Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Réponse à Jessie Mc Nicoll: vous avez la «médiaphobie»

Pourquoi ne pas simplement remplacer ces termes qui souffrent d'une définition par des termes clairs et nets: pourquoi ne pas remplacer la notion d'islamiste par terroristes?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Dans un billet publié le 28 septembre sur les blogues du Huffington Post Québec, une blogueuse au nom de Jessie Mc Nicoll nous fait part de ses craintes face à la montée du phénomène de l'État soi-disant islamique, et affirme qu'elle est islamophobe puisqu'elle a peur de ce groupement, ou encore qu'elle est «islamistophobe» puisqu'elle a une crainte invétérée des mouvements prônant l'islam politique, dont notamment l'islam saoudien ou d'autres monarchies ou pétromonarchies moyen-orientales.

Une guerre de la sémantique

En France, et cela depuis les attentats de Paris et Vincennes du 7 janvier, beaucoup d'intellectuels demandent à ce que les termes soient une bonne fois pour toute définis. Les musulmans de France et d'ailleurs en ont effectivement marre de l'utilisation fallacieuse des termes. Pour ne prendre l'exemple que du terme «islamisme», ce dernier renvoie à quoi exactement? Dans le fantasme populaire, évidemment, celui-ci va traiter des Saoudiens qui oppressent les femmes, coupent des mains et tuent impunément des innocents.

Mais peut-on réellement affirmer que les Saoudiens gouvernent de manière islamique? Une brève lecture du monde musulman vous permet de comprendre que l'Arabie saoudite n'est pas le pays révérencieux auquel on prononce le mot «amen» à chaque fois qu'il se prononce. L'attachement des musulmans du monde à l'Arabie saoudite n'est pas lié au pouvoir en place, mais à la stature du prophète de l'islam et à l'histoire de l'islam.

Pourquoi ne pas simplement remplacer ces termes qui souffrent d'une définition par des termes clairs et nets: pourquoi ne pas remplacer la notion d'islamiste par terroristes? Vous vous rendrez compte que la grande majorité des musulmans rejette toute forme de terrorisme. Il suffit simplement de lire et de prendre le temps de comprendre l'islam.

Ce rejet de la violence et du terrorisme ne se fait pas par le truchement d'une doctrine interprétée: le Coran au sens littéral interdit toute forme de violence. Si l'autorisation a été donnée de combattre, celle-ci a toujours été défensive et non offensive. Elle a toujours été proportionnée et non disproportionnée. Surtout et au-delà de tout, elle a été donnée si la liberté de religion est menacée elle-même dans des conditions très violentes. Enfin, le Coran enjoint et oblige les musulmans à faire la paix lorsque les hostilités cessent.

La question du financement de l'ÉI

Vous écrivez, sûrement à juste titre, que «Les islamistes existent. Ils contrôlent de nombreux pays, sont riches, et financent des conquérants, comme le groupe armé État islamique.» Et vous traitez ensuite de la question du Djihad islamique.

Or, encore une fois, je me permets de nuancer vos propos. D'abord, parce que le financement est une question qui a également ébranlé les grandes puissances occidentales, incluant le Canada. Si ces groupes armés réussissent à se financer, c'est également grâce à la revente du pétrole sur le marché noir mais également grâce à la revente d'œuvres d'art. Ensuite, il existe également une vraie problématique liée à l'armement de ces groupes qui est très largement mené par nos pays occidentaux que nous pensons démocrates et libres de toute critique.

Concernant le Djihad, le Coran rappelle de manière claire et précise qu'il n'est autorisé qu'à la condition que des musulmans soient délogés de leurs habitations parce qu'ils ont dit qu'Allah est Unique et qu'il doit être mené de façon défensive. Expliquez-moi où est le «Djihad» dans le fait d'assassiner à tour de bras des membres de minorités musulmanes ou encore des Gens du Livre (juifs et chrétiens), sachant qu'il existe le Pacte de Médine?

Tous les problèmes viennent de l'utilisation terminologique abusive que les médias ont laissé suggérer et qui désormais est tellement ancrée dans les mentalités que rien ne peut réellement être lu de manière correcte.

La grande question du voile intégral

La question du voile intégral semble ces derniers temps ébranler totalement l'opinion publique canadienne suite à une décision technique de justice autorisant un accommodement raisonnable sur la question.

Si l'on devait s'arrêter sur les stipulations coraniques, le voile intégral qui masque la totalité du faciès n'est effectivement pas enjoint. Il est demandé à la femme de couvrir ses cheveux et ses parties attirantes, et cette injonction a du sens: d'abord, parce qu'elle ne fait que reprendre l'injonction biblique, ce qui traduit d'une forme de continuité dans les révélations abrahamiques, mais également parce que la femme doit être capable d'utiliser toutes les facultés que Dieu lui a octroyées: ses yeux, sa bouche, son nez, ses oreilles, etc. L'inverse n'aurait que très peu de sens.

Mais comme nous le voyons en France, la question du voile intégrale est souvent, dans la panique morale généralisée et la confusion sémantique globalisée, rattachée au voile tout court qui, quant à lui, n'a rien de «choquant» même pour une femme occidentale, qui le portait il n'y a pas si longtemps que cela. Et le déplacement de la problématique engendre des déplacements de discriminations (au faciès, à l'embauche, etc.)

Enfin, la problématique de ces femmes qui veulent être plus royalistes que le roi se trouve également dans le chaos semé au Moyen-Orient. Bien que les musulmans soient responsables des normes farfelues ajoutées, de la corruption des élites, ou encore d'une pratique qui se déconnecte totalement des enseignements sacrés, il n'en demeure pas moins que nous, en tant que pays occidentaux, avons largement favorisé la déstabilisation de ces pays pour des intérêts personnels.

Ne serait-il pas également le temps que nous fassions, en même temps que notre bilan social, le bilan de nos interventions internationales? Nous nous rendrons bien vite compte que l'ensemble des problématiques trouve sa source dans la carence d'une justice absolue nécessaire dans tous les domaines de la vie.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

No. 10: Djibouti

Les pires pays arabes pour les femmes

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.