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La justice de l'homme blanc a toujours cours aux États-Unis

Le système de jury en place dans les cours américaines fait en sorte que les meilleurs avocats finissent souvent par sortir leurs clients de la merde. Au prix où ils sont, seuls les plus riches peuvent se les payer. Et dans ce pays aux deux castes sociales, les plus riches sont très majoritairement les plus blancs.
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On le sait, les États-Unis ont de tout temps été déchirés par un racisme ambiant, une division sociale entre les Blancs et les autres. De la Guerre de Sécession causée (en partie, ne soyons pas trop naïfs) par un désir d'abolir l'esclavagisme par Abraham Lincoln, à Rosa Park, cette femme qui a déclenché le mouvement des droits civils dans les années 50 en refusant de céder son siège à un Blanc alors que le chauffeur de l'autobus le lui intimait, la situation a tranquillement évolué. Je ne saurais m'appuyer assez fort sur ce mot, tranquillement. Car on a beau avoir assisté à l'intronisation du premier président à la peau noire en janvier 2009, l'homme blanc domine toujours chez nos voisins du Sud.

Le 26 février 2012, le jeune Trayvon Martin, 17 ans, revenait paisiblement du dépanneur, un sac de bonbons à la main et une bouteille de thé glacé dans l'autre, le capuchon de son hood couvrant sa tête. Rien de bien extraordinaire. C'était sans compter l'incroyable vigilance d'un autoproclamé défenseur de son quartier, George Zimmerman, qui jugea l'adolescent "dangereux" et l'abattu froidement d'une balle de 9 mm dans le dos. "Il marche sous la pluie et regarde autour de lui. Il a l'air drogué... Il s'agit d'un individu mâle, de race noire...", tels furent ses mots au 911 quelques minutes avant de passer à l'acte. Un crime raciste, tout ce qu'il y a de plus haineux. Un crime abject et tristement beaucoup trop commun aux États-Unis.

Mais après tout, la justice américaine saura punir le fautif n'est-ce pas? C'était sans penser à la loi: "Stand your ground" introduit par le gouverneur de l'État, Jed Bush, en 2005 qui "allégeait" la définition de légitime défense. Et l'impensable fut fait, George Zimmerman a été acquitté libéré car, à travers sa vision stéréotypée et haineuse de l'homme noir, un jeune adolescent à la peau matte marchant nonchalamment avec un hoodie sur la tête est nécessairement un membre de gang de rue et dangereux pour sa sécurité. Il était en son bon devoir de le tuer... Après moult pressions, Zimmerman fut finalement inculpé, et on apprenait hier que le jury avait été sélectionné: 5 femmes blanches et 1 femme latino... Bon, on s'entend, ce n'est pas garant d'un biais quelconque, mais disons que la sensibilité ne sera tout simplement pas la même.

Au-delà de l'absurdité même de sa libération première, elle a le mérite de mettre en lumière, encore une fois, cette dérive exécrable du système judiciaire américain. La justice de l'homme blanc sert les intérêts de l'homme blanc et punit les autres, ces "faux Américains." Certes, il faut nuancer, mais les exemples de double standard se comptent par dizaines. Il y a quelque temps, une image circulait sur Internet présentant un cas particulièrement choquant. Un sans-abri Noir de 54 ans avait volé un billet de 100 $ dans une banque, car il mourrait de faim. Rongé par les remords, il avait rapporté le billet le lendemain en disant que ce n'était pas comme ça que sa mère l'avait éduqué. Il fut condamné à 15 ans de prison. La même année, l'ex-PDG d'un fond de retraite qui avait été reconnu coupable d'une fraude de 3 milliards de dollars fut condamné à 40 mois de prison...

Le système de jury en place dans les cours américaines fait en sorte que les meilleurs avocats finissent souvent par sortir leurs clients de la merde. Au prix où ils sont, seuls les plus riches peuvent se les payer. Et dans ce pays aux deux castes sociales, les plus riches sont très majoritairement les plus blancs. En 2006, le revenu médian des ménages des Blancs était de 50 673 $; celui des ménages des Noirs était de 31 969 $...

Mais la faille est aussi au niveau légal. Prenons l'exemple de la cocaïne vs le crack. Tout bon junkie saura vous dire qu'il s'agit essentiellement de la même drogue, mais traitée différemment. La première se vend à des prix exorbitants; la seconde n'est pas donnée, mais beaucoup moins chère. La première se consomme principalement par les Blancs/riches, la seconde par les Noirs/pauvres. Et, oh! surprise!, les peines de prison pour la possession de la première sont 20 fois moins lourdes que pour la possession de la seconde...

Bien entendu, la situation est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Il s'agit là d'une très courte présentation de la problématique. Toutefois, des crimes comme celui commis contre Trayvon Martin ne peuvent rester impunis ou les États-Unis ouvriraient la porte aux pires crimes haineux.

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