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Le féminisme, c'est pas pour toi

Le féminisme n'appartient à personne. Sa définition sera la tienne. Tu es une femme et ce mot t'appartient aussi. Ne laisse ni les hommes ni les femmes te dicter leur définition du féminisme.
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Comme moi, ma fille, tu vas te dire que le féminisme, c'est pas pour toi.

Parce des femmes qui ne te ressemblent pas le médiatise et en sont porte-parole. Parce que certaines femmes féministes sont aussi extrémistes. Parce qu'elles croient que l'homme est la source de tous les maux, tu vas te dire que le féminisme, c'est une vieille affaire dépassée, qu'il ne te ressemble pas.

Le féminisme accusateur et enragé, je sais que tu ne voudras pas y adhérer.

Mais ma belle Mimi, le féminisme, c'est aussi ce que tu décides d'en faire. Le féminisme n'appartient à personne. Sa définition sera la tienne. Tu es une femme et ce mot t'appartient aussi. Ne laisse ni les hommes ni les femmes te dicter leur définition du féminisme.

Le féminisme a besoin de toi. Il a besoin de jeunes femmes comme toi. Avec ta force, avec ta peau brune, avec ta détermination, avec ta résilience, avec ta force rassembleuse et ta différence, tu peux changer les choses.

Tu n'auras pas besoin d'accuser les hommes, de te laisser pousser le poil des jambes ou de brûler ta brassière pour te dire féministe. Le féminisme, ce sera toi. Toi, avec tes robes brillantes, avec tes talons hauts et ton rouge à lèvres. Amoureuse de ton chum, féminine, chantant du Katy Perry et dansant du hip-hop: tu seras féministe.

Au début, tu croiras que le féminisme n'est plus nécessaire.

Ne laisse pas les féministes extrémistes te dire que tu ne l'es pas. Que tu dois changer.

Au début, tu croiras que le féminisme n'est plus nécessaire. Parce que tu vis au Québec, parce que tu as été protégée, parce que tu n'as pas été violée, parce que tu n'as pas été excisée, parce que ton père n'est pas violent, tu vas croire que toutes les femmes ont cette chance.

En vieillissant, tu vas élargir ton cercle social. Puis, tu vas rencontrer des femmes qui ont enduré la violence conjugale, qui ont été abusées ou humiliées, et tu vas comprendre que nous ne sommes pas tous égales face à la violence. Qu'au Québec de nombreuses femmes sont inégales face à la violence. Que TA réalité n'est pas celle de toutes les femmes.

Un jour, tu auras peut-être peur de te promener seule la nuit quand un homme te sifflera ou te suivra. Peut-être qu'un ami du CÉGEP ou un collègue va profiter de ton ivresse pour te tripoter. À y penser, jai les frissons. Mais dis-toi que c'est la réalité, qu'en tant que femmes, nous sommes inégales face aux violences sexuelles. Pour cette raison, le féminisme doit exister. Pour ces raisons, il n'est pas dépassé.

Tu vas aussi te rendre compte que la pauvreté touche plus les femmes que les hommes. Même ici, chez nous, c'est comme ça.

Alors si tu penses que le féminisme, c'est pour les granos, regarde les statistiques. Les femmes sont plus touchées par la pauvreté. Parce que tu es une femme, ça se peut fort bien que tu sois moins bien payé, que ton emploi ne soit pas rémunéré au même salaire qu'un homme. Même si ce n'est pas ton cas, utilise ta force pour que tous soient égaux. Le féminisme c'est aussi la solidarité.

Quand tu vas te dire que les hommes aussi sont touchés par la pauvreté et que le suicide les touche plus que les femmes, tu as raison. Quand tu seras solidaire avec les hommes, tu seras humaniste. En aucun cas, ton féminisme n'est une raison pour ne pas appuyer les hommes. Ne laisse pas les autres te faire croire le contraire. Tu peux faire preuve d'humanisme et de féminisme. J'ai, moi aussi, cru que l'un empêchait l'autre. Mais non. Tu peux appuyer les femmes et les hommes. Nous avons tous besoin les uns des autres. Ne laisse aucune femme te faire croire le contraire. Sers-toi de ta force pour ceux qui en ont besoin, peu importe leur sexe, leur orientation sexuelle ou leur religion.

Je sais aussi que tu vas voyager. Quand j'écris ces mots ma Mimi, tu n'as que 7 ans et tu as déjà visité plusieurs pays. Chaque année, je m'efforce pour que tu deviennes une citoyenne du monde. Tu comprendras, en lisant ce texte, dans une décennie, que nous avons de la chance au Canada. Dans plusieurs pays, les femmes ne peuvent pas conduire, aller à l'école ou choisir ce qu'elles feront plus tard. Le féminisme, ma fille, c'est aussi d'avoir la chance d'égalité que nous avons ici pour appuyer les femmes d'ailleurs. La solidarité n'a pas de frontières.

Devenue une femme, tu pourras choisir de rester à la maison, de devenir professeure, garagiste ou policière. Tu pourras choisir ce que tu veux faire dans la vie, tu en as le droit. Si un jour tu décides de rester à la maison pour élever tes enfants, ne laisse personne te dire que tu as tort. Le féminisme, c'est d'être libre de choisir. Chaque fois que tu feras des choix, que tu choisiras de faire ce que tu veux parce que tu le décides et NON parce que quelqu'un te dicte la voie, tu seras féministe.

Quand tu refuseras qu'un homme pose les mains sur toi sans ton consentement, tu seras féministe. Quand tu défendras une amie qui en a besoin, tu seras féministe. Quand tu défendras le choix des femmes face à l'avortement, tu seras féministe. Quand tu refuseras qu'on te dicte tes choix, tu seras féministe.

Quand tu défendras un homme, tu seras féministe. Quand tu épauleras un frère, tu seras féministe. Quand tu défendras le droit d'un frère d'être homosexuel, tu seras féministe. Quand tu élèveras ton fils en lui apprenant à respecter les femmes, tu seras féministe.

Mais si un jour tu accuses les hommes de tous les maux, que tu tentes d'exclure des femmes parce qu'elles ne pensent pas comme toi, que tu as un discours féministe-extrémiste, tu ne seras pas féministe.

Ta génération a besoin d'un féminisme inclusif. Parce que le féminisme a besoin de toutes les femmes.

Tu as le privilège de choisir Mimi, mais tu comprendras vite que des millions de femmes ne l'ont pas. Pour cette raison, le féminisme, ce n'est pas dépassé.

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