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Commissions scolaires: un grand débat public s'impose

Un grand nombre de Québécois souhaitent l'abolition des commissions scolaires, ce qui apparaît impensable pour les gens qui œuvrent dans le milieu. Pourtant, il faut faire le débat pour améliorer la situation. Len'est plus possible.
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Un grand nombre de Québécois souhaitent l'abolition des commissions scolaires, ce qui apparaît impensable pour les gens qui œuvrent dans le milieu. Pourtant, il faut faire le débat pour améliorer la situation. Le statu quo n'est plus possible.

Les commissions scolaires sont en théorie des gouvernements locaux. Elles ont le pouvoir de taxation et elles remplissent des fonctions essentielles notamment sur les plans pédagogiques, administratifs et financiers. Si ces structures étaient abolies, il faudrait confier à d'autres les nombreuses tâches qu'elles remplissent actuellement : embauche et répartition des enseignantes/enseignants et des professionnels de soutien, choix pédagogique, projets particuliers, transport scolaire, entretien du parc immobilier, etc.

Le Nouveau-Brunswick a aboli ses commissions scolaires pour les recréer quelques années plus tard, les directeurs des écoles étant étouffés par les tâches administratives, parfois irréalisables.

Le désir des Québécois de les voir disparaître s'appuie entre autres sur le constat que notre démocratie scolaire est anémique. En moyenne, seulement 7% des électeurs exercent leur droit de vote; 3 % à la Commission scolaire Marie-Victorin (Longueuil, Brossard et Saint-Lambert)

De plus, les Québécois constatent que les commissions scolaires manquent de transparence et gèrent inadéquatement nos taxes scolaires. Les médias rapportent fréquemment qu'elles font des dépenses inappropriées.

Bien sûr, elles subissent des contraintes budgétaires. Toutefois, si on regardait l'évolution de leurs revenus depuis les cinq dernières années, on constaterait une augmentation continue de leur budget. Elles reçoivent davantage de subvention du gouvernement (malgré les coupes) et ont de moins en moins d'élèves (environ 10 % de moins). De plus en plus de commissions scolaires accumulent des déficits, elles alourdissent toujours plus la tâche des enseignantes/enseignants, diminuent le service direct à l'élève et augmentent nos taxes.

Il est inutile d'assombrir plus que nécessaire le tableau. Nous pouvons compter sur des professionnels/professionnelles de grande qualité : des enseignantes, des employés de soutien, des dirigeants d'établissement passionnés qui tiennent à bras le corps notre réseau d'éducation. Il faut les soutenir. Ils sont le cœur de notre système d'éducation.

Comme on le voit, les commissions scolaires ont de nombreuses forces qui ne doivent pas nous faire oublier ses faiblesses : ce n'est pas qu'un enjeu de structures, c'est un enjeu de société au cœur duquel nous retrouvons la réussite de nos élèves et la lutte contre le décrochage.

Le ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Yves Bolduc après avoir affirmé que le prochain scrutin constituera un test de démocratie scolaire, a déjà annoncé qu'une réforme se mijotait : abolir ou fusionner les commissions scolaires, confier les infrastructures et le transport scolaire aux municipalités, etc.

Les résultats du scrutin du 2 novembre seront semblables aux années antérieures. L'on dit que lorsque l'on fait les mêmes choses de la même manière, il faudrait être fou pour s'attendre à un résultat différent. Alors que la raison principale du manque d'intérêt des électeurs, est le manque d'information sur les enjeux, il n'y a eu que des changements structurels aux élections scolaires : moins de commissaires, une présidence élue au suffrage universel, etc. Des changements sans doute nécessaires, mais rien pour inciter les électeurs à aller voter en masse.

Faut-il constater que les élections scolaires au suffrage universel ne sont pas ou ne sont plus la meilleure façon d'envisager notre démocratie scolaire ?

Notre société se base sur le principe qu'il n'y a pas de taxation sans représentation. L'abolition des commissions scolaires poserait donc le problème de la collecte des taxes scolaires. Comment aller chercher auprès des contribuables ce 1,4 milliard $ (en 2013) si on ne peut plus leur offrir le suffrage universel ?

