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Barack Obama nous a demandé de l'épauler: voici une liste de choses à faire pour commencer

Un système bipartite a besoin d'une opposition loyale - mais une opposition loyale fondée sur les faits et la réalité. En leur absence, une critique constructive devra venir du parti démocrate lui-même, ainsi que des indépendants et des républicains qui sortiront de la bulle dans laquelle ils vivaient jusqu'ici.
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President Barack Obama speaks at the annual Veterans Day commemoration at Arlington National Cemetery in Arlington, Va., Sunday, Nov. 11, 2012. (AP Photo/Manuel Balce Ceneta)
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President Barack Obama speaks at the annual Veterans Day commemoration at Arlington National Cemetery in Arlington, Va., Sunday, Nov. 11, 2012. (AP Photo/Manuel Balce Ceneta)

Depuis les élections, les conversations ont beaucoup tourné autour des républicains - pourquoi ils avaient mal interprété les données, comment ils vont se rassembler de nouveau et comment les changements démographiques vont les défavoriser à long terme. Mais dans l'immédiat, le sujet le plus urgent est le nouveau mandat présidentiel qui va débuter le 21 janvier prochain avec un pays qui doit faire face à une myriade de problèmes pressants. Comment le nouveau mandat du Président Obama pourrait-il être différent ? Il est assez clair que même si le Président a été réélu, ce n'est pas pour maintenir un statu quo. Les gens ont voté pour réélire celui qui était déjà en place, mais ils ont aussi voté pour le changement.

Le Président a fait campagne sur l'idée de le laisser finir son travail. Et il y a en effet beaucoup de tâches à finir - mais aussi beaucoup qui restent à accomplir. Le Président a toujours l'opportunité de devenir un "grand réformateur". Ou plus précisément, il a le potentiel pour faire de son mandat une présidence réformatrice, parce que comme il l'a dit et répété, pour accomplir ces changements, nous avons tous besoin d'y participer activement. C'est un thème qu'il a exposé lors de son discours d'intronisation cette année à la convention nationale démocrate. Voici ce qu'il a déclaré à Charlotte :

"(...) Le chemin que je propose (...) demandera un effort commun, une responsabilité partagée (...). Aidez-moi à recruter 100 000 nouveaux enseignants de mathématiques et de sciences dans les dix prochaines années (...). Aidez-moi à donner à deux millions d'employés l'opportunité de pouvoir apprendre de nouvelles techniques à leurs IUT qui les mèneront directement à de nouveaux emplois. Aidez-nous à travailler avec les universités pour réduire de moitié l'augmentation des coûts d'inscription universitaire dans la prochaine décennie. Nous pouvons parvenir à ce but ensemble. Les élections il y a quatre ans ne me concernaient pas. Elles vous concernaient. Mes chers concitoyens, c'est vous qui représentez le changement (...). C'est vous qui avez le pouvoir de nous faire avancer."

Et il est revenu sur ce même thème le soir des élections.

Il est possible d'interpréter ces exhortations comme un écho de Franklin Delano Roosevelt répondant aux syndicalistes qui lui réclamaient des réformes : "Je suis d'accord avec vous, je veux le faire, mais il faut que vous m'y aidiez." Et nous avons vu ce genre de pression à l'oeuvre ces derniers mois. Alors que la politique de la Maison-Blanche traînait loin derrière l'opinion publique, les groupes défendant les droits des homosexuels ont mis la pression sur l'administration pour se débarrasser du Don't Ask Don't Tell à l'armée et soutenir (ou tout du moins, ne pas s'afficher contre) le mariage gay. La pression a fonctionné. La réforme de l'immigration et les défenseurs des Latinos ont aussi fait pression sur l'administration qui, en juin, a donné l'ordre de suspendre provisoirement la déportation d'un million d'enfants et de jeunes sans papiers (et bien sûr, la nécessité de courtiser le vote des latinos y a aussi été pour quelque chose).

Le silence ou un soutien sans conditions de la part des supporters n'auraient certainement pas conduit à ces changements de politique - des changements qui, par ailleurs, ont aidé Obama à se faire réélire. Le Président a tracé la route à suivre. Il n'a pas dit : "Suivez-moi". Il a dit : "Poussez-moi".

Lors de son one man show le week-end dernier, Bill Maher a réprimandé des progressistes qui étaient tellement déçus par Obama qu'ils voulaient boycotter les élections : "C'est comme si vous disiez qu'en raison des problèmes que vous avez avec votre baby-sitter, vous allez mettre les enfants au milieu de la route." Et bien, les progressistes n'ont pas déserté les urnes et nous gardons notre baby-sitter pour quatre nouvelles années. Notre devoir est d'aider cette baby-sitter à faire son travail le mieux possible.

