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La F1, c'est le fun, mais juste quand tu es du bon côté de la clôture

En fait, il y a deux F1. Comme Ville-Mont-Royal et Côte-des-Neiges. Quand tu es du côté de Ville-Mont-Royal, tu te dis que ce coin de Montréal est magnifique. Ça, c'est la F1 dans les paddocks et dans les loges. Ensuite, tu traverses du côté plus pauvre. Ça pue, tout le monde est entassé, il fait chaud, juste de la malbouffe, aucun service, de la fumée puis ça, ça te montre la façon de vivre la F1 pour 95% des gens.
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J'ai donné la chance au coureur. En mars, j'ai accepté de travailler sur un projet de capsules vidéos pour la F1. Je ne connaissais rien de la F1, si ce n'est les quelques partys que je fréquente une fois par an. Je n'étais jamais allé au Grand Prix. Jamais été sur le site.

Plusieurs de mes amis sont contre la F1. Contre l'exploitation qu'on y fait de la femme, l'exposition de la richesse, contre ce genre d'événement réservé aux riches. Comme je n'y étais jamais allée, j'ai laissé la chance à cet événement de me montrer, comme il le publicisait si bien « son coté famille » et « abordable ». Vendredi et samedi, j'étais occupée à tourner et monter des capsules avec les pilotes. Je n'ai donc rien vu de la « vraie » F1. J'étais dans les paddocks et dans les bureaux, je n'ai pas mis vraiment le pied sur le « vrai » terrain.

J'ai vu la beauté des paddocks et ses aires de repos magnifiques, l'élégance des loges et du club paddock. Tout était superbe. Pas de filles en minijupes, pas d'exploitation de la femme (à première vue) rien de tout ce qu'on m'avait dit.

Arrive dimanche.

J'amène mes enfants « vivre » le Grand Prix. En arrivant, nous croisons la parade des Grid Girls. Quessé ça!? Je suis avec ma fille de 5 ans et nous voyons une vingtaine de filles maquillées sans bon sens, en minirobes et talons hauts. « Maman, qu'est ce qu'elles font ces filles-là? »

Premier malaise. Comment expliquer à ma fille que des filles habillées en tenues de soirée doivent parader avec des drapeaux...

Puis nous visitons, pendant une trentaine de minutes le paddock des courses de soutien. Intéressant, mais sans plus. Rien n'est fait pour que les enfants puissent profiter des voitures.

Je décide donc de visiter la « zone famille » dont on a tant parlé. Je pars, à pied, vers cette fameuse zone avec ma mère et les enfants. Erreur monumentale!

Des files de gens entassés qui tentent eux aussi de rejoindre ce bout de l'ile. Odeurs de pot, de hotdog et de robine nous accompagneront jusqu'à la zone famille. Impossible pour les enfants de marcher à travers cette foule. Ils se font pousser, cogner et évitent de justesse les cigarettes. La poussette ne passe pas dans la file. Il faut gueuler pour que les gens se tassent.

Je vous laisse imaginer mon regret de ne pas avoir choisi la piscine comme activité du dimanche.

Partout s'entassent des kiosques avec des filles en chandail bedaine et habillées avec des mini morceaux de tissus. La joie quand ta fille voit ça. Une vraie activité familiale de bon goût.

Après 45 minutes de marche, un employé nous dit qu'il nous faut monter des dizaines de marches pour traverser un pont. Personne pour nous aider avec la poussette. Des parents exténués et en colère avec leur poussette sont dans la même situation que nous. À la grosse chaleur, j'arrive à escalader les escaliers. Je suis déjà bien écœurée.

Après 65 minutes de marche nous voilà enfin arrivés à la zone famille.

Surprises

La zone famille est en fait un mini terrain ou les kids peuvent jouer au soccer (impossible pour les miens, car ce n'était que des grands qui jouaient) avec deux jeux gonflables dans la boue. Les enfants et les jeux sont boueux. Youppi, qui devait être là, n'y est pas. Mais comme je viens de marcher plus d'une heure au soleil, dans l'environnement hostile, je me fous de la boue. Allez les enfants, roulez vous dedans. Mes kids se font bousculer par des grands. Aucune surveillance. Vive la F1.

Maman est à bout et il n'est même pas 14h.

Les petits ont faim. Nouvelle surprise!!! Des hot-dog à 5 $ avec une bouteille d'eau à 4,25 $ et de la barbapapa. Ça va de mieux en mieux.

Boueux, rempli de cochonneries, après une autre longue marche désagréable, on arrive à notre estrade.

- « Désolé Madame, il n'y a pas de place pour les poussettes. »

Are you kidding me?

Je fais quoi avec la poussette? En fait, j'étais à deux doigts de l'assommer avec. Je me suis retenue.

J'ai finalement réussi à la glisser, évidemment de la part du staff, sous les estrades. Les enfants étaient tannés après 20 minutes de course. J'ai dû forcer comme une déchaînée pour sortir à nouveau la maudite poussette.

Nous sommes repartis déçus. J'irais même jusqu'à dire que j'étais en crisse. Je suis repartie honteuse. Honteuse d'avoir dit à mes amis que la F1 était maintenant un événement familial, cool, à jour, sans exploitation de la femme.

En fait, il y a deux F1. Comme Ville-Mont-Royal et Côte-des-Neiges. Quand tu es du côté de Ville-Mont-Royal, tu te dis que ce coin de Montréal est magnifique. Ça, c'est la F1 dans les paddocks et dans les loges. Les bulles, la bonne bouffe, l'air du bord de l'eau du bassin olympique, les navettes en bateau et en hélice et les beaux décors te font croire que la F1, c'est super. Ensuite, tu traverses du côté plus pauvre. Ça pue, tout le monde est entassé, il fait chaud, juste de la malbouffe, aucun service, de la fumée puis ça, ça te montre la façon de vivre la F1 pour 95% des gens.

Je me demande si le maire de Montréal et Bernie ont quitté les loges pour aller se promener dans ces allées-là dimanche, à midi? Le maire accepterait-il que sa fille fasse la grid girl? Marcherait-il plus de deux heures pour glisser dans la boue? A-t-il mangé un hot dog dégoutant à 5$?

Sûrement pas.

Je fais mon mea culpa. La F1, c'est le fun, mais juste quand tu es du bon côté de la clôture. Malheureusement, la majorité du monde est du mauvais côté. Puis la clôture, ben c'est Bernie qui la place.

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