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Jean-François Lisée se trompe: il faut remettre l'indépendance de l'avant

La campagne électorale de 2014 n'avait pas le souffle de celle de 2012 pour Option nationale et les militants le sentaient bien. Dans les rangs onistes, on régressait plus qu'on ne progressait. Non pas en raison de l'idée d'indépendance en elle-même, mais de la conjoncture, tout simplement.
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9 décembre 2011. La fébrilité était dans l'air. Ce soir-là, sur les planches du National à Montréal, un nouveau parti allait être officiellement lancé : Option nationale. Jean-Martin Aussant, l'homme derrière cette ambitieuse aventure, désirait remettre le projet de pays au cœur de la politique québécoise. ON devait en être l'outil principal en faisant constamment la promotion de l'indépendance. Ce faisant, il obligerait les grands partis comme le PQ à se commettre sur la question, au lieu de la garder sous le tapis comme à son habitude.

Dans les mois ayant suivi la mise sur pied du nouveau parti, Jean-Martin Aussant fit déplacer les foules dans les cégeps et les universités du Québec tout entier. Les jeunes, dans la foulée de la grande mobilisation de 2012, s'intéressaient énormément à son message indépendantiste, à la fois très rationnel et porteur d'espoir pour l'avenir. Les nouveaux membres ne cessaient d'affluer au parti et tous, pratiquement, désiraient mettre la main à la pâte pour faire avancer la cause.

L'idéalisme a toutefois bien mal résisté au pragmatisme lorsque la campagne électorale de 2012 fut déclenchée au début du mois d'août. Les appels au vote stratégique se faisaient insistants. Bien que le PQ avait passablement dilué son message indépendantiste depuis plusieurs années, il demeurait néanmoins le parti le plus à même d'accéder au pouvoir et donc, d'agir concrètement pour l'indépendance. De ce fait, beaucoup d'électeurs tentés par ON se sont plutôt rangés par dépit derrière le PQ qui, comme nous le savons tous, remporta un gouvernement minoritaire au scrutin du 4 septembre.

Or, à ce moment, ON n'était pas au bout de ses peines. Le départ de Jean-Martin Aussant à l'été 2013 a fait extrêmement mal à la jeune formation politique. De plus, le PQ étant au pouvoir, plusieurs ont choisi de retourner exercer une pression interne sur les dirigeants afin de remettre l'indépendance à l'avant-plan. Enfin, de nombreux « entre-deux » ont rejoint les rangs du PQ lorsque, dans les premiers jours de la campagne électorale de 2014, PKP est entré dans la mêlée en levant son désormais célèbre poing et dévoilant du même coup ses profondes convictions indépendantistes. Il n'en fallait pas plus pour ramener ces brebis égarées au bercail, bien que par la suite, la chef Pauline Marois ait tout fait pour enterrer la possibilité référendaire.

La campagne électorale de 2014 n'avait pas le souffle de celle de 2012 pour Option nationale et les militants le sentaient bien. Dans les rangs onistes, on régressait plus qu'on ne progressait. Non pas en raison de l'idée d'indépendance en elle-même, mais de la conjoncture, tout simplement.

Voilà pourquoi j'ai littéralement bondi de ma chaise lorsque j'ai lu dans La Presse que Jean-François Lisée attribue la chute des appuis à Option nationale à sa promotion continue du projet de pays, une voie que suggère notamment Jacques Parizeau pour la suite des choses au PQ. Lisée nous avait pourtant habitués à de plus fines analyses. Force est de constater que le résultat du 7 avril dernier lui est vraiment rentré au travers de la gorge et qu'il a encore beaucoup de difficulté à le digérer. Il peut en effet être ardu pour les forts égos d'accepter de voir son plan débouté.

Pourtant, en regard des défaites historiques du Bloc en 2011 et du PQ cette année, Lisée fait clairement fausse route. Il apparaît plutôt que ces deux partis peuvent attribuer leurs piètres résultats à la distance de plus en plus importante entre ce qu'ils prétendent être et ce qu'ils sont en réalité, instaurant une dissonance cognitive importante chez leurs partisans. La conséquence de ce fossé est grave et se traduit en la perte de la base de leur électorat. Et si on ne réussit même pas à garder cette base, ça en dit long sur les chances dudit parti d'aller capter une part importante des électeurs hors base : une chance quasi nulle.

À ce propos, Alec Castonguay de L'Actualité prouve, chiffres à l'appui, que ce qui a fait le plus mal au PQ le 7 avril dernier n'est pas un transfert de vote vers un autre parti, mais bien l'indifférence de ses sympathisants, qui ne sont pas sortis voter. Cela témoigne d'une insatisfaction certaine. C'est une réaction fort connue de « péquistes-pas-contents ». Peut-être parce que quand on croit profondément en une cause, c'est quelque peu dérangeant de la voir reléguée aux oubliettes? Dans le cas du Bloc, la mise au rancart de l'indépendance a également éloigné bon nombre d'électeurs de la base, une bonne partie étant restée à la maison le 2 mai 2011 et une autre, ayant plutôt tenté sa chance avec un vrai parti canadien, le NPD, à défaut d'avoir une véritable option indépendantiste.

Voilà pourquoi je me réjouis de l'arrivée de Mario Beaulieu dans la course à la direction du Bloc québécois, un candidat qui n'aura pas peur de placer l'indépendance au cœur de son action politique (d'ailleurs, si vous désirez faire entendre votre voix dans cette course déterminante pour l'avenir du seul parti indépendantiste sur la scène politique fédérale, il vous faut devenir membre avant ce jeudi 15 mai en cliquant ici). J'espère, tout comme Jacques Parizeau et plusieurs autres, qu'il en sera de même au Parti québécois.

En communication, la clé est d'avoir un message clair. Ce n'est qu'avec un tel discours qu'on peut espérer rallier les gens à sa cause. Il est grand temps pour le mouvement indépendantiste d'appliquer ce principe fondamental.

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