'il peut espérer obtenir en 2014. À ce rythme, quand Québec solidaire compte-t-il être en mesure de prendre le pouvoir? En guise de comparaison, lors des premières élections auxquelles a participé le Parti Québécois en 1970, ce dernier a obtenu 23,06% du vote populaire. Aux secondes, en 1973, c'était 30,22%, puis en 1976, à ses troisièmes élections, il prenait le pouvoir avec 41,37% des suffrages exprimés en sa faveur.

Force est de constater que la situation n'est pas du tout comparable. Le vote de Québec solidaire stagne et je ne vois pas comment il pourrait monter plus haut. En effet, même si comme mentionné au préalable, les partisans solidaires misent sur une défaite historique du PQ pour consolider et faire progresser leur vote lors des prochaines élections, ils oublient un détail très important. Une victoire libérale, par exemple, amènerait forcément la société civile à se mobiliser encore davantage contre les libéraux à l'élection suivante, ce qui signifie qu'on appellerait encore à voter pour le Parti québécois. Le cercle vicieux ne s'arrête jamais... À moins de changer drastiquement les choses et les façons de faire, que ce soit avant ou après l'indépendance, même si ce sera plus facile dans ce dernier cas.

Bref, à mon humble avis, même si c'est une tâche très difficile, il faut investir le parti le plus en phase aux changements souhaités si l'on souhaite réellement faire bouger les choses. Rien n'empêche de former des groupes d'intérêts au sein même de ces partis. Beaucoup d'entre vous l'ont sûrement déjà tenté, mais il faut se relever les manches et continuer.

Vous pensez voter ON?

Je comprends, encore une fois. J'ai moi-même déjà flirté avec ce parti, tout comme plusieurs de mes amis indépendantistes. Aujourd'hui, cependant, une bonne partie des membres de l'ère Aussant sont déjà rangés derrière le PQ, détenant la meilleure équipe jamais rassemblée depuis longtemps. ON a, de son côté, rencontré de la difficulté à renouveler son membership cette année, sans compter que des candidats manquent toujours à l'appel dans certaines circonscriptions du Québec pour les présentes élections. Le scrutin du 7 avril risque de porter le coup fatal à la jeune formation politique. Je rappelle que l'indépendance demeure toujours l'article premier du programme du Parti Québécois. Dans ce contexte, pourquoi favoriser le retour aux années libérales? Le momentum d'ON, tout comme celui de QS, ne sera pas meilleur dans quatre ans, au terme d'un mandat majoritaire du PLQ de Philippe Couillard. La roue continuera de tourner. Les mêmes recommandations faites aux électeurs de QS s'appliquent donc ici. La balle est dans votre camp.

Vous pensez voter PQ?

À mon sens, vous faites le bon choix pour le Québec. Bien sûr, on peut être en désaccord avec certaines politiques mises en place par le gouvernement de Pauline Marois au cours de son mandat minoritaire, mais il faut reconnaître qu'en seulement dix-huit mois, le Parti Québécois, malgré les embûches placées sur son chemin par les partis d'opposition, a su réaliser 59 % de ses engagements, ce qui est considérable, (vous trouverez ici une liste non-exhaustive de ses bons coups). Il faut donner la chance au coureur, permettre à cette « équipe du tonnerre » de former un gouvernement majoritaire. C'est l'avenir du Québec, ni plus ni moins, qui est présentement en jeu.

Pour ce qui est de l'indépendance, il est certes difficile pour des gens y croyant dur comme fer - groupe dont je fais partie - de voir son option « tassée » par la chef dans un avenir à court terme. Cependant, il faut nous aussi faire preuve de réalisme et comprendre que la confiance de nos concitoyens doit être regagnée, cynisme oblige, et la pédagogie de l'indépendance, refaite. Attelons-nous donc à la tâche dès le lendemain de l'élection. Il en relève de nous tous. Ensuite, lorsque cette indépendance sera acquise, il sera beaucoup plus facile de briser le cercle vicieux de notre système électoral en instaurant un système qui soit véritablement représentatif des préférences de la population. Je pense notamment au système électoral mixte allemand qui est des plus intéressants. Toutes les options seront à ce moment sur la table.

Vous êtes toujours indécis?

Écoutez le prochain débat des chefs, participez à la boussole électorale de Radio-Canada, mais surtout, réfléchissez bien aux tenants et aboutissants de votre décision. Un gouvernement majoritaire dure quatre ans. Les conséquences se font sentir longtemps.

Vous n'allez pas voter?

Élections, piège à cons? Je vous mentirais si je vous disais que, statistiquement, votre vote compte réellement. Les situations où c'est véritablement le cas sont très rares. Néanmoins, rappelez-vous qu'en tant que citoyen, vous n'avez pas seulement des droits, mais aussi des devoirs. Voter, même si c'est pour annuler son vote, en est un. Comme le dit le dicton, «occupez-vous de politique, car sinon, c'est elle qui s'occupera de vous».

>Élections 2014: les nouvelles et les blogues du HuffPost sur la campagne.

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