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Le développement durable mondial est-il en phase avec la réalité?

Le développement économique durable fondé sur la préservation des écosystèmes ne se vend pas bien. Mais est-ce vraiment une surprise ?
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Le développement économique durable fondé sur la préservation des écosystèmes ne se vend pas bien. Mais est-ce vraiment une surprise ? Dans un monde où les ressources proviennent d'un pays, sont traitées dans un second et finalement vendues sous forme de produits manufacturés dans un troisième, le développement durable doit être replacé dans une perspective totalement mondiale pour prendre tout son sens. Quand la démographie explose, les besoins énergétiques des populations concernées croissent au même rythme. Et lorsque les avancées technologiques ouvrent la voie à de nouvelles exploitations, comme l'extraction de gaz de schiste par fracturation hydraulique ou l'extraction minière sous-marine, il est essentiel d'avoir des règles de bonne gouvernance. Ce n'est, malheureusement, pas toujours le cas. En particulier en Afrique...

Le 26 septembre, Kofi Annan, ex-Secrétaire général des Nations Unies et actuel président de l'Africa Progress Panel, a prononcé un remarquable discours d'ouverture lors de l'inauguration de la Maison de la Paix, le nouveau complexe de l'Institut de hautes études à Genève. Prenant la parole avec une ponctualité toute helvétique, il a déclaré que la gouvernance en Afrique constituait un problème majeur et que les ressources naturelles du continent pourraient amener la prospérité dans la région si les citoyens n'étaient pas constamment victimes de la corruption et d'une inégalité croissante. Parmi les principaux défis du continent, il a épinglé le manque d'infrastructures, la pénurie d'énergie et la mauvaise gestion de ses formidables richesses naturelles.

Pour tout dire, ce ne sont pas les défis qui manquent... Ce continent, littéralement criblé de défis - pauvreté, maladies, conflits, mauvaise gouvernance et manque d'infrastructures pour n'en citer que quelques-uns - est considéré comme un cimetière par bon nombre de non-Africains, en dépit de ses possibilités inexploitées et de ses ressources naturelles. Le tableau est encore plus sombre : même sans la crise économique et financière mondiale, l'Afrique est à la traîne en matière de développement durable, aujourd'hui bien plus qu'hier. Sa croissance économique marque le pas par rapport à l'accroissement de sa population. Si les émissions de carbone de l'Afrique sont très faibles comparées à d'autres continents, c'est elle qui subira le plus durement les retombées du changement climatique, qui entraînera une désertification et une poussée démographique doublée d'une pression croissante en termes de sécurité alimentaire et de ressources en eau.

Pourquoi tous ces échecs ? Se pourrait-il que les objectifs du développement durable aient été inéquitables et irréalistes d'entrée de jeu ? Ils étaient censés, il est vrai, être mis en œuvre à une échelle mondiale. Depuis lors, ils ont toutefois pris un tour régional, voire national, dans certains cas. Cela a-t-il vraiment du sens ?

Les détracteurs du développement durable avancent souvent l'absence d'analyse et de justification, évoquant la difficulté de mesurer des objectifs et des progrès inégaux. Ils pointent également l'absence d'une gouvernance adéquate, en particulier pour ce qui est de l'Afrique.

Dans son exposé, Kofi Annan cite quelques exemples. En Guinée équatoriale, pays qui possède d'importantes ressources pétrolières, l'économie a progressé de 17 % par an en moyenne durant la dernière décennie. La corruption, le vol et l'absence de transparence y sont toujours monnaie courante, tout comme en 2008, lorsque le gouvernement avait dépouillé Rio Tinto de la moitié des droits d'exploitation de ses énormes gisements de minerai de fer, pour les revendre à une autre société à un prix sensiblement inférieur à leur valeur. Et qu'apprend-on ? Deux ans plus tard, cette même société a vendu 50 % de ses droits à une entreprise brésilienne avec un bénéfice estimé à plus de 3000 % sur cette période de deux ans. Ceci dans un pays où les trois quarts de la population vivent toujours dans une pauvreté crasse et où la mortalité infantile figure parmi les plus élevées au monde.

Comment justifier tout cela ?

La plupart des exactions commises par les fonctionnaires ou les entreprises ne sont-elles dues à des lacunes dans les cadres législatifs et réglementaires ? C'est précisément là que la communauté internationale peut faire la différence. Elle doit d'urgence trouver une réponse multilatérale, crédible et efficace à toutes ces malversations. Mais pour que cela soit possible, il faut changer les attitudes et les mentalités.

D'ici là, le monde n'a d'autre choix que d'essayer. Qu'il soit permis d'espérer...

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