Durant la campagne, même les critiques constructives envers l'administration ont été considérées par certains démocrates comme faisant le jeu de la partie adverse. Et bien, que vous soyez ou pas d'accord avec ce point de vue (et je ne le suis pas), c'est désormais sans intérêt. Les élections sont finies. Remettre en question la politique d'Obama et parler contre elle ne va ramener Romney à la présidence. Mais cela peut aider Obama à endosser le rôle du grand réformateur qu'il nous a laissé entrevoir.

En fait, voici plusieurs problèmes actuels qui déclencheraient sans doute une levée de boucliers chez certains démocrates, si le Président Bush, et non pas le Président Obama aux était aux commandes. Maintenant que le danger de voir quelqu'un d'autre occuper le Bureau Oval s'est éloigné, nous n'avons plus aucune excuse pour ne pas faire ce que le Président nous a demandé - accomplir nos devoirs en tant que citoyens et nous engager "dans le dur mais nécessaire travail de ce que nous pouvons accomplir nous-mêmes".

Voici une liste non exhaustive de ces problèmes:

Saisies

Pour régler la crise immobilière, en 2009, le Président a annoncé en fanfare le Home Affordable Modification Program (HAMP). Doté de 50 milliards de dollars, le programme devait aider jusqu'à 9 millions de personnes d'échapper à la saisie en réduisant leur prêt. En juin 2012, seules 2,3 millions de personnes avaient bénéficié de cette aide et seulement 4 milliards des 50 milliards de dollars alloués avaient été dépensés. Pendant ce temps, presque 20 % des emprunts américains sont toujours dans le rouge avec 13 millions de propriétaires devant un total de 650 milliards de dollars de plus que la valeur de leurs maisons. Le résultat ? Des millions de citoyens sont toujours menacés de saisies.

L'HAMP est à l'évidence inadéquate. Comme Paul Kiel de ProPublica l'a écrit "le gouvernement a peu supervisé et n'a administré que peu de sanctions, les agences de recouvrement ont examiné 2,7 millions de demandes de modification et ont refusé les deux tiers d'entre elles". Le département du Trésor "a dorloté les agences de recouvrement qui ne se conformaient pas aux règles du programme". Or comme Ben Hallman du HuffPost l'a expliqué, "la décision de reprendre des mains de l'administration ces programmes pour les confier à des compagnies d'emprunts en sous-effectif et peu motivées a été un désastre tactique".

La plupart des critiques visent surtout le directeur intérimaire de l'Agence fédérale de financement de l'immobilier, Edward DeMarco, qui s'est opposé aux principales réductions et qui est devenu un barrage humain à la réforme. Le Président doit lui retirer son poste le plus rapidement possible lors de son second mandat. Cependant, certains s'interrogent sur le changement profond de l'administration sur les principales réductions et croient que l'engagement tout nouveau dans cette politique du secrétaire Geithner est, comme l'ancien inspecteur général TARP le dit, "une posture politique".

L'économie ne va pas reprendre jusqu'à ce que la crise immobilière soit enfin - et sérieusement - réglée.

Les drones

Mercredi dernier, alors que des dizaines de millions d'Américains célébraient les résultats des élections, les habitants d'un village du Yémen triaient les gravats laissés par ce qui semblait être une nouvelle attaque de drones. Y a-t-il eu des civils parmi les militants tués ? Et les supposés militants en étaient-ils vraiment ? Nous ne le savons pas parce que l'administration a du mal à reconnaître l'existence d'un programme de drones. Mais comme Josh Hersh du HuffPost l'écrit, "au point actuel, l'administration Obama, qui a largement augmenté l'usage des drones et d'attentats ciblées ces quatre dernières années, a fait peu pour apaiser les inquiétudes quant à la légalité et à l'utilité des programmes".

Pour reprendre les mots de Gregory Johnsen, auteur du livre "The Last Refuge: Yemen, al-Qaeda, and America's War in Arabia": "On ne sait pas du tout ce que fabriquent les Etats-Unis au Yémen, à part qu'ils larguent des bombes et que des gens y meurent. Qui sont ceux qui meurent, et est-ce qu'ils appartiennent ou non à Al-Quaïda, on n'en sait rien".

Et comme Micah Zenko, un expert en drone au Conseil des relations internationales, l'explique, le cadre légal de l'administration pour décider qui meurt se limite en gros à dire : "Faites-nous confiance".

