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Donald Trump et les fausses nouvelles vont-ils relancer les médias traditionnels?

Il est clair que l'amplification de cette manipulation à grande échelle présente un grand danger pour les démocraties.
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Nora Carol Photography via Getty Images

Comme on le sait tous, « Democracy Dies in Darkness », comme l'écrit le Washington Post. La question que l'on doit se poser aujourd'hui est: est-ce que ce nouveau « faiseur de nouvelles » qu'est Donald Trump va revivifier nos démocraties et nos médias en difficulté.

Ou alors, en résonance à la période post-idéologique actuelle (ni gauche ni droite), allons-nous entrer dans une ère de post-vérité, période où les faits objectifs auront moins d'importance et d'influence, et où l'information mensongère ou fake news seront définitivement intégrées.

Il est assez indéniable que ce Donald Tump qui façonne l'information pour coller aux émotions et croyances des individus a sauvé depuis son élection, la vie de pas mal de journaux dans le monde entier, dont aux États-Unis. En effet, beaucoup de journaux ont vu leur lectorat papier et numérique augmenter. On citera bien sûr les premiers bénéficiaires, le New York Times (propriété de Sulzberger et du milliardaire Carlos Slim) avec plus de 3 millions d'abonnés payant dont deux millions pour l'édition numérique, et le Washington Post (propriété de Jeff Bezos, patron d'Amazon) avec un million d'abonnés numériques.

Enfin, et c'est appréciable, grâce à ce Trump, beaucoup de journalistes expérimentés ont retrouvé le sentiment d'avoir une responsabilité sociétale.

À noter, ce déluge d'informations mensongères formatées les a amenés à ne plus prendre de risque avec les faits, il en allait de leur crédibilité. Certains journaux ont même pris soin de clarifier leurs bonnes pratiques, en recommandant à leurs troupes de ne pas exprimer d'opinions partisanes, et de s'abstenir de faire la promotion de leurs visions politiques.

Politiquement, ce modèle n'est pas nouveau, on retrouve avec les fausses nouvelles la propagande ou désinformation très utilisée durant la Guerre froide.

Mais qu'est-ce qu'une fake news ou fausse information? C'est une information qui obéit la plupart du temps à des intérêts politiques, parfois à des intérêts financiers. Elle s'adresse toujours à des groupes très ciblés, qui feront caisses de résonance. C'est un peu ce que l'on appelait autrefois la presse à mensonges, celle-ci s'intéressait alors essentiellement aux vies privées de gens connus. La grande différence c'est qu'aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, ce nouveau « média » global est devenu très puissant et donc potentiellement très dangereux.

Politiquement, ce modèle n'est pas nouveau, on retrouve avec les fausses nouvelles la propagande ou désinformation très utilisée durant la Guerre froide. Depuis, on a aussi vu éclore les théories du complot toujours générées et alimentées par la montée de la défiance des citoyens à l'égard des puissants.

Ce qui est clair, c'est que la fake news est aujourd'hui, grâce aux outils numériques, diffusées à très grande échelle. Enfin, une fausse nouvelle très réussie ne fera souvent qu'exagérer ou distordre à l'extrême un fait ayant peu d'intérêt.

Ces intox ou fausses nouvelles se résument souvent à des éléments de langage diffusés à grande échelle, de manière délibérée et virale sur les réseaux sociaux. Pour être bien mémorisés et trouver leurs publics, ces éléments de langage devront être simples. Plus simples ils seront, plus leurs publics les rediffuseront.

Comment en est-on arrivé là ?

Ces leaders d'opinion ont en quelques années perdu leur crédibilité vis-à-vis des laissés pour compte de ce monde globalisé.

Cela a bien sûr débuté avec l'affaiblissement du modèle économique de la presse papier. Face aux flux d'informations numériques diffusées par les réseaux sociaux, nombre de patrons de presse ont perdu leur temps à rechercher un nouveau modèle viable, un modèle leur permettant de faire face à la très forte baisse des revenus tirés de la publicité. Ils en ont oublié la base de leur métier, l'investissement dans la recherche et la diffusion d'informations vérifiées et objectives.

Pendant ce temps, les leaders d'opinion, les journalistes et les hommes politiques sont eux devenus les punching bags des followers ou suiveurs d'influenceurs de réseaux sociaux. Ces leaders d'opinion, journalistes et hommes politiques, ont en quelques années perdu leur crédibilité vis-à-vis des laissés pour compte de ce monde globalisé.

Face à ces journaux souvent dépassés et face à ces leaders d'opinion décrédibilisés, on a alors vu apparaître les nouveaux rédacteurs en chef de fausses nouvelles.

Au début, éventuellement manipulés par certains gouvernements, ils se concentrèrent sur les guerres géoéconomiques entre pays et sur certaines révolutions. Puis, assez récemment, ils se sont intéressés aux politiques intérieures, jusqu'à faire et défaire des élections, mais cela reste toujours à prouver.

Conclusion

Il est clair que l'amplification et la répétition de ces nouvelles actions de manipulations à grande échelle présentent un grand danger pour les démocraties.

Il est aussi clair que la presse traditionnelle doit tout d'abord redéfinir son modèle économique. Après cela seulement, elle pourra lutter contre les fausses nouvelles et redevenir un vigile objectif et non racoleur. Un vigile luttant contre la dilution des valeurs. Cette presse devra à nouveau susciter l'intérêt des lecteurs tout en relevant les standards qui s'étaient étiolés. Sinon elle ne peut qu'espérer que ce « fonds de commerce » Trump soit réélu et qu'il continue de faire du buzz !

Enfin, cette période de forte rivalité entre les réseaux sociaux et les journaux fait bien sûr la part belle à la chasse aux scoops, aux titres racoleurs et autres fake news. On se retrouve, semble-t-il, dans la quadrature du cercle, un monde d'influenceurs post-vérité face à des journalistes pas toujours bien rémunérés.

Pour mieux comprendre la communication du XXIe siècle :

PS: Intéressant de relire cet article de 2011: La mort des journaux papier: 2017 aux Etats-Unis, 2029 en France?

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