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Pourquoi Reign ne régnera pas sur mon petit écran

Entre les erreurs de décors et de costumes (qu'elles soient voulues ou non), les personnages caricaturaux et l'insertion du fantastique,en fait trop et ne convainc pas.
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Comme beaucoup de petites filles, j'ai nourri dans mon enfance une tendresse particulière pour les princesses. Mais contrairement à d'autres, ma préférée n'était ni Cendrillon, ni une quelconque princesse endormie, mais Marie Stuart (on est historienne ou on ne l'est pas).

Vers 8 ans, j'ai lu un roman intitulé Marie, Petite Reine d'Écosse qui racontait l'enfance de ladite Marie en France et s'achevait avec son départ pour l'Écosse.

J'ai envié cette petite fille aux boucles blondes qui jouait dans les couloirs des châteaux d'Henri II avec les princesses Marguerite (future reine Margot, en parlant de destins pas marrants...) et Élisabeth de France.

J'ai rêvé que j'étais, moi aussi, fiancée au Dauphin (pas l'animal marin, le prince... quoique Flipper ait été mon second homme idéal pendant un temps).

Mon coeur s'est brisé pour elle quand François II est mort à 17 ans, la laissant veuve si jeune (désolée pour le spoiler, mais tout le monde le sait depuis plus de 5 siècles...).

J'ai été ravie que l'Angleterre accueille finalement cette petite reine (à l'époque, j'ignorai encore le destin funeste de Marie. Étrangement, mon livre pour enfant ne mentionnait pas sa décapitation sur ordre de sa cousine, allez savoir pourquoi).

Bref, quand j'ai vu que CW, délaissant l'Upper East Side et son Gossip Boy ou encore les vampires (ceux qui tiennent un journal et les originaux), programmait pour cette rentrée une série sur ma princesse, j'ai bondi de joie, telle une pré-adolescente apprenant que One Direction vient chanter au bal de l'école.

La série

J'ai regardé avec attention les trois premiers épisodes de Reign, diffusés depuis octobre sur CW aux États-Unis et M3 et CTV Two au Canada. Et voici mon verdict : bof, bof, bof, nooooon!

Pourquoi tant de déception sous mon clavier ? Voilà la réponse.

Tout d'abord, cette série manque d'authenticité dans les décors et les costumes.

C'est sans doute l'historienne en moi qui parle, mais il est franchement impossible de croire, ne serait-ce qu'une minute, que l'intrigue se passe en France en 1550 (et des brouettes).

Les décors

Commençons par les décors. Pour mémoire, à l'époque d'Henri II (futur beau-père de Marie), la Cour de France se partage entre les châteaux de Fontainebleau, Saint-Germain-en-Laye et Madrid, en région Parisienne, et le château de Blois au bord de la Loire, aimablement construit par Papy François Ier.

Si on ne sait pas clairement où est supposée se passer l'action de Reign (ils ne nomment jamais le lieu exact, ils sont juste à la Cour), le roi de France habite visiblement quelque part en Angleterre; preuve en est de son château (tout en pierre grise avec ses grandes pelouses) qui ressemble vraiment plus à Windsor qu'aux châteaux de la Loire.

Diantre, qu'ont-ils fait aux douves et des jolies salamandres de papy ?

Mentionnerai-je les oubliettes et autres souterrains qui évoquent davantage les châteaux hantés de la mère patrie de Marie que ceux de France ? Ne soyons pas mauvais et n'insistons pas...

Les costumes

Les robes de ces dames sont plus proches des robes de soirée de Blair Waldorf que de celles de la Reine Margot; en témoignent les robes sans manches que Marie porte en toutes occasions.

Chaque femme de la Cour a un style différent, d'un point de vue de l'histoire de la mode, ce qui permet sans doute à la costumière de laisser libre cours à ses envies.

Les coiffures, cheveux au vent, sont, elles aussi, plus similaires à celles de la Belle au bois Dormant ou de Kate Middleton qu'à la mode capillaire de 1550.

Et que dire des hommes? Alors certes, la culotte bouffante sur les chausses (plus proches du leggins que du Levi's 501) et la fraise ne sont plus exactement l'idée qu'on se fait d'un homme sexy, mais nos héros sont habillés à la mode du 19e siècle, chevelure romantique et chemise ouverte incluses.

Le futur François II me rappelle d'ailleurs Robert Pattinson dans Bel-Ami. Il est certes très cute, mais pas très 16e siècle.

Alors oui, me direz-vous, CW n'est pas une chaîne historique, mais quand même... Quand je regarde une série avec un fond historique, j'ai certaines exigences ou, du moins, des espérances au niveau des costumes et des décors.

Pour le château, de jolies images de synthèses auraient pu faire l'affaire et pour les vêtements, il me semble que ce n'est pas si compliqué. J'ai une malle pleine de déguisements d'Halloween qui prouvent qu'acheter ou faire des costumes d'époque n'est pas si difficile. Ma maman le faisait tous les ans.