En fait, le Président Obama a intensifié l'usage des drones durant son premier mandat et le laisser continuer cette politique sans la remettre en question lors de son second mandat pourrait avoir de graves conséquences : "Aussi bien l'administration Bush que celle d'Obama ont vraiment laissé tomber l'idée de créer un cadre légal et éthique" affirme Johnsen. "Cela va devenir un vrai problème pour l'administration dans les années à venir." Cela va aussi nous rendre bien plus vulnérable à l'avenir, puisque cela embrase le sentiment d'anti-américanisme et nous fait jouer le jeu des ennemis".

Une étude menée par des chercheurs à NYU et à Stanford a révélé que certaines de ces conséquences frappent ceux qui vivent et ceux qui meurent sous la politique actuelle. Le bureau des investigations journalistiques estime qu'entre 2004 et 2012, 881 civils ont été victimes de drones, dont 176 enfants. Le nombre de cibles majeures tuées n'occupe que 2 % du nombre total de victimes. Les auteurs de cette étude expliquent :

"Les drones ont survolé 24h/24 des communautés du nord-ouest du Pakistan, frappant sans prévenir des habitations, des véhicules, et des espaces publics. Leur présence terrorise les hommes, les femmes et les enfants, créant de l'anxiété et des traumatismes psychologiques dans les communautés civiles. Ceux qui vivent sous les drones doivent faire face à l'inquiétude constante qu'une frappe mortelle puisse survenir à n'importe quel moment et à la certitude qu'ils sont impuissants à se protéger... Certains parents choisissent de garder leurs enfants à la maison et les enfants blessés ou traumatisés par les frappes ont arrêté l'école."

Il s'agit là d'un problème qui va au delà des clivages politiques. L'écrivain conservateur Ramesh Ponnuru fait remarquer que "la moralité de la politique" mérite plus de débat. "Les groupes libéraux qui auraient pu être enclins à manifester contre cette politique sont restés silencieux parce que c'était Obama qui l'avait mise en place" écrit-il. "Le manque de débat sur le fait que nous nous appuyons sur des drones est une honte, parce qu'il y a autant d'objections pratiques que morales à y faire."

On ne manque cependant pas d'objections au niveau international. Sur les 20 pays interrogés par le Centre de recherche Pew, 17 avaient des majorités contre l'usage de drones par les Etats-Unis. Et en septembre dernier, lorsqu'on lui a demandé si le Pakistan devenait anti-américain, la ministre des affaires étrangères pakistanaise, Hina Rabbani, a simplement répondu : "drones".

Et au delà de la moralité, il y a d'abord la question de la pratique. "Nous avons effectué des frappes pendant près de 3 ans et dans le même temps, le groupe Al-Qaïda dans la Péninsule arabe est passé de 200 à 300 individus à plus de 1000" estime Johnson. "Ce qui revient à dire que l'organisation a au moins triplé de taille."

Malheureusement, il semble y avoir aussi peu de débat à propos de cette politique à l'intérieur de la Maison-Blanche qu'à l'extérieur. "Il y avait quelques dissidents qui avaient un siège à la table" déclare Greg Miller du Washington Post's. "Ils ont perdu ces sièges."

Ces sièges doivent être occupés. Et si ce n'est pas par la Maison-Blanche, par le peuple.

Les prisons

"L'incarcération de masse à une échelle jamais égalée dans l'histoire humaine est un acte fondamental de notre pays aujourd'hui - peut-être son plus fondamental, comme l'esclavage était celui de 1850", écrit Adam Gopnik du New Yorker dans un article à lire absolument. "En vérité, il y a plus d'hommes noirs dans les rouages du système judiciaire - en prison, en probation, ou relâchés sur parole - qu'à l'époque de l'esclavage."

Comme le remarque Gopnik, les 6 millions de personnes sous "surveillance correctionnelle" aux Etats-Unis sont plus nombreuses qu'au paroxysme du Goulag sous Staline. Depuis 1980, le pourcentage d'Américains derrière les barreaux a plus que triplé. Aucun autre pays n'approche ces chiffres » écrit Gopnik. "Dans les dernières deux décennies, l'argent que l'état dépense dans les prisons est monté jusqu'à 6 fois celui dépensé pour l'éducation supérieure."

Il conclut ensuite que "l'étendue et la brutalité de nos prisons sont le vrai scandale moral de la vie américaine".

