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«T'as pas d'enfant, tu m'en dois une!»

En tant que mère et contribuable, je considère donc que j'ai droit d'être reconnue comme une contribuable supérieure, comme tous les parents. Oui mesdames et messieurs, l'élite, ce sont les parents.
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Notre blogueuse Bianca Longpré répond aux nombreux commentaires qu'elle a reçus: Mérite-t-on de crever pour une opinion?

«Lui, y'é pas fait pour avoir des enfants.»

Mais qui est fait pour donner des biberons à 4h du matin? Qui est fait pour se casser la gueule en glissant sur une hot wheels dans les marches? Qui est fait pour faire du lavage en quantité industrielle? Qui a le goût de changer des couches 5 fois par jour pendant 2 ans? Qui a le goût de passer ses vacances dans un camping pour les dix prochaines années, QUI?

C'est ce que je me disais, personne.

On ne se le cachera pas, avoir des kids c'pas de la tarte.

Pourtant, avoir des enfants c'est pour moi une chose normale de la vie.

C'est drôle, parce que depuis qu'il y en a un quatrième dans la maison, je me demande plus que jamais pourquoi j'en ai autant. Pas que je le regrette non, non. Juste pourquoi moi j'ai une aussi grosse famille. Pourquoi, un couple décide d'en avoir plusieurs tandis que d'autres n'en ont pas.

J'ai eu une discussion avec mon chum et mes amis à ce sujet.

Finalement, je suis arrivée à la conclusion que j'ai des enfants surtout pour donner et partager. Niaiseux? Je ne sais pas. Chacun ses raisons.

Depuis que je suis née, je ne cesse de recevoir.

J'ai reçu de l'amour, de la tendresse, des câlins, du temps, des douceurs, des «non», des punitions, une belle éducation, parfois même une tite-claque, encore de l'amour, j'ai reçu les plus belles valeurs, de l'aide, encore du temps, on m'a encadrée, laissée voler, j'ai reçu du soutien et du réconfort.

Devenue adulte, ma mère me donne encore beaucoup. La vie m'a donné aussi énormément de chance. La santé, de l'éducation, des amis, un belle job. Puis j'ai rencontré mon chum. La vie m'a donné mon chum. Ensemble on a encore plus de belles valeurs, encore plus de temps et encore plus de chance à partager.

Allions-nous garder cela pour nous? Non. On a décidé de le partager. On aurait pu avoir juste un enfant, mais pour nous c'était clair que nous avions tellement reçu de la vie, de nos parents, que de le partager avec plusieurs enfants allait de soi.

Pourquoi des gens décident de tout garder pour eux? De ne pas partager et redonner à la prochaine génération? On ne parle pas d'aller au cinéma avec un neveu là. On parle d'avoir des enfants. De redonner pour vrai.

Le célibat n'est pas une contrainte, la carrière non plus. Je crois que l'égoïsme est ce qui se cache derrière les gens sans enfant. L'égoïsme et la peur des responsabilités. Parce qu'avoir des enfants c'est la seule façon de vraiment redonner au suivant, ou devenir travailleur humanitaire à plein temps, c'est la seule façon de partager ce qu'on a reçu de nos parents et de la société.

Comme ça, ça a l'air facile. Ça a l'air beau et gratifiant d'être parent. Ce ne l'est pas tant. Je travaille. Je suis fatiguée. En tant que parent on a l'impression d'être l'esclave de notre famille. On passe une heure et demie par jour dans la cuisine. Mon chum fait 11 brassées par semaine.

Au bout de 10 ans je vais avoir fait 14 600 heures d'aide au devoir et mon chum va avoir fait 5 720 brassées de lavage et nous allons avoir passé plus de 5 500 heures à préparer des repas.

Mais on redonne ce que nos parents nous ont donné. On fait pour nos enfants ce que nos parents ont fait pour nous. En le faisant, on redonne à la société. En éduquant et en élevant 4 enfants nous offrons à la société ce qu'il y a de plus important, la base de toute société: une relève.

On le fait par amour. Mes enfants sont ce qu'il y a de plus important pour moi. Mais même si je le fais par amour, j'offre énormément à ceux qui n'ont pas d'enfant... Je travaille pour eux. Je contribue au futur de la société.

Faque là, après une semaine à mal dormir, à m'occuper d'un petit malade et à devoir quand même travailler je me suis posé une question: «Est-ce que ceux qui n'ont pas d'enfant m'en doivent une?»

Je travaille, je paie des impôts et en plus j'élève des enfants. Sans enfant, sans relève, la société ne fonctionne plus. Ça prend des kids. Ça prend des gens qui décident d'avoir des kids. Pourtant, je ne retire aucun bénéfice de la part de l'État pour mon travail de parent. Comme je gagne bien ma vie, financièrement l'État ne me donne rien. Sans compter que la société ne valorise pas vraiment le statut de mère et de père.

Et plus tard, dans 30 ans, qui fera tourner l'économie? Qui seront les prochains médecins, infirmières, ingénieurs, qui seront les prochains travailleurs: le fruit de nos sacrifices, nos enfants. Ils feront rouler l'économie, les caisses de retraite et seront la main d'œuvre pour nous, les vieux, et même pour les vieux qui ont décidé de ne pas avoir d'enfant.

Dans 30 ans, ceux qui ont décidé de ne pas avoir d'enfant vont quand même toucher leur retraite, vont profiter des services sociaux, des services publics, etc... Les gens qui «n'étaient pas faits pour avoir des enfants» vont profiter des mêmes avantages que ceux qui ont dû faire plusieurs sacrifices en ayant des enfants.

Est-ce juste?

Est-ce juste que les gens qui décident de ne pas avoir d'enfants profitent des mêmes avantages que ceux qui ont décidé de s'investir, par choix oui, en devenant parent? Est-ce que les parents ne devraient pas profiter d'avantages? Je crois que oui.

En tant que mère et contribuable, je considère donc que j'ai droit d'être reconnue comme une contribuable supérieure, comme tous les parents. Oui mesdames et messieurs, l'élite, ce sont les parents.

Pendant une vingtaine d'années, les hommes et les femmes qui ont décidé d'avoir des enfants font des sacrifices qui leur apportent fierté et amour, mais ils fournissent aussi à la société ce qu'il y a de plus précieux: les kids.

Donc ceux qui choisissent de pouvoir dormir le matin et de ne pas redonner tout ce qu'ils ont reçu nous en doivent une. En gardant pour eux tout leur temps, tout leur argent, toutes leurs valeurs, tout leur sommeil, les «sans enfant» devraient cotiser davantage que ceux «avec enfant».

Dans 30 ans, les «sans enfant» vont profiter des années de sacrifice de millions de parents. Cernée à cause des biberons, je trouve ça injuste.

Si je ne peux pas cotiser à mes REER parce que nous avons 4 enfants, parce que oui, des enfants ça demande des sacrifices financiers, je crois que j'ai droit à une reconnaissance supplémentaire de l'État. Oui oui. Puisque je fournis le futur de la société, comme tous les autres parents, je demande la reconnaissance. Parce que plus tard, les «sans kid» vont être bien heureux que des humains aient fait des sacrifices qu'ils ne voulaient pas faire.

Gens sans enfant, vous nous en devez une!

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