Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Comment vraiment pardonner

Il n'y a pas de pardon possible tant qu'on se sent offensé.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Un ami m'a dit qu'il aimerait lire un texte sur le pardon. Avec l'approche des fêtes et des multiples réunions de famille, l'idée m'a semblé des plus appropriées.

Quand on a été profondément blessé par les mots, les gestes ou les mensonges de quelqu'un d'important pour nous, qu'on aime et en qui l'on avait confiance, la blessure est pénétrante au point où il nous faut parfois beaucoup de temps (des mois, voir des années) avant de songer à s'y intéresser. Qu'il s'agisse d'une blessure de trahison, d'humiliation, de rejet, d'abandon, de culpabilisation, ou d'un cocktail de celles-ci, le fait d'y repenser réveille en nous le traumatisme. Ceci a pour effet de nous maintenir à distance de notre émotion. La simple évocation de la situation nous fait grimacer, nous comprime l'estomac ou nous enrage. Le fait est que notre blessure reste vive tant et aussi longtemps qu'elle n'a pas été consciemment exprimée, qu'on ne lui a pas autorisé son déploiement complet. On ne se l'autorise pas parce qu'on a peur d'avoir mal et souvent parce qu'on vit de la honte. Alors on se défend de ressentir notre émotion en la rationalisant et en la banalisant : « Bof... Ça fait longtemps. Il faut que j'en revienne ! » Ou encore par la fuite : Si une situation nous touche et ravive la blessure, on s'empresse de s'en distraire de mille et une façon : en s'engourdissant devant la télé ou devant Facebook, en allant magasiner, en prenant un verre, etc. Nous avons tous nos façons favorites de fuir la souffrance.

Pardonner

Il est certain que c'est chic de dire qu'on a pardonné: « C'est bon, ça ne m'affecte plus, je lui ai pardonné ! » D'accord, mais a-t-on vraiment pardonné ou tente-t-on de s'en convaincre soi-même ? Contrairement à ce que croient la plupart des gens, pardonner n'est pas une décision mentale. Quand on s'impose une telle décision, la relation s'en ressent tôt ou tard. On ne peut pas plaquer du pardon sur de la rancune. Ça finit toujours par ressurgir, par sentir le faux.

Le pardon est un geste du cœur, un sentiment. Cette action subtile n'est possible qu'une fois qu'on a liquidé la souffrance de notre blessure; que le fait de se la remémorer ne suscite plus de douleur vive. Ça suppose de l'avoir exprimé en relation. Bien sûr, ce n'est pas toujours une bonne idée de le faire avec la personne qui a déclenché la blessure; mais c'est important de le faire en relation tout de même. Le thérapeute est fréquemment la meilleure personne avec qui le faire. Le fait de se laisser voir et d'être reçu tel que nous sommes avec notre charge affective par un être humain bienveillant à notre égard, a des impacts majeurs sur nous et sur la transformation de nos affects. Il est bon de se rappeler que «nos relations sont la source de nos blessures et que c'est aussi par la relation que celles-ci peuvent se transformer» (Colette Portelance). Une fois délivré de notre charge émotive, on peut naturellement commencer à s'intéresser à l'autre, à ce qu'il ou elle vivait quand l'évènement blessant a eu lieu et à ce qu'il a pu ressentir depuis. L'empathie s'installe alors naturellement. À ce moment-là, notre perception du réel n'est plus embrouillée par nos émotions jusque-là refoulées.

Le pardon suppose un cheminement intime important et courageux. Il faut du cran pour admettre qu'une chose ayant eu lieu il y a des années, a encore autant de pouvoir sur nous. Il nous faut le courage de le voir pour s'approprier notre blessure et ainsi s'extraire de notre position de victime. Ça suppose une grande dose de bonté afin de ne pas se juger ni se condamner d'en être encore au même point. Ce n'est qu'à partir de ce point de départ honnête qu'on peut évoluer vers le véritable pardon.

Il n'y a pas de pardon possible tant qu'on se sent offensé.

Le meilleur baromètre pour savoir si on est prêt à pardonner, c'est de ressentir en nous-mêmes si on est encore offensé ou blessé. Tentons d'être honnêtes même si ce qu'on voit ne nous plaît pas et ne prétendons pas aller plus vite que notre réalité intime en s'auto-imposant une décision rationnelle. Osons juste être d'accord pour reconnaître nos blessures en toute lumière et pour en prendre soin comme s'il s'agissait de choses précieuses.

Un prochain billet portera sur la demande de pardon. L'autre face du sujet abordé aujourd'hui.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Offrir des cadeaux

13 méthodes scientifiquement prouvées pour être heureux

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.