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Réfugiés syriens: Canada vs France

Les Français, comme beaucoup d'Européens, sont de plus en plus tentés par la fermeture des frontières.
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Aujourd'hui, nos deux pays affichent deux positions totalement opposées sur cette urgence humanitaire. Différentes positions quantitatives et financières. Comment expliquer ces différences de visions?

En France : 5 100 réfugiés syriens

À peine plus de 5 100 Syriens ont déposé une demande d'asile en France en 2015. Ce très faible chiffre est néanmoins en hausse de près de 65 % par rapport à 2014.

Rappelons qu'au niveau des États membres de l'Union européenne, le nombre de Syriens sollicitant une protection internationale atteint 362 800 personnes. La moitié des demandes ont été enregistrées en Allemagne, et plus de 50 000 en Suède. Alors que la France s'est engagée à accueillir 30 700 personnes sur deux ans, on ne peut donc pas dire que le pays intéresse vraiment ces réfugiés syriens!

Il est assez clair aussi que les Syriens ne souhaitent pas venir en France, car ils savent pertinemment que les Français ne souhaitent pas les accueillir.

Comment expliquer cela? Par peur de l'islam? Du déclassement social? Du grand remplacement? Ce qui est aussi surprenant, c'est que les Français d'origine maghrébine sont eux aussi très réticents à l'accueil des Syriens.

La France de Charlie? L'ivresse de l'unité nationale? Ce ne seraient donc que de belles paroles reprises en boucle par les médias et les politiques. En réalité, les Français, comme beaucoup d'Européens, sont de plus en plus tentés par la fermeture des frontières, plutôt que par l'accueil de réfugiés syriens.

Cela s'explique en partie par le fait que ce sujet brûlant qu'est l'islam est devenu discrètement, au fil des années, le sujet de l'islam politique, et que le réel est entré par effraction dans les non-dits collectifs lors des attentats de 2015.

Ce tournant est aussi venu des philosophes et/ou éditorialistes de droite et de gauche Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq, Michel Onfray, Eric Zemmour. Ils ont longtemps été les seuls à dire sans tricher ce qu'ils voyaient depuis les attentats islamistes de Paris et de Bruxelles. Leurs paroles sont écoutées, et cela a modifié profondément les pensées des relais d'opinions et, surtout, des médias.

Il est assez surprenant de noter que jusqu'à ce tournant, beaucoup d'organisations féministes maghrébines et africaines reprochaient à la gauche française et européenne ses difficultés à soutenir le droit des femmes contre toute agression, quel que soit l'agresseur. Ces organisations reprochaient l'inaptitude certaine de cette gauche à reformuler la théorie de «l'ennemi principal». Pour beaucoup de femmes musulmanes, c'est clair, c'était l'intégrisme musulman!

Par peur d'être taxés d'islamophobes, nos dirigeants étaient jusqu'en 2015 en train d'abdiquer le principe d'égalité entre hommes et femmes. Des règlements municipaux locaux, dits musulmans, faits par des hommes réactionnaires utilisant la «légitimation» religieuse pour servir leurs intérêts et asseoir leur pouvoir, commençaient à apparaître.

Ceci expliquant cela, une petite minorité d'intégristes en France avait un tel écho que la religion devenait le sujet central de la politique. Souvenez-vous de ce qu'avait dit l'imam Khomeini : l'islam sera politique ou ne sera pas!

Enfin, et c'est au cœur du sujet en France, pays où les citoyens ne sont pas particulièrement généreux car l'État prend tout et doit payer pour tout, il n'y a pratiquement aucun parrainage privé, et tout est pris en charge par les deniers des contribuables!

Au Canada : 25 000 réfugiés syriens

Avec l'Australie, le Danemark, l'Allemagne, le Luxembourg, la Norvège, Singapour, la Suède et la Suisse, le Canada est l'un des neuf pays classés «triple A» par les trois agences reconnues : Standard & Poor's, Moody's et Fitch. Au Canada, on fait encore preuve d'optimisme.

En cette période toujours euphorique, le pays à augmenté le budget des services de l'immigration afin de la promouvoir, l'inverse de ce que fait la France. Alors que la France tente de revenir à l'«homogénéité» de son identité, un pays laïc aux racines chrétiennes, luttant contre le communautarisme, le Canada prône, lui, le multiculturalisme honni en France. Il serait inimaginable en France d'avoir un ministre de la Défense coiffé d'un turban sikh!

Les Français, qui ont toujours une culpabilité entretenue par rapport à leurs anciennes colonies, expliquent cette singularité canadienne par une forme locale de culpabilité par rapport aux Autochtones, qu'ils appellent péjorativement «Indiens».

Mais les Français, connaissant mal le Canada, ne savent pas que c'est l'Ontario qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens. Sur les 25 000 faisant partie du plan fédéral, près de 10 200 se retrouvent dans cette province.

Le Québec, lui, a son propre programme d'accueil et il aurait accueilli autant de réfugiés que la France, soit environ 5 200 réfugiés.

Ce que les Français ne peuvent ne pas imaginer, c'est que seulement la moitié des réfugiés est prise en charge par le gouvernement, l'autre moitié étant prise en charge par des familles, des églises et des regroupements de citoyens. Au Québec, le parrainage privé y occupe, semble-t-il, une place encore plus importante, soit 85 %.

Conclusion

En fait, les Français devraient se poser la question du mode de financement des réfugiés, car il est vraisemblable qu'avec le même mode de financement que le Canada, ce sujet douloureux serait traité d'une manière plus humaniste. Le prochain sujet brûlant sera l'immigration économique en provenance de l'Afrique subsaharienne, la population africaine devant, d'après l'ONU, augmenter de 1,4 milliard d'habitants dans les 25 à 30 prochaines années.

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