L'intrigue

Passons à présent à l'intrigue en elle-même. Marie échappe à une tentative d'empoisonnement dans le couvent où elle est cachée. Elle retourne donc à la cour de France et retrouve là-bas François (appelé Francis, ce qui pour une francophone comme moi est agaçant). Ledit François n'a aucune intention d'honorer sa promesse et d'épouser la malheureuse, qui d'ailleurs est sans arrêt appelée Your Grace ce qui n'est pas du tout l'usage en France (Your Majesty aurait été mieux, mais je chipote). Marie est rejointe au château par son groupe d'amies qui ressemblent plus à la distribution de Pretty Little Liars qu'à des dames de compagnie. Enfin, passons.

On rencontre, par la même occasion, le roi Henri (un chauve libidineux) et la reine Catherine (une garce froide et sans scrupule), le sympathique Bash (diminutif de Sebastian) qui est le fils bâtard du roi (je comprends le changement de prénom, les fils illégitimes d'Henri étant tous les deux prénommés Henri, cela aurait prêté à confusion).

Au départ, l'histoire est donc celle de Marie, confrontée à l'hostilité d'une Cour étrangère et devant déjouer les complots des Anglais bien décidés à la tuer. Si on passe sur le fait que Marie n'était pas, à 15 ans, une étrangère à la Cour d'Henri II, dans la mesure où elle avait été élevée au sein de celle-ci depuis l'âge de 4 ans et qu'elle était issue de la famille de Guise par sa mère, il n'y a pas de problèmes majeurs... C'est sans compter la touche de fantastique, ajoutée sans doute pour séduire le public adolescent.

En effet, avant qu'elle ne quitte le couvent, la petite Rose prévient Marie que la Cour de France est peuplée de fantômes et parmi ceux-ci, celui d'une jeune femme dissimulant son visage mutilé.

La jeune reine d'Écosse rencontre d'ailleurs le jeune fantôme (qui, comme dans beaucoup d'histoires du genre, semble avoir une préférence pour les enfants) qui, visiblement, en sait beaucoup sur les complots du château et qui est aussi lié, d'une manière ou d'une autre à Nostradamus. Je ne saurais dire pourquoi, mais cette jeune fille au visage caché me rappelle la légende de l'homme au masque de fer et quelque chose me dit qu'on découvrira sous peu qu'elle fut la victime d'un crime monstrueux.

La forêt qui borde le château semble également hantée d'esprits peu amicaux (ils pendent un jeune homme par les pieds, ce qui, chez moi, n'est pas un signe d'amabilité particulière). Cependant, on découvre que Bash a des connaissances ésotériques ou du moins, qu'il parle la même langue qu'eux.

Bref, entre la haine de sa future belle-mère, à qui Nostradamus (rien de moins) a prédit que le mariage de Francis/François causerait la perte du Dauphin, les tentatives d'intimidation des Anglais et les éléments surnaturels qui se multiplient, la pauvre Marie semble mal partie, mais, heureusement pour elle, François et Bash semblent déterminés à la protéger (je prévoie déjà le triangle amoureux).

Reign est une série qui semblait prometteuse et qui, sur papier, aurait dû me plaire, mais en vérité, rien ne va avec cette série.

La musique

La bande-son est un autre exemple. Je suppose que l'effet voulu est celui obtenu dans Marie-Antoinette; une musique résolument moderne pour trancher avec l'époque mise en scène. Mais si cela fonctionne, à mon sens, dans le film de Sofia Coppola, cela ajoute encore au côté étrange et dérangeant de la série. La musique est trop présente et puisque rien ne rappelle visuellement le 16e siècle en France, elle n'est qu'un élément anachronique de plus.

Pour résumer, entre les erreurs de décors et de costumes (qu'elles soient voulues ou non), les personnages caricaturaux et l'insertion du fantastique, Reign en fait trop et ne convainc pas. En tout cas pas la fan de séries historiques que je suis.

Bien entendu, une série historique prend toujours des libertés avec l'Histoire, les scénaristes et les réalisateurs ne sont pas là pour donner un cours magistral d'histoire, leur mission est de créer du divertissement. Mais dans le cas de Reign, je me demande quel est l'intérêt de situer l'intrigue dans le contexte de la jeunesse de Marie Stuart, car la série pourrait tout aussi bien se passer il y a très longtemps, dans un pays lointain.

Si vous cherchez à regarder une série fantastique Reign peut, à la limite, faire l'affaire, mais si vous voulez voir une bonne série historique regardez Les Borgia ou The White Queen (avec une touche d'ésotérisme beaucoup mieux faite que la série de CW).

Et en tout cas, Reign ne régnera pas chez moi.

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