La lutte contre la drogue

L'une des principales raisons pour lesquelles les Etats-Unis sont devenu une prison est la désatreuse, mortelle et destructrice lutte contre la drogue - une guerre qui n'a même pas été mentionnée lors de la campagne présidentielle. Et même si elle l'avait été, il n'y aurait pas vraiment eu de débat. Selon Ethan Nadelmann , directeur exécutif de l'Alliance de politique de drogue, "pour ceux d'entre nous qui s'inquiètent des problèmes de la lutte contre la drogue, le choix entre Obama et Romney revient à choisir entre une déception et un désastre".

Ou les deux, puisque durant les quarante dernières années, cette guerre désastreuse nous a coûté un milliard. Juste en 2010, 850 000 américains ont été arrêtés pour usage/possession de marijuana. Bien sûr, Obama n'a pas été le seul vainqueur mardi dernier. Les initiatives pour légaliser l'usage de la marijuana sont passées dans le Colorado et l'état du Washington, comme celle pour légaliser la marijuana médicale dans le Massachusetts.

Au niveau national, le soutien pour légaliser le joint a atteint les 50 % pour la première fois l'an dernier. Et le soutien pour arrêter la lutte contre la drogue vient de la politique elle-même - depuis Pat Robertson ("Je crois vraiment que nous devrions traiter la marijuana comme nous traitons l'alcool... Cette lutte contre la drogue n'a eu aucun succès"), jusqu'au gouverneur du New Jersey, Chris Christie ("La lutte contre la drogue, bien que bien intentionnée, s'est révélée un grand échec"). "La droite et la gauche s'alignent contre la lutte anti-drogue" explique Eugène Jarecki, réalisateur d'un documentaire sur le sujet appelé "La maison dans laquelle j'ai vécu". "Ses jours sont comptés. La question est de savoir comment on va emprunter le chemin d'une réforme bien menée".

Plus spécifiquement, la question qui en découle est de savoir si le gouvernement fédéral empruntera ou non la voie de la réforme. Comme pour le mariage homosexuel, personne ne demande à Obama de prendre les devants sur ce sujet. Il est trop tard pour le faire. Le pays est déjà à l'avant-garde. Ce que nous lui demandons en revanche est de se joindre à la nation et la mener vers une réforme radicale et claire de l'usage des drogues. Nous avons besoin d'une déclaration sans équivoque de la Maison-Blanche selon laquelle les autorités fédérales délègueront aux responsables locaux la régulation" indique Nadelmann.

Mais ceci est peut-être déjà trop espérer au vu de la fermeture des dispensaires en Californie décidée par le gouvernement fédéral avant les élections. "Une fois que ces états auront vraiment essayé de mettre en place ces lois" prédit Kevin Sabet, ancien conseiller du Bureau de politique nationale de contrôle des drogues sous Obama, "les autorités fédérales feront tout pour les empêcher".

En attendant, si vous voulez savoir comment vous impliquer directement dans la réforme des prisons et de la lutte anti-drogues dans votre communauté, visitez le site Internet de Jarecki.

Le changement climatique

Comme Tom Zeller du HuffPost l'a écrit, c'était la première campagne depuis les années 1980 durant laquelle les candidats n'ont pas été interrogé sur le sujet, ni ne l'ont amené eux-mêmes sur le tapis. "Je pense que c'est irresponsable de la part de nos chefs de ne pas évoquer l'un des plus grands défis auxquels doit faire face notre génération" estime Phil Radford, directeur exécutif de Greenpeace USA. "C'est l'une des plus grandes menaces pour notre sécurité - c'est une menace pour l'agriculture, pour notre économie. Et ne pas en parler est l'un des plus grands échecs de notre leadership."

Bien sûr, même si aucun des candidats ni les médias ne souhaitaient débattre du changement climatique, la nature a forcé son irruption dans les conversations publiques sous la forme de l'ouragan Sandy. Et contrairement à une question lors d'un débat, ce dernier ne pouvait ni être ignoré, ni écarté. "La tempête Sandy doit nous servir de sonnette d'alarme" a écrit le républicain Ed Markey. "Le changement climatique n'est plus un problème lointain. Il est désormais à notre porte. Nous devons considérer la façon de gérer les facteurs sous-jacents qui alimentent ces évènements météorologiques extrêmes." Ou pour reprendre les mots d'Andrew Cuomo, le gouverneur de New York, "quiconque prétend qu'il n'y pas de changement dramatique dans les phénomènes météorologiques nie la réalité".

Mais le terrible bilan humain et financier de Sandy a montré qu'il ne suffisait pas de reconnaître le changement climatique. Cette opportunité-là s'est déjà envolée. Nous devons faire quelque chose contre ce changement.

