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Dracula: mordus ou pas?

D'habitude, une série me plaît ou me déplaît dès son pilote, mais, diffusé sur NBC, fait exception à cette règle. En effet, si je n'avais pas été convaincue par le premier épisode, j'apprécie cette série de plus en plus.
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Les vampires sont partout de nos jours (ou de nos nuits selon qu'ils ont la capacité ou non de marcher au soleil). Dracula emboîte donc le pas et vient ainsi de s'installer sur NBC, aux États-Unis, et sur Global au Canada.

En bonne sériephage, j'ai donc regardé les premiers épisodes. D'habitude, une série me plaît ou me déplaît dès son pilote, mais Dracula fait exception à cette règle. En effet, si je n'avais pas été convaincue par le premier épisode, j'apprécie cette série de plus en plus.

Commençons par un bref résumé du pilote pour ceux qui l'auraient manqué (ou pas encore vu).

Tout commence en 1881 en Roumanie. Deux hommes découvrent, dans une tombe, le corps desséché de Dracula. Notons que l'identité du vampire est gardée secrète jusqu'à la fin de l'épisode où elle est révélée, à l'issue d'un combat digne du film Highlander, par cette réplique: «You are Dracula» (Vous êtes Dracula), désolée pour le spoiler.

Londres, 1896. Dracula, parfaitement réhydraté, se fait appeler Alexander Grayson. Il rencontre, lors d'une soirée dont il est l'hôte, Mina Murray, étudiante en médecine, et Jonathan Harker, journaliste. On sent immédiatement qu'il existe une connexion entre la jeune femme et le vampire, qui sous-entend qu'ils se sont déjà rencontrés.

Dracula a organisé cette soirée dans l'unique but d'identifier les membres du mystérieux Ordre du Dragon, une société secrète existant depuis plus de 500 ans. Le vampire semble déterminé à anéantir cet ordre, dont la plupart des membres ont fait fortune dans l'exploitation du pétrole. C'est ce lien unissant l'Ordre à l'or noir qui explique les recherches menées par Dracula pour trouver une nouvelle source d'énergie.

On fait également la connaissance de Jayne et de son acolyte, Browning, qui sont des membres influents, voire même des dirigeants, de l'Ordre. Les vampires ne leur sont pas inconnus puisqu'ils ont créé le personnage de Jack l'Éventreur pour cacher à la population leur existence (pour mémoire, Bram Stoker rédige son roman en pleine horreur médiatique suscitée par Jack l'Éventreur, qui sévit à Londres en 1888).

Dans les dernières minutes, on apprend que Van Helsing est celui qui a libéré Dracula et qu'ils ont un but commun : détruire l'Ordre du Dragon, responsable de la mort de leurs familles respectives.

La vague des vampires

Cette série surfe sur la mode du Vampire et si, au départ, je trouvais qu'il manquait à Jonathan Rhys Meyer le petit côté sexy de Joseph Morgan ou d'Ian Somerhalder, il me convainc un peu plus à chaque semaine dans le rôle du vampire légendaire.

Tout d'abord, il faut noter que le travail sur les décors et les costumes est admirable, tout comme l'éclairage.

J'ai été marquée par la beauté de l'image des ampoules allumées dans la scène du bal dans le pilote, cette scène étant simplement magnifique au niveau de la photographie.

Du roman à la série

N'oublions pas, Dracula est avant tout un roman et la littéraire que je suis redoutait le pire. Et bien en vérité, je suis plutôt agréablement surprise par la façon dont les scénaristes utilisent le matériel créé par Bram Stoker.

En effet, si la différence la plus notable est sans doute la relation entre Dacula et Van Helsing, puisque d'ennemis, ils deviennent alliés, unis par leur haine de l'Ordre du Dragon. L'ajout de l'Ordre est justement, à mon sens, un des éléments les plus intéressants de la série. Il permet ainsi de développer les thèmes liés aux sociétés secrètes (costumes, rituels, règles...) qui fascinent les hommes depuis toujours, tout en restant proches de la réalité historique, le père de Vlad Draculea, qui inspira le personnage de Dracula à Bram Stoker, étant lui-même un membre avéré de cette confrérie.

