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Histoire: la folie du LSD

Révolution psychédélique, aventure hippie, années pop et rock... La décennie 1960 voit naître, en Californie, une contre-culture qui gagne l'ensemble de la jeunesse occidentale. Les drogues, et en premier lieu le LSD, y tiennent une place centrale.
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Révolution psychédélique, aventure hippie, années pop et rock... La décennie 1960 voit naître, en Californie, une contre-culture qui gagne l'ensemble de la jeunesse occidentale. Les drogues, et en premier lieu le LSD, y tiennent une place centrale. Avant la répression. Et les désillusions.

En 1967, la chanson des Beatles Lucy in the Sky with Diamonds est interdite d'antenne à la BBC. Motif invoqué par les censeurs: le titre de la chanson forme les initiales "LSD". De fait, les "yeux kaléidoscopiques" , les "fleurs en Cellophane, jaunes et vertes [qui] poussent incroyablement haut", évoqués dans Lucy in the Sky with Diamonds, sont des images qui traduisent bien les sensations éprouvées par les consommateurs de LSD.

La célébrité mondiale du groupe britannique pose un problème de conscience aux médias chargés de la programmation musicale: si les "gentils" Beatles parlent de drogue - même à mots couverts -, quels sont les risques d'une banalisation et d'une massification de pratiques jusque-là assez marginales? Car la consommation du LSD est en train de se répandre, portée par la vague hippie.

1967: c'est en effet l'explosion du "psychédélisme". Le terme est né dix ans plus tôt dans les milieux médicaux pour désigner certaines substances hallucinogènes -on parle alors de "drogues psychédéliques". Dans les années 1960, il devient emblématique d'une contre-culture, en rupture avec le modèle dominant de la société d'abondance et des valeurs qui s'y rattachent. Les drogues tiennent alors une place centrale d'où l'expression de drug culture: elles apparaissent comme un moyen à la fois d'évasion et de subversion.

Et le LSD est devenu la drogue à la mode. Il est de bon ton, surtout dans le monde du show-business, de ressembler aux individus que la presse appelle désormais les "hippies": ceux qui rejettent les conventions sociales, se droguent, prônent la non-violence, la vie communautaire, ont les cheveux longs et sales, portent de curieux vêtements chamarrés et écoutent de la musique pop.

Rien ne prédestinait pourtant cette substance chimique à devenir l'un des symboles de la contre-culture des années 1960. Fabriqué en 1938 par le chimiste Albert Hofmann, l'acide lysergique diéthylamide, appelé aussi "acide" ou "LSD 25", est commercialisé par la firme suisse Sandoz à la fin des années 1940 sous le nom de Delysid pour un usage psychiatrique.

Il aurait pu poursuivre une paisible carrière pharmacologique sans l'action conjuguée de trois intellectuels qui ont placé les drogues au centre de leurs préoccupations: l'écrivain britannique Aldous Huxley, le chercheur en psychologie Timothy Leary et le poète beatnik Allen Ginsberg. Sans eux, les années 1960 auraient sans doute eu un tout autre visage.

C'est en 1954 qu'Aldous Huxley publie The Doors of Perception ("Les Portes de la perception") puis, en 1956, Heaven and Hell ("Le Ciel et l'Enfer"), récits inspirés de ses expériences liées à la prise de drogues, notamment de mescaline, un dérivé du peyotl, champignon hallucinogène répandu en Amérique du Sud. Quelques années plus tard, reclus en Californie, l'auteur du Meilleur des mondes décrit dans Island 1962 une curieuse utopie communautaire qui ressemble à s'y méprendre à la future société hippie: démocratie participative, équilibre sexuel, méditation bouddhiste, utilisations de drogues à doses toutefois raisonnables.

Le parcours de Timothy Leary est plus chaotique. Issu d'un milieu petit-bourgeois, catholique de souche irlandaise, Leary est un jeune psychologue, en poste à Harvard depuis 1959. Il découvre les champignons hallucinogènes en 1960 lors d'un voyage au Mexique, fonde un centre de recherche et initie ses étudiants au LSD 25, ce qui lui vaut en 1963 d'être radié de son université. Il devient le gourou de la "révolution psychédélique".

Allen Ginsberg, juif, homosexuel, fils d'un poète et d'une militante communiste qui meurt en hôpital psychiatrique, fait, depuis les années 1940, l'apologie des drogues amphétamines, morphine, héroïne en compagnie de l'écrivain William Burroughs, dans une perspective de dérèglement des sens et d'autodestruction inspirée de Rimbaud. En juin 1959, il est l'un des tout premiers beatniks à être initié au LSD, avec une équipe de recherche de Stanford. Après quoi il écrit le poème "Lysergic acid" et fait la rencontre de Timothy Leary à Harvard.

À partir de 1963, l'hédonisme beatnik prend une nouvelle dimension dans une frange marginale de la jeunesse de New York et de San Francisco. Un certain nombre de ses représentants, à la suite d' Allen Ginsberg, radicalisent leur message politique et alimentent la contestation étudiante contre la guerre du Vietnam. D'autres contribuent à forger sur les routes américaines le mythe hippie. L'un des premiers à expérimenter le LSD, Ken Kesey, l'auteur de Vol au-dessus d'un nid de coucou 1962, avec sa bande des Merry Pranksters embarqués dans leur bus coloré, porte la bonne parole psychédélique d'une côte à l'autre du pays. En 1965, sa maison près de San José est le centre névralgique des acid tests , séances collectives de "libération mentale" et de connaissance de soi.

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