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Héritage: le poids émotionnel des objets

Vivre un deuil est une épreuve chargée d'émotions, notamment au moment délicat de la lecture du testament et du partage des biens. Bien qu'habitués, les notaires ne sont jamais totalement préparés, le partage cristallise rancoeurs familiales et dévoile les personnalités.
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Vivre un deuil est une épreuve chargée d'émotions, notamment au moment délicat de la lecture du testament et du partage des biens. Bien qu'habitués, les notaires ne sont jamais totalement préparés, le partage cristallise rancœurs familiales et dévoile les personnalités.

Lorsque les biens sont évalués, il est relativement simple de faire un partage équitable entre les héritiers, mais cela se corse lorsque la charge émotionnelle des objets entre en compte. Incompréhension et disputes ajoutent à la douleur du deuil.

Jeanne me confiait : "Jusqu'au dernier moment elle m'aura fait part de son profond mépris" en parlant de sa mère qui avait légué à sa sœur cadette un tableau qu'elle adorait. Sa mère le savait et n'avait jamais voulu lui donner ce tableau de son vivant et encore moins après sa mort. Le tableau familial n'avait qu'une valeur sentimentale et était caché derrière une porte dans un couloir. Il était devenu, malgré lui, l'emblème des jalousies familiales.

La cadette, trop heureuse de faire rager son aînée qu'elle a jalousée pendant des années, a vendu le tableau pour une bouchée de pain dans un vide-grenier.

Jeanne a été inconsolable pendant des semaines. Moins par la perte du tableau que par le dessin des liens familiaux qui s'étalait devant elle et cette place perdue dans la famille. Le tableau était un paysage peint par sa grand-mère maternelle qui lui rappelait son enfance heureuse passée à ses côtés avant que la cadette arrivée sur le tard lui vole la vedette.

Accepter un héritage n'est jamais simple. Les rancoeurs, les non-dits, les conflits trouvent une nouvelle expression dans le partage des biens et dans la charge émotionnelle qu'ils représentent.

Comment faire face?

La première étape est d'accepter les choses comme elles sont. Elles ne sont pas de votre fait. Par contre, vous pouvez agir sur vos propres sentiments. Oui, vous avez le droit d'être en colère si vos parents ne vous ont pas transmis ce que vous espériez. Mais ne projetez pas de sentiments dans des actes qui ne sont que le fait de votre propre interprétation.

Si votre parent ignorait que vous aimiez par-dessus tout ce meuble, comment lui reprocher de le céder à quelqu'un d'autre? Cela peut non seulement vous renvoyer à un sentiment d'injustice, de ne pas avoir été compris par vos parents. Nous rêvons tous d'être compris à demi-mots, cela signifie que l'on s'intéresse à nos besoins profonds. Mais quand ce n'est pas le cas, ce n'est qu'une question de manque de communication, pas forcément un désamour.

Acceptez que les autres héritiers aussi puissent être déçus et tentez de trouver un terrain d'entente. Ce n'est pas trahir la mémoire des défunts. C'est respecter qui vous êtes à l'instant présent. Un héritage peut se refuser comme les cadeaux peuvent être empoisonnés. Tâchez d'être objectif dans le décryptage de la situation, tâche souvent difficile quand le deuil n'est pas fait. C'est souvent des années plus tard que l'on comprend l'absurdité d'avoir été attaché à certaines choses.

Replacer l'objet à la place qui lui revient

La vraie question est : quelles sont les émotions personnelles que je projette sur cet objet? Le meuble qui vous a échappé vous rappelait votre enfance? Mais qu'est-ce qui est plus important? Les souvenirs qui lui sont associés ou l'objet en lui-même?

Quand vous comprenez que l'objet n'est qu'une transposition de vos émotions personnelles, que ces émotions vous appartiennent et sont indépendantes de l'objet, vous n'en avez plus besoin pour vous souvenir.

De ma grand-mère, il me reste beaucoup d'amour, un bijou et un plat en Pyrex. Dans ce plat, les dimanches, elle préparait une purée maison gratinée des plus savoureuses. 22 ans plus tard, le plat est toujours en service.

Récemment je me suis demandé ce que je ferais si je le cassais. Je serais triste l'espace d'un instant, mais après tout, un plat, cela se remplace. Le plaisir et les souvenirs resteront intacts.

Apprenez à lâcher-prise

Outre sa valeur financière, l'objet n'a de valeur que dans les sentiments que l'on y projette. Jeanne voyait dans son tableau la douceur de sa grand-mère et sa cadette un enjeu de pouvoir. Elle aurait pu lui donner ce tableau et tout le monde aurait été serein. Mais la cadette a préféré être conforme au schéma familial de jalousie que de respecter l'investissement émotionnel de son aînée.

Ces choix sont affaires personnelles. Lors d'un héritage, pensez à l'adage : "Il vaut mieux avoir la paix qu'avoir raison".

Apprenez à laisser partir avec les défunts ce qui ne vous apportera pas de joie. Laissez partir le matériel. Ce n'est pas un dû, ce n'est pas un devoir de mémoire. Il vous appartient de vivre votre vie et de laisser chacun vivre la sienne. C'est une valeur que vous devriez transmettre plutôt que des biens de valeurs. Vivez maintenant!

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