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Le Québec face aux choix stratégiques pour une coopération efficace avec l'Afrique

Le Québec doit être conscient qu'une grande partie de son avenir économique peut se jouer en Afrique en raison de la richesse de son sous-sol.
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En quoi, les investissements du Québec seront-ils avantageux pour lui et les Africains? L'arrivée des entreprises québécoises peut être une occasion pour l'Afrique de définir un partenariat gagnant/gagnant avec le Québec et de corriger le déséquilibre de la coopération entre l'Afrique et ses partenaires traditionnels (l'Europe et les États-Unis) et les pays émergents (la Chine, l'Inde et le Brésil). Cet article fait la revue des choix stratégiques qui permettent au Québec de mieux comprendre l'environnement des affaires en Afrique, afin de produire des investissements de qualité garants de la rentabilité mutuelle avec le continent, c'est-à-dire, innover là où ses concurrents ont échoué en privilégiant des investissements aux gains positifs.

L'analyse de la situation sécuritaire en Afrique

Cheik Anta Diop disait : « Il n'y a pas de développement sans sécurité ». Car la sécurité sera le socle du succès des investissements québécois. Cependant, l'Afrique, au-delà de l'instabilité politique, est envahie par les mouvements terroristes dans ses espaces géopolitiques. D'où, les États-Unis appuient désormais l'UA dans le processus de création d'une force africaine de réaction rapide aux crises, avec un financement de 110 millions de dollars/ans, pour renforcer les capacités antiterroristes africaines, afin de pacifier le continent. D'abord, al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Groupe des Soldats du califat (affiliés à l'État islamique), occupent l'Afrique du Nord. Ensuite, Boko Haram opère au Nigéria et l'Afrique centrale. Enfin, Ansar Dine, et le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), menacent le Sahel ; sans oublier les Chebab somaliens basés à l'est du continent.

Sans armée, le Québec se targuera l'image d'investisseur pacifique qui ne vendra pas les armes aux Africains, contrairement à la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine. Par exemple, Pékin dispose d'usines de montage d'armes légères au Soudan et au Zimbabwe, alors que cette coopération militaire ne profitera pas à l'Afrique. Au regard de cette analyse, le Québec ne doit pas renoncer à investir en Afrique. Au contraire, il doit participer en y apportant son expertise dans le domaine des renseignements, ce qui lui permet de partager à la fois, les solutions et les risques avec ses concurrents sur le terrain en Afrique.

L'analyse de l'environnement concurrentiel africain

Québec pourrait-il concurrencer les pays comme la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Brésil, l'Inde et la Chine? Par exemple, la Chine devient la première partenaire commerciale de l'Afrique par le biais d'investissements d'un total de 20 milliards de dollars depuis le Forum économique sino-africain de juillet 2012. Quant aux États-Unis, l'annonce du président Barack Obama d'investir 33 milliards de dollars et le Power Africa Plan, pour doter d'électricité près de 60 millions de ménages africains, lors du sommet États-Unis-Afrique d'août 2014, n'a pas suffi pour rattraper la Chine, dont le volume d'échanges commerciaux avec l'Afrique s'élève à 210 milliards de dollars en 2013, contre 85 milliards de dollars entre l'Afrique et les États-Unis.

Cependant, le Québec dispose des moyens concurrentiels pour pérenniser ses investissements dans le continent, dès lors que l'Afrique n'est pas dans une dynamique de gains mutuels avec ses partenaires précédents. Ainsi, ce manque à gagner offre le Québec une occasion de combler un vide tant attendu par l'Afrique, en faisant prévaloir son savoir-faire technologique, son statut de société distincte, son absence de passé colonial et sa position géographique pouvant être pour l'Afrique comme une porte d'entrée économique en Amérique du Nord.