Lors de son discours de victoire, le Président Obama a mentionné vouloir que nos enfants vivent dans une Amérique "qui n'est pas menacé par la puissance destructrice du réchauffement planétaire." Mais la politique énergétique à laquelle il a fait le plus allusion lors de sa campagne ressemblait plus à un concours pour savoir qui de Romney ou de lui emporterait l'oscar du meilleur défenseur des combustibles fossiles. "L'administration a eu trop peur de s'attaquer aux intérêts privés", estime pour sa part Wenona Hautner, de Food & Water Watch.

Certes, Obama a mentionné les technologies vertes et les ressources d'énergies renouvelables mais une approche "tous azimuts" ne suffit pas. "Ce que je retiens", a déclaré Haunter, "c'est que si nous voulons obtenir des résultats concrets, il va falloir lui forcer la main".

Exactement. Les électeurs doivent le pousser à agir. Bien qu'à ce propos, nous bénéficierons sûrement d'un petit coup de pouce de Mère Nature qui a déjà affiché sa position non négociable.

Les élections

Est-ce que ce ne serait pas formidable si 2012 pouvait être la dernière année de nos élections façon Tiers Monde ? En fait, c'est injuste ce que je dis, il y a beaucoup du pays du Tiers Monde qui organisent leurs élections bien mieux que nous. Comme nous le faisons tous les quatre ans, nous nous rendons aux urnes puis nous nous étonnons de la façon scandaleuse dont fonctionne notre système de vote. Une fois de plus, il y a eu des machines cassées, des bulletins perdus, des centres de vote fermant alors qu'ils ne le devaient pas, un patchwork de règles contradictoires, et bien sûr des queues monstrueuses - trois heures à D.C., cinq heures en Virginie, neuf heures en Floride.

"Il n'existe aucun autre pays - y compris des systèmes fédéraux comme l'Allemagne, le Canada et l'Australie" écrit David Frum, "dans lequel la chance de voter pour les citoyens dépend de l'affluence et de la compétence de son gouvernement local."

Comme une mécanique bien huilée, tous les quatre ans, le président victorieux dit qu'il va faire quelque chose pour améliorer le système d'élection. Et pourtant, comme le rapporte Dan Froomkin, "Obama n'a pas vraiment fait de l'amélioration du processus de vote une grande priorité lors de son premier mandat."

Le Président a bien mentionné les problèmes pour voter dans son discours de victoire, quand il a remercié tous ceux qui avaient voté, "que vous votiez pour la première fois, ou que vous ayez fait la queue très longtemps". Il a ensuite improvisé : "Au fait, nous devons régler ce problème".

Et bien c'est justement le souci. L'intégralité de notre système de vote est une série d'improvisations. Mais pour vraiment l'améliorer, il va falloir plus qu'un commentaire désinvolte tous les quatre ans.

Comme Brad Plumer l'a écrit, il y a beaucoup de choses que le Président peut faire - il en cite cinq, y compris moderniser le système d'inscription des électeurs et reprendre en main les systèmes des états considérés "zones de désastre électoral". Obama pourrait aussi allonger la période de vote par anticipation ou faire du jour des élections une fête nationale, des options défendues par le groupe "Pourquoi le mardi ?". Pour reprendre les mots de Jacob Soboroff du HuffPost Live, qui en fait partie : "Si [Obama] ouvre la voie, les Etats-Unis peuvent passer de pays ayant le pire taux de participation électorale du monde au pays ayant le meilleur. Mais le fera-t-il ? Je l'espère, mais je n'en suis pas si sûr."

Aucun d'entre nous ne peut l'être. Et c'est pourquoi nous devons continuer à faire pression sur toutes ces questions. Un système bipartite a besoin d'une opposition loyale - mais une opposition loyale fondée sur les faits et la réalité. En leur absence, une critique constructive devra venir du parti démocrate lui-même, ainsi que des indépendants et des républicains qui sortiront de la bulle dans laquelle ils vivaient jusqu'ici (le sénateur Rand Paul a fait quelques pas dans cette direction cette semaine). Je n'écarte pas les obstacles qui se dresseront sur la route menant au règlement de ces problèmes. Mais cela ne signifie pas que nous devons ignorer ces questions importantes - ou laisser le Président les ignorer.

Lors de son discours de victoire, le président a déclaré : "Que j'ai obtenu ou pas votre vote, je vous ai écouté, j'ai appris grâce à vous et vous avez fait de moi un meilleur président."

Il revient aux citoyens de ne pas simplement élire les présidents mais de les rendre meilleurs.

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