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Nous avons banalisé les rapports sexuels douloureux au détriment  du plaisir féminin

En désapprenant certains mythes au sujet du corps de la femme, nous pouvons favoriser des rapports sexuels mutuellement satisfaisants.
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La sexualité féminine est l'objet de mythes très répandus. L'idée qu'une femme dont l'hymen a été rompu n'est pas vierge ou le lien imaginaire entre l'étroitesse du vagin et le nombre de partenaires n'en sont que quelques exemples bien connus.

Il fut une époque où l'on refusait même d'admettre que les femmes puissent jouir, ce qui explique sans doute pourquoi l'orgasme féminin est encore perçu comme inaccessible ou difficile à atteindre. En conséquence, les femmes ont souvent des rapports sexuels qui leur font du tort.

Parmi tous ces mythes socialement construits, le plus dangereux est probablement celui voulant qu'il soit normal ou acceptable qu'une femme éprouve de la douleur lors de rapports avec pénétration. En envisageant le premier rapport sexuel comme une expérience généralement douloureuse, et en encourageant les femmes à se laisser pénétrer coûte que coûte, nous banalisons des comportements nuisibles à l'atteinte d'une relation mutuellement bénéfique.

En premier lieu, les rapports sexuels ne sont pas censés être douloureux

Comme plusieurs autres femmes, j'ai perdu ma virginité dans des circonstances inconfortables. Je m'attendais à saigner, sans même espérer ressentir quelque plaisir que ce soit. Constatant l'absence de sang une fois l'expérience terminée, je me suis demandé si celle-ci avait été authentique. Mon hymen ne devait-il pas éclater ou quelque chose comme ça?

J'avais accepté une idée courante et complètement fausse à l'effet que l'hymen est une sorte de papier bulle magique servant à protéger ma virginité. S'il est vrai que certaines femmes sentent leur hymen s'étirer lors d'un premier rapport sexuel, plusieurs autres l'étirent elles-mêmes en utilisant un tampon ou en se masturbant pour la première fois. Par ailleurs, il se peut que cette membrane soit minime au point de paraître inexistante. Chose certaine, l'hymen couvre rarement la totalité du vagin. Après tout, il faut bien que le sang menstruel puisse s'écouler!

Je sais maintenant que mon premier rapport sexuel a été tout à fait authentique, même si je n'ai pas perdu une goutte de sang.

Les femmes nées avec un hymen recouvrant la totalité de leur canal vaginal ont généralement recours à la chirurgie pour enlever les tissus excédentaires. Bref, le lien entre l'hymen et la virginité est très mal compris. Je sais maintenant que mon premier rapport sexuel a été tout à fait authentique, même si je n'ai pas perdu une goutte de sang.

Je croyais également que la douleur était le prix à payer pour devenir une femme sexuellement active. En rétrospective, j'aurais aimé que mon partenaire et moi comprenions la véritable nature de la virginité. Je lui aurais peut-être demandé de ralentir ou pris moi-même la liberté de relaxer. Malheureusement, notre deuxième rapport sexuel a été pénible, et j'ai trouvé les troisième et quatrième tout aussi difficiles à apprécier.

Dites-lui de ralentir et de prendre son temps

En tant que femme, je constate que l'accent mis sur la pénétration a eu un effet sur mon comportement dans la chambre à coucher. Peu importe mon degré d'inconfort, je croyais avoir du mérite à endurer celui-ci sans rien dire. Par contre, je n'ai jamais entendu dire que les hommes devaient continuer à copuler même s'ils ressentaient de la douleur. Bref, j'ai trop souvent permis à des hommes de me ramoner jusqu'au col de l'utérus même si leur pression provoquait un inconfort. Maintenant, je n'hésite plus à demander à mes partenaires de ralentir ou de me pénétrer moins profondément. Au risque de me répéter, je crois avoir droit à rapports sexuels agréables!

Avec l'importance que nous accordons à la pénétration, il peut être honteux d'aborder de telles dysfonctions sexuelles.

La douleur devrait être considérée comme un indicateur que quelque chose ne tourne pas rond. Elle peut nous encourager à modifier certaines pratiques sexuelles ou attirer l'attention sur des problèmes plus graves. Le vaginisme et la vulvodynie sont des troubles de santé bien réels qui peuvent rester non diagnostiqués si l'inconfort féminin n'est pas pris au sérieux. Avec l'importance que nous accordons à la pénétration, il peut être honteux d'aborder de telles dysfonctions sexuelles. En tant que femmes, nous risquons d'éprouver un sentiment d'échec du seul fait d'habiter notre corps.

Les femmes devraient apprécier le sexe autant que les hommes

Les rapports sexuels ne sont pas censés être douloureux. Notre banalisation de la douleur est à la fois incongrue et problématique. Le plaisir sexuel féminin doit occuper une place aussi centrale que le plaisir de nos partenaires masculins. En désapprenant certains mythes au sujet du corps de la femme, nous pouvons heureusement favoriser des rapports sexuels mutuellement satisfaisants.

Ce texte a d'abord été publié sur Bellesa.co et sur le HuffPost Canada.

Avril 2018

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