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Quel sort pour les chrétiens en Irak?

Les chrétiens seraient les grands perdants si une nouvelle guerre civile venait à éclater.
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La perte des chrétiens en Irak représente aussi une énorme perte de main-d’œuvre qualifiée et de cerveaux.
Thaier Al-Sudani / Reuters
La perte des chrétiens en Irak représente aussi une énorme perte de main-d’œuvre qualifiée et de cerveaux.

C'est la fin du groupe État islamique en Irak et il perd du terrain en Syrie. Les Iraquiens, appuyés par la coalition internationale, ont enfin réussi à former un regroupement solide contre l'ennemi commun qui a tant fait souffrir les populations, notamment les minorités chrétiennes et yazidies de l'Irak.

Qu'en est-il de l'Irak après le groupe État islamique? Craignant le gouvernement mené par la majorité chiite, les sunnites du président déchu Saddam Hussein n'entrevoient aucun plan de réconciliation avec Bagdad. Plus au nord, les Kurdes du Kurdistan iraquien ont exprimé leur intention de s'affranchir davantage de Bagdad, menaçant même de s'en séparer s'ils n'arrivaient pas à un compromis. Le gouvernement central iraquien a déjà fait savoir son opposition et menacé de recourir à la force pour réprimer un tel mouvement.

Alors qu'ils étaient quelque 1,5 million en 2003, ils sont à peine 250 000 aujourd'hui, dont la moitié a été déplacée de force par le groupe État islamique en 2014.

Les chrétiens seraient les grands perdants si une nouvelle guerre civile venait à éclater. En effet, les chrétiens, se retrouvant sans protection et terriblement maltraités (menaces, enlèvements, tortures, assassinats) au cours des 14 dernières années en Irak. Alors qu'ils étaient quelque 1,5 million en 2003, ils sont à peine 250 000 aujourd'hui, dont la moitié a été déplacée de force par le groupe État islamique en 2014. La grande majorité est toujours réfugiée au « Kurdistan iraquien ». En trois ans, 40 000 d'entre eux ont quitté l'Irak pour la Jordanie et le Liban, ces destinations reflétant la promesse d'un laissez-passer vers l'Australie, l'Europe ou le Canada. Une majorité de chrétiens n'envisage guère un retour à Mossoul où dans la plaine de Ninive comme une solution à cause de l'instabilité politique et économique actuelle.

Le rôle des chrétiens

Pourtant les chrétiens de l'Irak étaient jadis reconnus pour entretenir de très bonnes relations avec les autres groupes ethniques et religieux du pays. La perte des chrétiens en Irak représente aussi une énorme perte de main-d'œuvre qualifiée et de cerveaux. C'étaient de vrais entrepreneurs qui, au cours de l'histoire, ont grandement contribué à la vie socio-économique du pays en créant des emplois et aussi en instaurant des services sociaux et de soins de santé efficaces qui viennent en aide aux plus démunis, sans égard à leur religion.

Si les membres de la coalition internationale y investissaient les mêmes énergies et ressources pour éliminer le groupe État islamique, le pays pourrait enfin retrouver la paix et la stabilité.

Advenant qu'un autre conflit armé éclate, la présence chrétienne pourrait subir un coup fatal. La paix représente la seule option de sauver ce qui reste de cette ancienne communauté. Si les membres de la coalition internationale y investissaient les mêmes énergies et ressources pour éliminer le groupe État islamique, le pays pourrait enfin retrouver la paix et la stabilité.

La situation parallèle en Syrie

Mais des questions demeurent : est-il possible de faire la paix en Irak malgré la guerre qui sévit toujours chez son voisin syrien? Les mêmes enjeux de fond qui divisent l'Irak ne sont-ils pas aussi présents en Syrie? Le pays est aux prises avec de graves problèmes internes, mais également des difficultés provenant de forces extérieures, en particulier le bras de fer entre l'Iran et l'Arabie saoudite, sans compter le manque de cohésion dans l'approche de la Russie, des États-Unis et de L'Europe. Une chose est sûre, le chaos qui règne en Syrie affecte également sa population chrétienne qui, depuis 2011, a vu son ratio diminuer de 50 %, soit 1,2 million de personnes.

Pour l'Association catholique d'aide à l'Orient (CNEWA), une agence du Vatican qui a travaillé inlassablement dans cette région depuis 1926, ces tragédies laisseront des plaies profondes pour les années à venir. Nous poursuivrons notre démarche pour soutenir ces communautés chrétiennes fragilisées ainsi que leurs Églises locales qui offrent une panoplie de services aux jeunes, aux personnes âgées, aux victimes de violence.

Les chrétiens nous démontrent que, malgré l'adversité, il est possible de se donner corps et âme pour son prochain, quelle que soit son ethnie ou sa religion. Une approche basée sur le respect de la différence et la compassion, essentiels pour bâtir une paix tant désirée.

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