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Le débat sur le climat est clair : les énergies fossiles doivent rester dans le sol

Un mouvement social qui s'oppose aux oléoducs ne fait que continuer pendant ces élections, en réclamant des politiques alignées avec la science.
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Il y a un peu plus d'une semaine, Stephen Harper annonçait que les changements climatiques ne faisaient pas partie des priorités de la campagne électorale fédérale. Il n'y a que deux thèmes acceptables: l'économie et la sécurité, nous dit-il.

Pas étonnant venant d'un premier ministre qui, de passage au Nouveau Brunswick jeudi dernier, choisit la raffinerie d'Irving Oil comme arrêt de campagne à Saint-Jean, là où serait implanté le terminal maritime d'exportation des 1,1 million de barils de pétrole par jour de l'oléoduc Énergie Est.

Reçu avec enthousiasme par les dirigeants d'Irving, Stephen Harper en a profité pour rappeler aux partisans et aux électeurs son fervent soutien au projet de pipeline - et critiquer bien évidemment ses opposants à cet égard.

Peu importe ce que Stephen Harper en pense, depuis six semaines, l'enjeu des oléoducs et du climat est bel et bien visible et talonne les chefs des trois partis principaux. De Winnipeg à Montréal, en passant par Toronto et Québec, Thomas Mulcair, Justin Trudeau et Stephen Harper ont tous les trois été confrontés en public par des questions dérangeantes pendant leurs événements de campagne, parfois au beau milieu de leur discours devant les caméras. À coup d'interventions et d'interruptions créatives - deux par semaine en moyenne depuis le début des élections - des citoyens cherchent à obtenir des engagements clairs dans la lutte aux changements climatiques.

Sans toutefois se mouiller davantage, Justin Trudeau et Thomas Mulcair ont tous deux réaffirmé leur volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le Parti libéral a parlé d'infrastructures vertes, le NPD de réinvestissement majeur dans les énergies renouvelables - des déclarations qui, par ailleurs, sont survenues à plusieurs reprises au lendemain de coups d'éclats pendant leur discours. Trudeau et Mulcair ont aussi maintenant tous deux promis de réformer l'évaluation environnementale pour les projets d'oléoducs et d'y inclure les impacts climatiques. Chacun s'est dit engagé à recommencer les processus d'évaluation pour les projets Énergie Est et Kinder Morgan du début.

Mais la question qu'ils évitent est celle qui leur a pourtant été posée à répétition: qu'allez vous faire pour faire respecter les engagements du Canada en terme de climat, sachant que les faits scientifiques indiquent que 85% des réserves pétrolières d'Alberta doivent rester inexploitées si l'on veut garder le réchauffement climatique sous le seuil de 2 degrés?

Des politiques à la hauteur du défi?

Lors du premier débat télévisé des chefs au mois d'août, chacun des partis présents avait pu afficher ses couleurs quant à l'environnement et aux oléoducs. Quelques jours après, la député du NPD à Toronto, Linda McQuaig, avait suscité la controverse avec ses commentaires qui référaient à l'étude publiée dans la prestigieuse revue scientifique Nature, une feuille de route appelant à garder les plus grandes réserves de combustibles fossiles dans le sol afin de réussir à limiter le réchauffement climatique.

Au Canada, cela voudrait dire un engagement à mettre un gel sur l'expansion des sables bitumineux - quelque chose que plus de 100 scientifiques d'Amérique du Nord ont demandé au mois de juin.

Il ne s'agit pas de tout arrêter du jour au lendemain, mais plutôt de se donner les moyens d'entamer une transition pour sortir du pétrole et se doter de solutions équitables et respectueuses des droits autochtones pour y arriver. Et pourtant, aucun parti ne semble envisager cette démarche sérieusement.

L'économie a en effet jusqu'à maintenant dominé les discours de campagne, ce qui rend l'absence de propositions ambitieuses sur la transition exigée par la lutte aux changements climatiques d'autant plus flagrante, à l'heure où l'on sait que l'économie canadienne est vulnérable à la volatilité des cours du pétrole et que les appels au désinvestissement des énergies fossiles se multiplient. Devant un problème d'ampleur planétaire qui demande des mesures sans précédent pour sortir du statu quo, on est encore loin du débat de société nécessaire.

Le prochain débat des chefs qui se tiendra demain à Calgary, au cœur de la province productrice des sables bitumineux, portera sur l'économie. À l'instar des coups d'éclats qui talonnent les chefs de partis depuis six semaines, les débats des chefs verront des mobilisations à Calgary, Toronto et Montréal, où les citoyens exigeront des politiciens qu'ils définissent une vision ambitieuse pour notre avenir collectif.

Depuis des années, un mouvement social qui s'oppose aux oléoducs prend racine et grandit partout au Canada pour protéger l'eau, l'air et l'environnement, et demander des solutions énergétiques - il ne fait que continuer pendant ces élections en réclamant aujourd'hui des politiques alignées avec la science qui nous dit de laisser la majorité des sables bitumineux dans le sol.

La marche à suivre est pourtant claire: le prochain premier ministre ira à Paris à la fin de 2015, quelques semaines après s'être installé à Ottawa, pour le sommet COP21 sur le climat. Il lui faudra arriver non seulement avec d'ambitieuses cibles de réduction de gaz à effet de serre, mais avec un plan concert pour les atteindre. Avec cinq semaines avant le jour du scrutin, on peut s'attendre à ce que le climat continue à s'inviter dans la campagne électorale comme enjeu incontournable, à la fois dans les rues et sur Twitter avec #climatELXN.

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