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Mérite-t-on de crever pour une opinion?

En 2 heures, j'ai reçu plus de 100 messages privés d'insultes, des tweets dans lesquels on souhaitait que je crève, un courriel où l'on me menace, un appel d'un fou et j'en passe.
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Ce texte est une réplique aux nombreux commentaires que l'auteure, Bianca Longpré, a reçus à la suite de la publication du billet «T'as pas d'enfant, tu m'en dois une!»

J'ai écrit un texte sur les «sans enfant» qui a provoqué un raz-de-marée de réactions. Toutes sortes de réactions.

Toutes sortes de réactions, d'insultes et de menaces.

J'ai écrit ce texte pour une collaboration radio que je fais le mercredi. Le but était un débat avec l'animateur qui n'a pas d'enfant. Je ne l'ai pas écrit dans mon texte, je n'en voyais pas la nécessité.

Je ne veux pas me justifier sur ce texte. J'accepte avec plaisir les commentaires et le feedback que les lecteurs me font. Je suis ouverte aux opinions différentes et il me fait plaisir d'échanger sur le sujet, comme je l'ai fait à la radio.

J'ai relu mon texte. Je ne vois pas d'insultes ni de menaces envers qui que ce soit. Je donne le qualificatif «d'égoïste» aux gens sans enfant. Oui. Ça fâche beaucoup de gens et je l'accepte. J'ai discuté de la divergence d'opinions à la radio. J'ai donné raison lors de l'échange à plusieurs arguments apportés par une auditrice. Je respecte les avis, je suis ouverte aux échanges et à la discussion.

Mais voilà, suite à ce texte j'ai reçu des insultes. J'ai reçu des menaces de mort. J'ai reçu des menaces d'agression. J'ai eu des commentaires tel que «t'es juste une câlisse de folle», «tu ne devrais jamais avoir d'enfants tu dois être une nazie», «tu es contre l'avortement tu mérites la mort», «je vais t'amener dans une carrière parce que t'aimes ça les roches», «je souhaite juste que tu crèves».

J'ai vexé des gens en étant réductrice et simpliste avec mon texte. OK. Je prends les critiques. Avec plaisir j'ai admis que j'aurais dû moins généraliser. Est-ce une raison pour m'insulter et me menacer?

Se cacher derrière un ordinateur pour menacer et insulter une personne alors qu'elle n'a pas la même opinion que nous, c'est être malade et dangereux.

Qui sont ces gens qui au lieu de donner leur avis envoient des insultes et des menaces? Comment vivent-ils en société? Sortent-ils les poings comme des enfants de 3 ans à chaque fois qu'ils sont en désaccord? Sont-ils tous des gens sans vocabulaire incapables de discuter et de faire valoir leur point de vue? Qui sont-ils?

Avoir une opinion différente au Québec vaut des insultes et des menaces. Je ne pensais pas qu'on pouvait en recevoir autant. En 2 heures, j'ai reçu plus de 100 messages privés d'insultes, des tweets dans lesquels on souhaitait que je crève, un courriel où l'on me menace, un appel d'un fou et j'en passe. On a traité mes enfants de nègre. On m'a traitée de tous les noms.

Et ça, ça me porte à réfléchir...

Ça me fait aussi peur. J'ai peur de la société dans laquelle je vis. Si j'écris un texte d'opinion, en tant que blogueuse, je peux recevoir ce genre de traitement et devoir contacter la police parce qu'on me menace. Normal?

Trouvez-vous cela normal?

Pas moi. Je n'ai jamais cru que c'était possible. Si j'avais écrit un texte haineux où je poussais les gens à en massacrer d'autres ok, mais là?

J'ai peur. Je n'ai pas peur pour moi. Je suis forte. Je vais continuer d'écrire ce je pense. Oui je vais être plus sensible avant de publier, non pas à cause des menaces ni des insultes, mais à cause des gens que j'ai pu blesser involontairement.

J'ai peur qu'on ne puisse plus débattre dans le respect.

J'ai peur de ceux qui se cachent derrière leur ordinateur pour souhaiter la mort de quelqu'un.

J'ai peur pour la liberté d'expression. J'ai peur pour le futur. Comme si une seule pensée était la bonne. J'ai peur que certaines personnes ne s'expriment plus. J'ai peur qu'on ne puisse plus dire ce qu'on pense par peur de se faire traiter de tous les noms.

Se faire traiter de tous les noms et menacer par ceux qui étaient Charlie il y a quelque temps, en brandissant la liberté d'expression haut et fort.

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Mai 2017

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