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25 000 personnes hors d'atteinte des bombes

Bravo au nouveau gouvernement d'avoir fait preuve de leadership et son devoir d'accueil de personnes en danger.
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Tard en soirée samedi dernier, un avion transportant le 25 000e réfugié syrien atterrissait à l'aéroport de Dorval. Il s'agit d'une étape importante dans la réinstallation des réfugiés syriens qui fuient la persécution et qui n'ont aucun espoir de répit. Il faut prendre le temps de le dire : bravo au nouveau gouvernement d'avoir fait preuve de leadership et son devoir d'accueil de personnes en danger. Là où se dresse une liste interminable de pays qui échouent lamentablement au test d'humanité et au respect des conventions de Genève et autres conventions de droit humanitaire international dans ce conflit syrien, le Canada a décidé de se tenir debout. La Syrie fait perdurer ce conflit et rechigne à l'aide humanitaire, la communauté internationale est sourde aux appels de porter de potentiels crimes de guerre devant la justice, les flux d'armes ne tarissent pas, l'Europe faillit à son devoir d'accueil et dresse des murs de barbelés comme cadeau de bienvenue, les pays du Golfe et les États-Unis regardent ailleurs.

Au Canada, 25 000 personnes échappent ainsi aux bombes, aux arrestations et exécutions arbitraires, à la faim, à la déchirure de voir des membres de leur famille disparaître, être torturées ou mourir. Ce sont 25 000 personnes loin de leur maison, de leur culture, de leur ville... et qui doivent s'adapter et refaire leur vie ici.

Il nous importe à tous - à tous les paliers gouvernementaux en premier - de mettre autant d'efforts sur l'intégration et la réinstallation durable que sur l'accueil. Des programmes et des actions doivent suivre pour rendre accessibles les droits économiques et sociaux et s'assurer que les discriminations ne sont pas acceptables.

Mais nous devons aussi nous départir de nos préjugés sur les réfugiés : ils sont en danger et non dangereux. C'est le titre de notre livret élaboré avec l'aide des caricatures de Garnotte - nous faisons le pari que l'humour est universel - pour défaire des préjugés tenaces.

Parlons-en : nous n'accueillons pas la misère du monde ; les critères de sécurité et de sélection sont stricts ; la diversité est une force ; les accommodements religieux sont le dernier de leurs soucis ; ils n'ont pas fait le choix d'être réfugiés ; ils ne profitent pas de nos programmes sociaux ; ils ne volent pas nos jobs.

Nous comptons promouvoir ce livret, faire des formations, atteindre le plus de monde possible au Québec et dans le reste du Canada pour éduquer et réduire les craintes non fondées. Bienvenue aux réfugiés !

Le rôle du Canada ne se termine pas avec l'accueil de ces 25 000 personnes. Il peut en accueillir plus et viser des objectifs en ce sens à court et long terme. Il doit continuer la réforme des lois canadiennes qui sont contraires au droit international, il doit aussi favoriser les réunifications familiales en permettant que des personnes en Syrie (qui n'ont pas de statut de demandeurs d'asile) puissent rejoindre leur famille ici.

Le Canada doit aussi ne pas réduire ses cibles d'accueil de demandeurs d'asile provenant d'autres pays, car malheureusement il existe des crises dans des régions en Afrique ou ailleurs au Moyen-Orient qui demandent que le Canada joue son rôle de havre sécuritaire pour ces personnes qui fuient aussi.

Il reste des défis en termes d'intégration, mais l'expérience récente prouve que ces défis peuvent être surmontés. Le Canada devrait se doter d'objectifs qui mettent en lumière cette vérité que trop d'États bafouent : les droits humains, c'est surtout dans les moments difficiles qu'il faut avoir le courage de les appliquer.

Enfin, le Canada doit montrer l'exemple et engager l'ensemble des pays à rechercher une solution véritablement globale à cette crise des réfugiés, car ce n'est pas tant une crise des réfugiés qu'une crise de l'accueil : tous les pays doivent y participer. Des solutions globales, et non régionales, portées sur le droit humanitaire et le respect des droits humains, doivent émerger et permettre le partage, l'accueil et l'installation. Il est vital que les personnes qui fuient le danger aient tous quelque part de sécuritaire où aller, et qu'ils puissent y aller sans obstacles, vers des pays adoptant un processus juste et équitable d'accueil.

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