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Grandir, vivre et mourir indignement

Je veux que les enfants victimes d'abus reçoivent rapidement des services ; que les gens atteints de maladie mentale soient encadrés ; que les enfants vivant avec un handicap soient pris en charge ; que les vieux vivent dignement jusqu'à leur dernier souffle.
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22 juillet. Un proche de plus de 60 ans passe un scan à l'hôpital de Lachute, prescrit par un spécialiste de Saint-Jérôme. 25 octobre. On lui dit que son dossier est dans la pile pour être lu.

C'est-tu moi ou trois mois, c'est déjà un délai non raisonnable pour un résultat ? Je me demande si Gaétan Barrette attend quatre ou cinq mois après un examen pour avoir les résultats.

Crisse.

C'est ça qui me fâche. On paie des impôts, on paie des taxes, on paie des cotisations toute notre vie et quand on vieillit et qu'on a besoin de soins, on attend. Attendre aussi longtemps pour un résultat de scan, qui a été prescrit pour un risque élevé de cancer, vous pensez que c'est normal ?

Moi, ça me dépasse. La façon dont on accepte de se faire traiter à l'hôpital, à l'école, dans les services sociaux, ça me met en furie.

Un enfant autiste qui n'a pas de service pour pouvoir avoir une vie décente ; une personne de 65 ans qui attend des mois pour savoir si elle est atteinte d'un cancer ; des vieux qui passent leur journée la couche pleine ; des enfants avec des troubles d'attention qui n'ont pas de services ; des enfants qui vivent en centre avec des services déficients ; des coupes dans les services auprès des enfants de la DPJ ; des vieux qui sont gavés en 10 minutes ; c'est ça que vous voulez collectivement ?

Ben il semble que oui.

Parce que ça ne fait juste qu'empirer. Tous les services sont de plus en plus misérables. Je n'en vois pas un seul qui s'améliore.

C'est ça que vous acceptez, que nous acceptons. Les prochains qui auront la couche pleine et qui seront gavés comme des oies, c'est nous. Mais on a l'impression que c'est loin, que ça ne nous concerne pas ou que ce n'est pas « si pire ».

Le gouvernement et nos dirigeants ne vivent pas notre réalité. Notre premier ministre, nos ministres n'auront pas la couche pleine à la retraite : nous leur assurons, collectivement, une vieillesse avec des couches toujours propres et de la bouffe bien meilleure que ce que vous mangez présentement.

On s'entend que les gens qui profitent des paradis fiscaux, dans lesquels on perd collectivement, n'auront pas à pourrir dans un CHSLD une fois devenus vieux.

La solution ? Je ne la connais pas. Mais je sais que c'est inacceptable.

On s'entend que vouloir abréger nos souffrances, c'est bien beau, mais ce que j'espère moi, c'est de ne pas avoir à mourir parce que je vis dans des conditions dégueulasses.

On a eu un beau projet de société dernièrement, celui de mourir dans la dignité. Vous vous en souvenez. Plein d'intervenants, les partis politiques regroupés, travaillant ensemble afin qu'on ait le droit de mourir dignement. OK, c'était une belle initiative.

Maintenant, est-ce possible que les différents partis politiques fassent le même travail pour un projet que j'intitulerais « Grandir, vivre et vieillir dignement ».

Parce qu'on s'entend que vouloir abréger nos souffrances, c'est bien beau, mais ce que j'espère moi, c'est de ne pas avoir à mourir parce que je vis dans des conditions dégueulasses : je veux pouvoir vivre dignement le plus longtemps possible.

Je veux que les enfants victimes d'abus reçoivent rapidement des services ; que les gens atteints de maladie mentale soient encadrés ; que les enfants vivant avec un handicap soient pris en charge ; que les vieux vivent dignement jusqu'à leur dernier souffle.

En tant que « plus riche » que la moyenne, mais pas assez riche pour me payer tout au privé, je ne veux pas qu'on baisse mes impôts. Je veux qu'on les utilise bien et judicieusement.

Contrairement à ce que certains croient, quand tu fais, 100, 200, 300 ou 700 000 par année, tu ne veux pas te sauver de tes obligations de citoyen. Tu veux que ton gouvernement agisse de façon éthique et utilise son jugement pour récupérer le gaspillage dans les paradis fiscaux et qu'il ne soit pas aveugle face à la réalité du vrai monde qui subit les coupes et l'ingérence.

Voilà, c'était ma montée de lait du jour.

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