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J'ai adopté un bébé naissant, au Québec

Arrivée à l'unité des naissances, on m'a demandé de m'asseoir et on m'a mis dans les bras un tout petit bébé, si fragile en me disant : «Votre fils». De toute ma vie, je n'avais jamais tenu un si petit bébé.
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Il y a des centaines d'histoires d'adoption. Il y a les histoires des femmes et des filles qui ont décidé de «donner» leur enfant en adoption. Il y a celles des enfants qui ont été adoptés. Et il y a aussi les histoires de femmes qui, comme moi, sont devenues mères grâce à l'adoption.

Je ne connais pas la vraie raison pour laquelle cette femme a décidé de ne pas garder ce petit bébé. Il peut y en avoir des milliers. Et à nous, les parents-adoptants, on ne nous dit pas pourquoi ou on nous en dit très peu.

Six ans plus tôt, mon chum et moi étions mis sur la liste d'attente (interminable) pour l'adoption d'un bébé naissant à Montréal. Entre temps, nous avions déjà eu deux enfants par la banque mixte des Centres Jeunesse.

Un an auparavant, on m'avait dit que nous étions les prochains pour avoir un bébé naissant. Les prochains ne signifiant pas «bientôt», puisqu'il peut se passer une année sans qu'un seul petit soit donné en adoption à la naissance. Comme «prochains sur la liste», on n'attend pas vraiment un enfant. On y pense les deux premières semaines et ensuite on se dit que ça arrivera quand ça arrivera.

Et finalement ce jour arrive. Une femme a décidé de donner son enfant en adoption.

Personne ne peut imaginer ce que vit une mère qui décide de placer son bébé en adoption avant même qu'il soit né. Personne ne peut imaginer pourquoi une mère décide de ne pas voir son poupon après l'accouchement. Ces femmes qui choisissent l'adoption le font en espérant le meilleur pour leur enfant.

La veille, on m'avait appelé pour m'annoncer la nouvelle et le lendemain midi, avec mon chum, je suis allé rencontrer mon Billy à l'unité des naissances. Moins d'une heure après, je suis reparti avec lui. Je suis devenu mère en moins de 24 heures. Je n'étais pas prête, enfin je croyais que je ne l'étais pas, mais je l'étais.

Arrivée à l'unité des naissances, on m'a demandé de m'asseoir et on m'a mis dans les bras un tout petit bébé, si fragile en me disant : «Votre fils».

De toute ma vie, je n'avais jamais tenu un si petit bébé. Et j'ai pleuré. Faire la connaissance de son fils, pour la première fois, alors qu'il est si jeune, c'était pour moi une première. Mes deux autres enfants avaient 18 et 12 mois à leur arrivée.

En le regardant pour la première fois, je pensais à sa mère. À cette chance que nous avions. Elle ne nous avait pas choisis, mais j'aurais voulu qu'elle nous voie, juste une fois, tous ensemble, pour être en paix avec sa décision.

J'aurais voulu lui dire qu'au moment où l'on a déposé cet enfant dans mes bras, j'aurais donné ma vie pour lui. Que depuis le premier jour, notre clan l'a adopté. Que depuis ce passage à l'unité des naissances, il a une famille. Il a un père et une mère qui ne l'abandonneront jamais. Il a une fratrie pour toute sa vie. Il a une famille élargie sur qui il peut compter. Il sera aimé pendant toute sa vie.

Je pense souvent à cette femme, à toutes ces femmes qui ont fait le choix de l'adoption à la naissance. Je sais qu'il y a toujours un doute d'avoir fait le bon choix pour leur enfant.

Je sais que je ne saurai probablement jamais qui était la mère biologique de mon Billy, mais j'aimerais dire à toutes les mères qui ont fait ce choix, ou qui ont un jour consenti à l'adoption, qu'il y a plein d'histoires comme la mienne. Qu'il y a plein de mères et de pères adoptifs qui aiment leurs enfants, qui donneraient leur vie pour eux, qui se donnent corps et âme pour les faire grandir sans différence, comme s'il était leur propre sang.

Comme moi, la majorité des parents adoptifs sont encore plus reconnaissants d'être parents parce que le processus a été long et parfois difficile. Comme moi, ils pensent à la mère biologique qui leur a permis d'être maman ou papa et ils voudraient tellement la remercier et la rassurer.

Et chaque jour, quand je prends mon Billy dans mes bras, mon Billy qui n'est plus un si petit bébé, je remercie la vie d'avoir cette chance d'être sa mère. Et je sais que celle qui a fait le choix de l'adoption ne regretterait pas de l'avoir fait en le voyant si heureux.

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