Les atouts stratégiques du Québec en Afrique

Québec dispose trois atouts stratégiques vendables en Afrique pour garantir la compétitivité de ses entreprises dans le marché africain. D'abord, son savoir-faire technologique qui manque à l'Afrique, peut être mis en œuvre pour former la main-d'œuvre locale. Ensuite, sa situation géopolitique, comme unique province francophone en Amérique du Nord, lui offre une occasion de constituer une porte d'entrée économique en Amérique pour attirer les Africains désireux de revoir leurs échanges commerciaux peu rentables avec l'Europe, les États-Unis, la Chine, l'Inde et le Brésil. Enfin, son statut de société distincte dans l'unité canadienne avec qui il s'élève au-dessus des intérêts particuliers pour s'engager en faveur du développement et de la paix en Afrique.

Les secteurs cibles : est-ce rentable pour le Québec?

Le Québec doit être conscient qu'une grande partie de son avenir économique peut se jouer en Afrique en raison de la richesse de son sous-sol. Cette raison doit l'amener d'ouvrir un Livre blanc sur sa coopération économique avec l'Afrique afin d'accroitre son volume commercial.

Les avantages du Québec en Afrique sont doubles. D'abord, la coopération bilatérale avec chaque État pour investir dans les secteurs économiques définis selon les termes du contrat. Ensuite, le Québec peut nouer des contrats avec l'Union africaine (UA), qui s'apprête à lancer des projets d'envergure pour la mise en valeur des 30% de ressources minérales, les 14% de terres arables et des infrastructures interrégionales. C'est pourquoi les yeux du monde sont rivés en Afrique qui constitue le centre de l'économie mondiale. Ainsi, pour édifier une économie compétitive du XXIe siècle, le Québec doit définir ce partenariat stratégique avec l'Afrique qui dispose des ressources énergétiques dont il a besoin pour redynamiser son économie et maintenir le rythme de sa croissance.

L'expansion du marché en Afrique

Le Québec doit avoir une attention particulière au marché africain en pleine expansion. L'Afrique couvre une superficie de 30 millions de kilomètres carrés, avec une population qui atteindra un milliard huit cent millions d'individus dans 30 ans. Ainsi, l'Afrique occupera la troisième puissance démographique derrière l'Inde et la Chine, mais la jeunesse de sa population de 900 millions ayant moins de 15 ans, lui donne un avantage stratégique sur ses concurrents. Ce développement potentiel fait de l'Afrique le marché le plus jeune du monde. À titre de comparaison, le continent fait deux fois la Russie, trois fois et demi la Chine, trois fois les États-Unis. À tel point que Alpha O. Konaré, l'ancien président du Mali et de la Commission de l'UA disait aux patronats français : « [...]. L'Afrique sera le plus grand chantier du monde parce que c'est là où tout est à faire si nous arrivons à procurer à cette population africaine en peu plus d'éducation, de formation et de santé [...]. Il n'y pas d'avenir sans l'Afrique. [...]. Donc, jouer cette carte vous ne perdrez pas [...] ».

La dimension des valeurs entre Québec-Afrique

Le Québec portera en Afrique (déchirée par des divisions ethniques), un message de paix dans la diversité au sein d'un Canada uni. En plus, les leaders africains sauront à travers le modèle québécois fondé sur le multiculturalisme que la paix est possible malgré nos différences. Dans cet esprit, le Québec et le Canada feront la promotion des valeurs démocratiques, le progrès économique et l'égalité des chances en Afrique. Par conséquent, l'absence de passé comme puissance coloniale lui procure une image favorable pour construire un partenariat fondé a priori sur le respect mutuel, sans être accusé de néocolonialisme en Afrique.

Le Québec doit entamer sa coopération avec le continent, car celui-ci représente un lieu stratégique par la richesse de son sous-sol et de son marché en progression. Les avantages de telle coopération sont manifestes pour le Québec comme pour l'Afrique, avec le soutien de l'économie populaire, permettant de corriger les paradoxes d'une Afrique riche en matière première, mais avec une population pauvre, à travers la formation et la bonne la gouvernance économique.

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