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«Y'en a marre !» : une génération consciente

Quand la jeunesse se mobilise, elle peut faire trembler le pouvoir en place... et même le renverser. À preuve, au Sénégal, en Afrique de l'Ouest, il a suffi d'une coupure d'électricité. Une seule. Au Sénégal, dans l'obscurité s'est levée une jeunesse. Celle-là même qui a pris d'assaut les rues de la capitale. Qui a organisé des réunions et des rassemblements populaires. Dans la foulée des protestations contre le pouvoir en place, elle a appris à s'exprimer. Mais, le plus important : cette jeunesse a fait émerger une génération consciente.
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Maya Lau

Quand la jeunesse se mobilise, elle peut faire trembler le pouvoir en place... et même le renverser. À preuve, au Sénégal, en Afrique de l'Ouest, il a suffi d'une coupure d'électricité. Une seule. Elle est survenue un certain soir de janvier 2011. Un délestage de trop pour les rappeurs Thiat et Kilifeu, du groupe Keur Gui («la maison», en wolof) qui en ont eu marre.

Marre de quoi? De subir la mauvaise gestion des services publics. Marre de se sentir impuissant «en face des perpétuels dysfonctionnements à tous les niveaux de la société. [...] Ils en ont marre de l'immense fossé qui existe entre le train de vie des représentants du pouvoir et celui des autres citoyens», peut-on lire dans la préface du livre Chronique d'une révolte, signé par Koyo Koioh et Camille Ostermann.

Le ras-le-bol était tellement profond que Keur Gui a décidé de se lever.

«L'heure n'est plus aux lamentations de salon et aux complaintes fatalistes face aux coupures d'électricité. [...] L'obscurité est désormais le quotidien de tous les quartiers et l'électricité est devenue un luxe », écrivaient-ils dans un communiqué de presse, lançant ainsi les jalons du mouvement «Y'en a marre!»

«Résister, c'est le début de la victoire»

Les rapeurs ont été attendus. L'élan de protestation s'est transformé rapidement en soulèvement populaire. Des leaders de la communauté hip-hop ont également embarqué dans le mouvement. Créant une vague de contestation.

Au Sénégal, dans l'obscurité s'est levée une jeunesse. Celle-là même qui a pris d'assaut les rues de la capitale. Qui a organisé des réunions et des rassemblements populaires. Dans la foulée des protestations contre le pouvoir en place, elle a appris à s'exprimer. Mais, le plus important : cette jeunesse a fait émerger une génération consciente.

Au cours des mois de protestations et d'engagement citoyen, «Y'en a marre» a gagné en crédibilité. Tellement, qu'il occupe maintenant une place dans la sphère publique.

Y'en a marre, état d'esprit de NTS : nouveau type de citoyen

L'actuel président, Macky Sall, doit sans doute (une partie de) sa victoire aux jeunes de ce mouvement. Aux forces de la rue aussi. Et il le sait ! Son entourage et son arsenal de conseillers le savent aussi.

La lutte qu'a mené «Y'en a marre» n'a pas été facile. Le sang a coulé. Des âmes se sont envolées. Mais, pour certains, c'était le prix à payer pour défendre la démocratie de leur pays. Donner l'exemple. Démontrer que l'alternance politique, en Afrique, n'est pas seulement un rêve.

Et ils ont gagné! L'alternance politique sénégalaise existe. Ils peuvent en être fiers, et ce, même si le travail pour une démocratie participative des forces citoyennes ne fait que commencer.

Le mouvement «Y'en a marre» c'est maintenant une campagne intitulée NTS (Nouveau type de Sénégalais). Les meneurs sont partis à la rencontre de camarades aux quatre coins du monde. Le but : porter un message. Lequel : celui de la mobilisation de la jeunesse et de l'éveil d'une génération maintenant consciente.

Le chemin sera long. Même ardu.

Espérons qu'ils auront à aller au Québec. Et qu'ils puissent échanger avec les jeunes qui en ont marre!

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