Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Censure sur Twitter: des explications

Le service Twitter demeure en soit le service d'une entreprise. Une entreprise privée américaine qui doit grandir et s'étendre à la grandeur de la planète pour assurer sa rentabilité financière.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
AFP

Récemment, Twitter annonçait qu'il instaurait la censure en ses murs. Une censure rapidement décriée par les utilisateurs et les militants d'un Internet libre et démocratique. Pourtant, Twitter ne fait que répéter au grand jour ce que d'autres joueurs de l'Internet ont fait bien avant lui, derrière le rideau.

Tous les grands joueurs de la recherche sur Internet qui désiraient franchir la grande muraille de Chine ont dû se plier aux demandes de Beijing. Même chose dans le domaine de la téléphonie cellulaire alors que Research in Motion a plié devant certains pays en leur donnant accès à des portes arrière pour accéder aux données qui transigent sur leur territoire.

Par ce geste, les dirigeants de Twitter donnent l'impression de détourner la raison d'être de ce réseau social qui est devenu incontournable dans les dernières années. Incontournable, à un point tel qu'en juin 2009, le président des États-Unis avait même demandé à la direction de Twitter de remettre à plus tard l'entretien du réseau pour assurer que Twitter restait fonctionnel et disponible pour faire écho à de graves événements en Iran.

Mais cette mission, cette vision que nous semblons avoir de Twitter est loin de la réalité. Oui, Twitter a servi pendant le Printemps arabe et pendant le séisme japonais, mais Twitter n'est pas la Croix-Rouge. Oui, Twitter demeure fort utile aujourd'hui pour communiquer, pour propager des idées à travers la planète, mais le service Twitter demeure en soit le service d'une entreprise. Une entreprise privée américaine qui doit grandir, s'étendre à la grandeur de la planète pour assurer sa rentabilité financière.

Parce que bien que des millions de gens l'utilisent chaque jour à travers la planète, que toutes les grandes marques y soient présentes et que tous les grands leaders mondiaux aiment s'y faire voir, Twitter demeure un service gratuit. Un service disponible sur une multitude de plateformes, 24 heures durant, sept jours semaine.

Alors peut-on en vouloir aux dirigeants de Twitter de veiller à sécuriser l'avenir de la plateforme en assurant que l'outil de communication est «légal» dans un maximum de pays. Une légalité qui en assurera une plus grande pénétration et un plus large accès. Une présence internationale qui ensuite pourra être monnayée et assurera des revenus à ses propriétaires. Car en ce bas monde, rien n'est malheureusement gratuit.

Reste maintenant à évaluer les conséquences de cette décision qui vient ternir le blason de cet outil devenu mass-média. Officiellement, Twitter semble uniquement vouloir assurer la légalité du service dans le monde. Par exemple, s'assurer que des tweets qui font la promotion du nazisme ne se retrouvent pas en France ou en Allemagne, où un tel discours est illégal.

Mais où arrêtera la censure? Et surtout, qui aura le doigt sur le bouton, sûrement pas Manon. Qui décidera que tel ou tel propos n'est pas convenable dans tel ou tel pays? Qui décidera qu'un tweet va trop loin? Quelqu'un chez Twitter ou un fonctionnaire dans une officine d'un quelconque état peu astreint à la liberté d'expression et à la pratique de la démocratie?

À quoi ressemblera la censure sur Twitter au quotidien, personne ne le sait aujourd'hui. Mais ce qui est certain cependant, c'est que d'ici là, d'ici à la prochaine crise où un peuple en mouvement voudra faire entendre sa voix, quelqu'un trouvera un moyen de contourner cette censure. Anonymous ou un autre groupe proposera sûrement une rustine ou une application qui permettra de lire ce qui ne devrait pas être lu, selon certains gouvernements bien pensants.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.