Pour une fan de littérature comme moi, il est également agréable de constater que les thèmes principaux du roman originel sont présents. On retrouve ainsi les aspects scientifiques, propres à l'époque de l'auteur. Dans le livre, Dracula, est un brillant scientifique ayant gardé, après sa mort le goût du savoir. Cependant si, dans le roman, il utilise cette soif de connaissances à des fins seules de victoire personnelle, dans la série, la quête de Dracula pour trouver une nouvelle source d'énergie relève à la fois de son désir de mettre un terme au pouvoir de l'Ordre et d'une recherche de progrès plus global et moins égoïste.

Comme dans le roman, Van Helsing est la seconde figure scientifique de la série. Mais ici, il n'est plus le bon scientifique qui s'oppose au maléfique vampire, puisqu'il travaille désormais avec Dracula.

En effet, chez Bram Stoker, Van Helsing oeuvre pour «le bien de l'humanité»; son souhait de vaincre les vampires découle d'une volonté de sauver l'humanité. Dans la série, Van Helsing est toujours celui qui transmet son savoir (il est ainsi le professeur de Mina), mais il utilise également ses connaissances à des fins moins humanistes en créant un sérum paralysant pour les voyants. Et au lieu de chercher un moyen pour vaincre les vampires, il travaille au contraire à un remède qui permettrait à Dracula de marcher au soleil.

Cette volonté de marcher au soleil fait d'ailleurs partie d'un désir de normalité plus englobant et déjà présent dans l'oeuvre littéraire. C'est ce souhait d'être un homme ordinaire qui rend le monstre attachant, qui permet au lecteur/spectateur d'éprouver de la sympathie pour lui.

Sa relation avec Mina ajoute à ce côté humain. J'ai notamment en tête cette scène du troisième épisode où il guette, caché dans sa voiture, la réaction de la jeune femme lorsqu'elle découvrira les fleurs qu'il lui a offertes, et son sentiment de frustration quand le jour l'oblige à partir.

D'une manière générale, je trouve ce Dracula plus aimable que celui de ma bibliothèque. En effet, le vampire de Jonathan Rhys Meyer dévoile plus de faiblesses et de failles que son modèle, ce qui permet donc davantage au spectateur de projeter ses propres émotions et sentiments sur lui.

Le thème de la folie, central chez Stoker, n'est effleuré pour le moment que lorsque Jayne se rend dans un asile pour demander un service au Docteur Murray, mais j'ai le sentiment que ce thème sera plus développé par la suite.

De même, j'ai cru reconnaître, dans les personnages des voyants, un aspect du personnage de Renfield (très différent dans la série) qui, en dépit de sa condition d'aliéné mental, a des éclairs de lucidité qui lui permettent de voir ce que les autres ne voient pas.

Le thème de la folie serait quelque chose qui pourrait apporter une dimension psychologique supplémentaire à la série et mérite d'être approfondi, sans pour autant basculer dans le genre de Shutter Island, entendons-nous.

Place aux femmes

Les personnages féminins sont, à mon avis, plus intéressants dans la série qu'ils ne le sont dans le roman. Bien entendu, la place des femmes ayant évolué depuis 1880, cela semble normal qu'elles soient davantage mises de l'avant aujourd'hui.

Mina Murray passe ainsi d'une institutrice à une brillante étudiante en médecine et elle est, dans son comportement, plus proche des mouvements féministes du début du 19e siècle. Sa profession est, je pense, un rappel de sa contemporaine Élisabeth Garrett Anderson, première femme d'Europe à exercer la médecine en Angleterre, à moins qu'elle ne soit la cousine anglaise du Dr Quinn, femme médecin...

Mina est aussi la réincarnation d'Ileona, défunte épouse de Dracula et j'espère sincèrement que les scénaristes ne vont pas s'embarquer sur la voie du doppelganger(le double), déjà surexploité dans Vampire Diaries. Cependant, si elle est bien utilisée, cette ressemblance entre Mina et l'amour perdu de Dracula peut apporter un côté encore plus humain au vampire... Wait and see.

