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Homophobie, sexisme et fondamentalisme religieux

L'homophobie n'apparaît pas par génération spontanée, elle est issue de préjugés qui sont désormais propagés principalement par les intégristes religieux.
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«Trois semaines après l'attaque LGBT-phobe et raciste d'Orlando, marcher est un acte de résistance. Nous ne devons pas céder à la peur. Nous avons plus que jamais besoin de réaffirmer notre visibilité et notre fierté dans les rues», a lancé avant le départ de la marche des fiertés à Paris la porte-parole de l'association Inter-LGBT.

Cette déclaration est typique du politiquement correct qui fait des ravages. Ici le terrorisme islamiste est gommé en faveur d'une qualification de racisme qui est pour le moins étrange, car l'origine ethnique des victimes n'est que le reflet de la population d'Orlando. Peut-être est-il temps de regarder la réalité en face: l'homophobie prend ses racines dans une vision éminemment réactionnaire du monde, où les fondamentalistes religieux jouent un rôle primordial.

Si cet acte terroriste a été discuté par de nombreux commentateurs, le rôle des islamistes a été soigneusement occulté, souvent de peur de faire le jeu de l'extrême droite. Cela a conduit un sociologue à écrire un article confus intitulé Orlando: parlons d'abord de terrorisme sexuel ou, pour éviter de se prononcer clairement, il en arrive à poser la question suivante: «savoir si ce terrorisme a quelque chose à voir ou pas avec l'islam reste une question proprement religieuse: elle suppose de trancher ce qu'est véritablement l'islam authentique». On pourrait attendre d'un brillant universitaire une vision un peu plus complexe des religions: existe-t-il seulement un islam, un christianisme, un judaïsme? Chacune de ces religions a-t-elle des croyances et des pratiques totalement homogènes ou existe-t-il une diversité interne à chacune d'entre elles allant des fondamentalistes aux progressistes?

Les fondamentalistes religieux sont une des composantes majeures de l'extrême droite: ils partagent tous la même haine pour la liberté de pensée, la conviction que la femme est inférieure à l'homme et que l'homosexualité est une abomination. Ils souhaitent tous que leur «loi divine» ait prééminence sur la loi civile. Cette vision du monde est partagée par les fondamentalistes des trois religions du livre.

Ils considèrent tous la femme comme inférieure à l'homme et veulent la garder «à sa place», au mieux, et la faire disparaître de l'espace public, au pire. L'utilisation de la «différence» des sexes (plus politiquement correcte) n'étant qu'un moyen de justifier cette ségrégation sociale basée sur une vision de la femme qui n'existe qu'en tant que reproductrice. Le combat actuel des fondamentalistes chrétiens aux États Unis et en Europe contre l'IVG et la contraception s'inscrit dans cette problématique où la femme ne peut disposer de son corps. Pour les fondamentalistes musulmans et juifs, elle est de plus objet de tentation pour l'homme et doit donc s'effacer de l'espace commun par «pudeur».

Malheureusement, les musulmans progressistes ont d'extrêmes difficultés à se faire entendre, contraints au silence par les fondamentalistes et leurs alliés de la gauche régressive.

Ces intégristes ont aussi en commun une homophobie virulente qui peut aller jusqu'à demander l'élimination physique des personnes homosexuelles. Les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X qui comparent les homosexuels aux nazis, l'ex-grand rabbin Sitruk pour qui la marche des fiertés de Tel-Aviv «rabaisse au rang le plus vil» Israël (et appelle à réagir «de façon radicale à une telle abomination»), le président de l'union internationale des savants musulmans (et prêcheur vedette d'Al Jazeera) Youssef Al Quaradawi qui se demande à propos des homosexuels «par quels moyens les tuer» car il faut «débarrasser la société islamique de ces êtres nocifs qui conduisent à la perte de l'humanité», tous propagent cette haine des LGBT au nom de Dieu.

Cette homophobie meurtrière n'est évidemment pas partagée par tous les croyants, y compris dans les courants conservateurs: le pape François, le grand rabbin Korsia et la Grande Mosquée de Paris se sont élevés contre ces appels au meurtre. Il convient encore et toujours de faire la différence entre les fondamentalistes et les autres courants religieux, même s'ils sont loin d'accepter complètement les revendications des LGBT. Cependant il faut aussi garder a l'esprit que dans la quasi-totalité des pays musulmans, contrairement à ce qui se passe en Occident et en Israël, l'homophobie est institutionnelle. Ces pays ont tous une législation homophobe basée sur la charia qui peut aller jusqu'à la peine de mort. En Turquie, qui a pourtant une constitution laïque, les fondamentalistes grignotent l'espace de liberté des LGBT comme le montre la répression récente de la marche des fiertés d'Istanbul, qui avait été interdite parce qu'elle intervenait pendant le ramadan.

Malheureusement, dans le monde musulman et en Europe, les musulmans progressistes ont d'extrêmes difficultés à se faire entendre, contraints au silence par les fondamentalistes et leurs alliés de la gauche régressive, pour qui toute critique de l'islam intégriste est «islamophobe» donc raciste. Lorsqu'une jeune fille de 16 ans a été assassinée et 6 personnes blessées par un juif ultra-orthodoxe (condamné depuis à la perpétuité par un tribunal israélien) lors de la marche des fiertés de Jérusalem en 2015, le rôle du fondamentalisme religieux dans cet acte homophobe n'a pas été occulté. Il n'est venu à l'idée de personne, et à juste titre, que critiquer le fondamentalisme religieux à la suite de cet événement soit antisémite. Cette occultation spécifique du rôle de l'extrême droite religieuse islamiste, sexiste et homophobe, par de soi-disant progressistes anti-racistes est non seulement honteux d'un point de vue éthique, mais favorise la montée de l'extrême droite politique (raciste, sexiste et homophobe) dans notre pays.

L'homophobie n'apparaît pas par génération spontanée, elle est issue de préjugés qui sont désormais propagés principalement par les intégristes religieux. Ne nous y trompons pas, ces mouvements fondamentalistes d'extrême droite agissent pour détruire les bases de notre société que sont la liberté de conscience et l'égalité entre tous les membres de l'espèce humaine, quel que soit leur sexe, leur orientation sexuelle ou leur origine ethnique.

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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