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Les JO, la vie en condensé

N'a-t-on pas de leçons à apprendre en visionnant les Olympiques?
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J'ai toujours pensé que le sport était une éloquente métaphore de notre société. Métaphore... un reflet, devrais-je dire, un juste reflet de notre monde qui nous renvoie aux enjeux de la société dans laquelle nous vivons. En ce sens, les Olympiques sont un révélateur des défis qui hantent notre planète.

Les Olympiques, une planète en format poche

Véritable société bâtie de manière éphémère pour accueillir la crème de la crème du sport, les Jeux olympiques sont une reproduction - à petite échelle - du monde actuel. On ne s'imagine pas, tant qu'on n'a pas assisté aux JO, comment complexes, gros et ambitieux sont ces derniers. Oui, on le sait, il en coûte cher à la ville hôte, les commanditaires paient des prix de fous pour s'y faire voir, les yeux du monde s'y donnent rendez-vous... mais ce qu'on s'imagine moins, c'est à quel point on y recrée une réelle petite société où se rassemblent tous les meilleurs athlètes du monde. Dans le village olympique, par exemple, tout est mis en place pour que ces sportifs aient ce qu'il leur faut, et plus encore, et qu'ils puissent aussi aisément retrouver leurs repères. C'est, comment dire... «BIG»! Mais je m'égare... Il faut le voir...

Des défis en concentré

Reflet de notre monde, donc, que le sport. Oui. Les défis qui s'y trouvent: victoires, défaites, deuils, fraudes, tentatives échouées, efforts récompensés, blessures, transition de carrière... Tout ça se retrouve dans notre société, dans nos vies, qu'il soit question de sport ou pas. On pourrait ainsi croire que les athlètes vivent, de manière condensée, ce qu'une personne vivra au fil de plusieurs années.

Oui, pensez-y... qu'il s'agisse de la joie d'une réalisation exceptionnelle, des difficultés de se repositionner, des défis qui viennent avec la popularité, avec le fait de rester dans l'ombre malgré des efforts sans borne, etc. Ces nombreux faits et défis, les nombreux deuils aussi, se vivent au cours d'une vie. Un sportif élite, par contre, les vivra au cours d'une carrière qui ne durera, s'il est chanceux, chanceuse, que de 8 à 10 ans.

La tenue du plus grand événement sportif de la planète, n'est-ce pas un moment pour cogiter sur ce qu'on fait de notre société?

Réalité exacerbée, réalité biaisée

Mais le biais olympique, s'il est une bonne métaphore de l'existence, ne raconte pas tout. La preuve, c'est que depuis le début des JO, à l'échelle canadienne, les Jeux n'ont raconté que l'histoire des médaillées avec un «e». Exit les Canadiens. On n'a de yeux, et de médailles, que pour les Canadiennes.

Je ne suis pas du genre à souligner ce type de biais, par ailleurs. Mais je dois avouer que cette fois-ci, j'y prends plaisir. D'abord parce que toutes ces victorieuses Canadiennes méritent qu'on parle d'elles, mais aussi parce que dans bon nombre de sports, il y a encore un certain double standard. Pensons au vélo, par exemple. Connaissez-vous, sans replonger dans des souvenirs passés, une cycliste dont on parle autant que Froome ou Cancellara, par exemple? Et pourquoi pas? Ce n'est certes pas le talent qui manque... Mais l'appui des commanditaires, peut-être...

Si le biais féminin des récents exploits de nos Canadiennes peut changer la donne, plusieurs athlètes pourront en bénéficier.

Mais où sont donc nos champions? Heureusement, Andre De Grasse est venu sauver la mise en allant décrocher la première médaille olympique canadienne masculine. Et quel exploit! Aux côtés de nul autre que celui qu'on prénomme le «Dieu du stade» ou «l'Immortel». Bien sûr, je parle ici d'Usain Bolt. Et hier soir, Derek Drouin a remporté l'or au saut en hauteur

Leçon de sport

Avec les récentes victoires cumulées de la jeune Penny Oleksiak, on a beaucoup parlé de sa suite professionnelle et personnelle. On a cité Laure Manaudou et Missy Franklin pour ne nommer que celles-là. Des exemples, en quelque sorte, «à ne pas suivre». Des filles qui ont connu la gloire et mal conjugué ce qui a suivi la victoire. Elles ont dû composer avec la notoriété, puis accepter de sombrer progressivement dans l'oubli. On a parlé de Michael Phelps, qui à l'aube de sa fin de carrière, brillante il va sans dire, reprend un visage humain en revenant notamment sur ses démons passés (consommation et autres) dont les médias se sont amplement abreuvés.

N'a-t-on pas de leçons à apprendre en visionnant les Olympiques? Des réflexions collectives à avoir en fonction des défis mis en exergue par les histoires de ces sportifs et sportives qui nous en font voir de toutes les couleurs? La tenue du plus grand événement sportif de la planète, n'est-ce pas un moment pour cogiter sur ce qu'on fait de notre société?

Enjeux des Jeux

Et quand je dis leçons ou réflexions, je pense à toutes ces histoires humaines qui se trament derrière ce qu'on lit, voit et applaudit. Je réfléchis aussi à ce qui est mis en lumière par les JO: notre soif de victoire, notre quête de perfection, notre appétit de performance à tout prix. Le prix, justement, à payer pour gagner, qu'il soit honnête ou fraudé. Je pense à la notoriété construite et gonflée à bloc par les médias. Je pense à ces efforts déployés pour exister aux yeux des autres, aux deuils implicites à l'exercice sans victoire, à tous ceux et celles qui s'efforcent sans réussir l'exploit exceptionnel, etc.

Je réfléchis à notre quête de dépassement insatiable...

Pas pour critiquer, ni pour dénoncer... mais pour en retirer quelque chose de plus grand que le sacro-saint sport spectacle. Pour se remémorer que, derrière le podium des victoires et de la gloire, en coulisse des exploits sportifs, il y a des sueurs, des peurs, des échecs, des tentatives, parfois des rêves brisés... mais toujours, il faut se relever. Pour souligner ou raconter l'histoire de tous ceux et celles qui restent dans l'ombre. L'histoire qui se passe derrière le rideau de la célébrité, celle que l'on tait puisqu'elle échappe aux feux de la rampe.

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