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Aide au suicide: quid du consentement libre et éclairé?

La question du consentement libre et éclairé a été et demeure au centre du plaidoyer en faveur de l'euthanasie et du suicide assisté.
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Il y a deux jours, nous apprenions dans Le Devoir que la Loi concernant les soins de fin de vie a été modifiée pour s'ajuster à la loi fédérale. Entre autres, une période de réflexion de 10 jours a été ajoutée, de même que la validation de la demande par deux témoins indépendants. Bref, des mesures pour réduire les risques associés à une décision aussi grave et sans retour possible que celle de demander la mort.

Ces changements apportés à la loi québécoise nous rappellent par ricochet qu'il existe bel et bien des risques d'abus, et nous replongent donc au cœur d'un problème fondamental concernant toute aide au suicide: le consentement libre et éclairé.

La question du consentement libre et éclairé a été et demeure au centre du plaidoyer en faveur de l'euthanasie et du suicide assisté. Outre la volonté de rassurer la population pour faire adopter une nouvelle pratique sociale problématique, cette question soulève les risques de pression que pourraient subir des personnes en situation de grande vulnérabilité.

En affirmant qu'une loi bien écrite aiderait à protéger les gens contre toute incitation au suicide dans des moments de très grande fragilité, les défenseurs de l'euthanasie ont réussi à faire passer ce geste de mesure exceptionnelle au rang de bienfaiteur public. Comme nous le lisons régulièrement dans les médias, toute éventuelle restriction (même prudente) se trouve alors décriée comme une injustice.

Or, de la même façon qu'il est concrètement impossible de mesurer et de quantifier la liberté de tout un chacun, il sera toujours très difficile de retracer et de chiffrer tous les cas d'abus et de pression entourant l'euthanasie et le suicide assisté. Et pour cause.

D'une part, outre le fait que les personnes décédées par euthanasie ne sont plus là pour témoigner, les personnes qui pratiquent ce geste sont les mêmes personnes qui écrivent les rapports. Un peu comme si les policiers adoptaient toujours le témoignage des accusés comme étant la version officielle des faits. En ce sens, il semble naïf de croire qu'un médecin coupable va lui-même indiquer sa faute dans son propre rapport...

Sans oublier que sur ces rapports médicaux, le gouvernement a explicitement demandé de ne pas inscrire «aide médicale à mourir» (euthanasie) comme cause du décès. Trouvez donc Charlie!

D'autre part, les personnes abusées - et c'est un fait bien connu - sont très souvent les dernières à le reconnaître. Imaginons donc le cas d'une personne qui serait amenée à demander la mort sous pression (par crainte) de son entourage: comment penser qu'elle aura tout d'un coup le courage de le déclarer à son médecin alors qu'elle est prête à mourir pour obéir à la pression?

Par contre, même s'il sera toujours difficile de recenser la plupart des abus clandestins, il nous est déjà possible de les entrevoir quand on examine le traitement public réservé aux médecins qui refusent l'euthanasie. D'un côté, on exalte la puissance des mots «libre et éclairé»; de l'autre, on s'acharne publiquement (bullying) sur les médecins «réfractaires». Ironiquement, on les menace et on les discrédite pour les pousser (pression) vers le choix de cette solution présentée comme devant être «libre et éclairée».

En conséquence, malgré le droit fondamental à «l'objection de conscience», les médecins et autres «opposants» subissent au grand jour la même pression qu'ils appréhendaient pour les personnes vulnérables: ils sont forcés d'adopter l'euthanasie comme étant une «bonne» solution alors qu'ils sont convaincus du contraire.

Dans ces conditions, difficile de croire que le sort des personnes faibles et fragiles sera différent de celui des personnes fortes et en santé...

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