Le personnage de Lady Jayne Wetherby est une création de la série. Si, au départ, j'ai trouvé ce personnage, à mi-chemin entre la maîtresse SM et la tenancière de bordel, un peu déroutant, voire déplacé, je dois maintenant avouer qu'elle m'intrigue de plus en plus.

Jayne est une beauté glaciale, avec un je-ne-sais-quoi de maléfique, à l'opposé de la brune et douce Mina. Elle est une femme de pouvoir et d'action, une chasseresse de vampire avec un rôle important au sein de l'Ordre (ce qui est étrange dans un XIXe siècle dominé par les hommes et plus encore dans une société secrète). Mais tout comme Dracula rêve de n'être qu'un homme, on sent que Jayne n'est, à certains égards, qu'une femme et c'est d'ailleurs une faille que ses ennemis, Dracula en tête, exploiteront.

Lucy Westenra est, comme dans le roman, une amie de Mina, à la différence près que la série amorce très vite l'idée que Lucy est amoureuse de son amie.

Ce sentiment pourrait pousser la jeune femme à s'interroger sur la nature des sentiments de Dracula pour Mina, faisant d'elle une menace pour son identité secrète, ce qui serait un thème intéressant à développer.

Les amours homosexuels sont, par ailleurs, abordés dès le second épisode qui met en lumière la liaison amoureuse de Lord Lorenz avec le fils de Lord Davenport (Daniel). Cette relation, et le scandale qu'elle menace d'apporter si elle était révélée, ne sont pas sans rappeler les procès d'Oscar Wilde qui ont eu lieu quelques années plus tôt, en 1895.

Les hommes laissés derrière

J'ai le sentiment que, pour le moment, les personnages masculins sont moins intéressants et moins développés que les personnages féminins.

Outre Dracula lui-même et Van Helsing, nous faisons la connaissance de Jonathan Harker, un jeune journaliste fiancé à Mina. Il se met rapidement au service du vampire, qui l'engage pour récolter des informations sur les membres de l'Ordre. Contrairement au roman, l'histoire n'est pas racontée de son point de vue, ce qui amoindrit logiquement sa place dans l'histoire.

Comme tout héros, Dracula a un fidèle serviteur. Dans la série, il s'agit de Renfield, qui est à la fois son majordome et son homme de confiance. Loin du déséquilibré mental du roman, Renfield apparaît ici comme un garde-fou pour son maître (il l'oblige à partir lorsque celui-ci est prêt à risquer sa vie pour voir Mina un peu plus longtemps). Espérons que le rôle de Renfield ne se limitera pas à un faire valoir au héros, mais qu'il aura le droit à sa propre storyline.

La série met également en scène Browning qui semble être le chef de l'Ordre du Dragon ou, du moins, celui à qui Jayne rend des comptes et qui est le gardien des règles de l'Ordre.

Parmi les autres personnages secondaires, je citerais Lord Davenport (père) qui, selon ce qu'on apprend à la fin de l'épisode 4, est celui qui représente la menace la plus directe pour Dracula et le Général Shaw qui semble lui aussi destiné à jouer un rôle dans l'intrigue, bien qu'il demeure, pour le moment, assez énigmatique.

En conclusion, tout en restant fidèle à l'oeuvre d'origine, le Dracula de NBC apporte aux personnages une note de modernité qui permet au spectateur (et surtout à la spectatrice) de s'identifier davantage aux héros, sans pour autant tomber dans l'anachronisme.

Alors que j'avais été déçue par le pilote, chaque épisode suivant monte en puissance par rapport au précédent et je ne regrette pas de m'être forcée à regarder le second épisode. Dracula est plus qu'une émission sur les vampires. On retrouve, dans cette série, des aspects beaucoup plus sociaux et psychologiques que dans Vampire Diaries, par exemple. J'aurais ainsi tendance à dire que Vampire Diaries s'adresse davantage aux adolescents, The Orginals à un public un peu plus mûr et Dracula est encore un cran au-dessus.

J'attends de voir comment cette série évoluera et j'espère que Dracula sera à la hauteur des espoirs que je place désormais en lui.

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