Qui plus est, la constitution canadienne garantit à toutes fins pratiques le droit de la minorité anglophone à contrôler ses commissions scolaires. Un changement constitutionnel avec ça ? Est-ce que ça nous tente vraiment ? Est-ce que c'est possible ? Est-ce incontournable ?

Quand on commence à bouger des pièces du domino, on s'aperçoit rapidement que tout se tient et qu'il n'est pas si facile à modifier; plusieurs obstacles se dressent sérieusement sur le chemin d'une réforme.

Un débat grand public s'impose

Le gouvernement du Québec (et non pas juste le ministère de l'Éducation) doit proposer une démarche publique pour que la population puisse participer au débat et fasse ses suggestions.

Actuellement, une poignée de personnes y participent : le ministre qui veut des changements, la Fédération des commissions scolaires du Québec qui défend le statu quo, la Fédération des établissements privés qui protège ses subventions, les municipalités qui souhaitent le contrôle des infrastructures (sportives, surtout), des chroniqueurs bien intentionnés et des fonctionnaires qui travaillent dans l'ombre.

Pourtant, la réussite d'une réforme est dans le processus. Plus il y a de gens concernés qui sont consultés, plus la population est informée, plus les arguments sont soulevés et solutionnés publiquement, et vers la fin de la démarche, plus il y a de gens qui adhèrent aux solutions, plus la réforme tend à être un succès. Le principe ? Plusieurs vous le diront, la qualité de la démarche en garantit souvent le succès. Et c'est le processus de consultation qui donne souvent la légitimité nécessaire aux solutions à appliquer.

L'état de situation établi dans le rapport Champoux-Lesage est un bon point de départ. Les faits s'y trouvent. Les recommandations sont discutables. Et justement discutons-en. Un livre vert pourrait suivre ainsi qu'une commission parlementaire itinérante qui irait à la rencontre des personnes qui y sont intéressées dans chacune des régions.

Cette commission pourrait être une façon de recueillir l'avis des intervenants que nous sommes tous. Nous sommes tous préoccupés par l'avenir des commissions scolaires : parents, enseignants/enseignantes, professionnels, contribuables (propriétaires, locataires, chefs d'entreprises), employés des commissions scolaires. Les professionnels qui sont au cœur de notre système scolaire doivent partager leurs points de vue, leurs suggestions, leurs commentaires, leurs arguments.

Mon équipe et moi, L'Équipe Lavallée pour le changement avons cette ambition, celle de constater les problèmes avec réalisme et de participer aux mesures qui les corrigeront. Nous sommes prêts à faire ce débat. Nous le souhaitons.

La Commission scolaire Marie-Victorin a des problèmes de fond (et de fonds!) : elle collecte de plus en plus de taxes, le déficit de la Commission scolaire augmente et, ce qui est encore plus grave, la réussite des élèves est largement en dessous de la moyenne nationale.

Si ce débat public nous amenait à abolir la fonction que nous souhaitons occuper, celle de commissaire, nous ne nous y opposerions pas. Nous ne défendrons pas le statu quo.

Faisons le débat grand public. Faisons-le correctement, ouvertement, publiquement. Et revenons rapidement aux priorités de l'École, celles d'instruire, de qualifier et de socialiser.

L'Équipe Lavallée pour le changement porte des engagements dont nous aimerions parler davantage : la réussite scolaire et la valorisation de la profession enseignante. Et nous croyons que celle-ci est garante de celle-là.

Il faut que, nous, Québécois, redevenions fiers de notre système scolaire et fiers d'amener par la main nos enfants et nos petits-enfants aux portes de l'école publique de leur quartier.

P.S. : Encore une fois, l'opinion que je viens de rédiger et que vous venez de lire concerne des structures au lieu de tendre à solutionner des vrais enjeux comme la lutte contre le décrochage, surtout des garçons. Faisons cette réforme et mettons-nous ensuite au travail là où ça compte quand on parle d'éducation : la formation des hommes et des femmes de demain.

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Avril 2018

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