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Un pape «contemplactif» qui souhaite changer le paysage géopolitique de la planète

Depuis une vingtaine d'années, les chefs catholiques se limitent à évoquer les grands principes internationaux. Cela semble vouloir changer avec l'actuel leader du Vatican. François s'aventure hors de la sphère de la philosophie politique pour entrer dans celui de la décision.
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En matière de relations internationales, le pape François part de loin. Tout au long du pontificat de Jean-Paul II, il n'y a pas eu de renouvellement géopolitique au Vatican. Par la suite, Benoit XVI s'est complètement désintéressé de ce grand dossier. Cela a terni les capacités diplomatiques du Saint-Siège. On n'a eu aucun grand projet en la matière. L'actuel pontife ne marche pas sur les mêmes pas. Il s'y intéresse. Mais puisqu'il a peu de temps devant lui, il fait de la diplomatie plus réactive que prospective. Il fonctionne par petits coups concrets. Son approche semble marcher.

De l'intérieur, ce pape organise ses troupes. S'il ne réussit pas, tout ce qu'il initie se soldera par l'échec. Pour y parvenir, il lui faut de puissants relais dans les pays où les gouvernements s'intéressent à la condition de vie des catholiques, les évêques, les partis politiques et les organisations non gouvernementales (ONG).

Depuis une vingtaine d'années, les chefs catholiques se limitent à évoquer les grands principes internationaux. Cela semble vouloir changer avec l'actuel leader du Vatican. François s'aventure hors de la sphère de la philosophie politique pour entrer dans celui de la décision. Ce n'était pas arrivé depuis 1993.

Cette évolution est à l'image de la personnalité du pape François. En Argentine, bien avant d'être élu à la tête de l'Église, il a toujours ramené ses discours à des choses concrètes. Pas question pour lui de seuls rappels moraux plus ou moins abstraits. Il ne fera jamais que se contenter d'inviter les catholiques à prier. Il veut les amènera vers l'action.

Le chef de l'État du Vatican est un réaliste qui place les «réalités existentielles» avant les discours théologiques. Pour lui, il ne faut « jamais perdre le contact avec la réalité, mais(...) être amants de la réalité ». « En présence d'une culture dominante qui met au premier plan l'apparence, tout ce qui est superficiel et provisoire, le défi à relever est d'aimer la réalité », a -t-il dit dans un discours le 23 août. Et puis, il a exhorté les catholiques à ne pas vivre hors du monde et à « aimer la réalité », seule manière selon lui d'être convaincants au milieu de la « culture de l'apparence ».

Il est ainsi de la véritable école jésuite. Ignace de Loyola parlait, avec ses mots, de contemplation dans l'action et de l'action dans la contemplation. On pourrait dire que ce pape est un «contemplactif» (contemple-actif).

Et puis, il est de nature «volontariste». Il ne reste pas insensible. Il intervient. Il pose des gestes. C'est un proactif.

François est très préoccupé par la question de l'esclavage. Ce thème sera d'ailleurs celui de la 48e Journée mondiale de la paix qui aura lieu le 1er janvier 2015. Son message pour l'occasion a été rendu public, le 21 août par la curie vaticane. Le thème de la Journée y fait référence : «Non plus esclave, mais frères». Il s'agit nul autre que de l'orientation diplomatique du Saint-Siège pour la nouvelle année.

Pour le pape, le mot « esclave » est antonyme de « fraternité ». C'est pour lui un scandale de notre époque. « L'esclavage porte un coup mortel à cette fraternité universelle et, par conséquent, à la paix », résume le Conseil pontifical Justice et Paix chargé de préparer ce texte. « Le phénomène abominable de l'esclavage prend aujourd'hui dans le monde des formes multiples: le trafic des êtres humains, la traite des migrants et de la prostitution, le travail forcé, l'exploitation de l'homme par l'homme, la mentalité esclavagiste vis-à-vis des femmes et des enfants.» Elles incluent aussi le trafic d'organes.

Dans son message de 2014, il dénonçait la «mondialisation de l'indifférence», «qui nous fait lentement nous habituer à la souffrance de l'autre, en nous fermant sur nous-mêmes».

Le voyage d'un jour qu'il fera en Albanie, le 21 septembre, sera justement une occasion de sortir ce petit pays, jadis communiste, de l'indifférence planétaire.

Le 15 juin, sur la Place Saint-Pierre, le pape François expliquait les motifs de cette visite : « Je désire confirmer dans la foi l'Église en Albanie, et témoigner de mon amour et de mes encouragements à un peuple qui a longtemps souffert des conséquences des idéologies du passé. » Depuis quelques mois, il revient souvent dans ces discours sur ce thème des idéologies, notamment politiques, qui rendent l'humain esclave.

Enfin, il souhaite se rendre en Albanie parce que ce pays a réussi à faire un gouvernement d'unité nationale entre musulmans, orthodoxes et catholiques, avec un conseil inter religieux qui, paraît-il, aide beaucoup et paraît équilibré. Il souhaite leur dire: « On peut travailler ensemble ! » Ce sera une sorte de prélude au thème de sa prochaine année diplomatique.

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