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À mes sponsors, avec gratitude

En ce moment où le Canada ouvre ses portes aux réfugiés syriens, des souvenirs de ma propre arrivée sur cette terre d'immigrés refont surface. Heureusement pour moi, le trait commun traversant cette expérience est celui de gratitude; gratitude envers le Canada et plus spécialement gratitude envers mes.
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Quitter tout ce que nous connaissons, y compris notre terre natale, nos membres de famille, nos amis de longue date, nos éléments naturels et immigrer dans un autre continent, un nouveau pays, une nouvelle façon de vivre, des nouveaux langages et plus encore, cela peut rendre quelqu'un anxieux, intimidé et encombré pour le peu que l'on puisse dire.

Dans cette situation peu certaine, on se trouve aux prises avec des questions sans réponse, des suppositions et des doutes ne sachant pas ce qui nous attend. Et, la plupart du temps, tout ce que nous avons c'est l'espoir d'un avenir meilleur, et notre Foi en l'humanité.

En ce moment où le Canada ouvre ses portes aux réfugiés syriens, des souvenirs de ma propre arrivée sur cette terre d'immigrés refont surface. Pour des raisons inconnues, ces souvenirs sont encore chargés d'émotions. Heureusement pour moi, le trait commun traversant cette expérience est celui de gratitude; gratitude envers le Canada et plus spécialement gratitude envers mes sponsors.

Je dois dire que la première fois que j'ai apprise l'autre signification du mot sponsor c'était au bureau du Haut-Commissariat du Canada de Pretoria, quand Mme Salvatore (nom d'emprunt pour ce récit) m'a expliqué que la seule étape qui restait dans le processus de mon immigration était de trouver des sponsors.

J'étais un peu confuse par cette déclaration étant donné que je n'étais pas une personnalité du monde du sport ou des arts. Alors je décidai d'en savoir un peu plus sur ces sponsors, juste pour être sure que Mme Salvatore parlait bien de mon cas.

L'explication était loin de Coca-Cola ou Nike comme je pensais. «Vous êtes passée par beaucoup d'épreuves, alors, nous devons vous trouver de bonnes personnes qui vont vous aider à vous intégrer dans la société canadienne tout en vous offrant tout le soutien dont vous aurez besoin».

Et, elle avait raison. Mes sponsors, un groupe de sept personnes de différentes églises de Thornhill étaient exactement cela: «un groupe de personnes qui m'ont aidé à m'intégrer dans la société canadienne tout en m'offrant tout le soutien dont j'avais besoin et un peu plus que ça».

En résumé, mes sponsors étaient mes anges gardiens au Canada dès la première heure. Je me rappelle voir un groupe de femmes et un homme qui tenaient un papier avec mon nom au-dessus en faisant des signes de la main. À elle-même, leur présence à l'aéroport et leurs sourires avaient tout à coup diminué mon niveau d'anxiété. Après que l'officier de l'immigration m'ait lu le bienvenu officiel et m'ait expliqué qu'après trois ans je pourrais appliquer pour la citoyenneté canadienne, j'étais submergée de joie et mes doutes avaient commencé à se ramollir avec ces mots de certitude, ces mots d'une vision à long terme et de choses vers lesquelles je pouvais aspirer à réaliser.

Mon anxiété continua à se dissiper quand nos sponsors canadiens me donnèrent des embrassades chaudes aux enfants et à moi-même, dans cet environnement où nous sentions déjà le grand froid. Ensuite, ils nous ont divisés dans des voitures contenant trois valises et nous ont amené dans un immeuble de la Vision du Monde où un appartement était mis à notre disposition pour un mois. Les valises contenaient des vêtements, des livres et des jouets.

Le lendemain, nos sponsors sont revenus pour notre première réunion d'orientation d'établissement. Et la lumière du jour confirma, sur leurs visages, dans leurs embrassades, leurs gestes et leurs mots, leur résolution sincère à faire tout pour que nous soyons OK. Le dimanche suivant notre arrivée, ils nous avaient invités à notre première journée d'Action de grâce canadienne.

Nous aimions Toronto, sa diversité, l'aide et la gentillesse de travailleurs de La Vision du Monde et les personnes avec lesquelles nous partagions le même immeuble et le même sort, mais, dans notre petit nouveau monde, nous nous sentions un peu seuls. Et donc, la visite de nos sponsors était devenue un rayon de soleil que nous entendions. Et dans ce sens, ils n'ont jamais déçu ; ils venaient fréquemment, par rotation et en pair. Et même leurs enfants s'étaient impliqués.

Dans tous les cas, nos sponsors nous appelaient deux fois par semaine. Et, c'était important pour moi. Voyez-vous, même si le Canada n'est pas dans une zone à conflits, quand quelqu'un immigre, il y a toujours ce sentiment de malaise et donc, leur présence nous faisait du bien.

Tout comme cela nous faisait du bien de savoir qu'ils étaient joignables et disponibles à tout moment par téléphone; cela nous donnait un sentiment de sécurité intérieure. Cela nous donnait l'impression d'être entourés par un cercle tiède d'amitiés.

Après notre semaine d'orientation, j'ai commencé à chercher un logement. Ils ont arrêté de venir dans mes sorties de recherche de locations seulement parce que j'insistais. Je me sentais assez à l'aise pour utiliser le transport public. Et quand nous avons trouvé un appartement, ils étaient encore présents; ils nous ont aidés à nettoyer, pendant deux jours.

Avec le recul, je crois que notre relation était une réussite parce que nos sponsors étaient des très bons équilibristes: ils étaient toujours présents avec nous, mais ils nous laissaient notre espace. Ils posaient des questions sur notre bien-être mails ils ne s'ingéraient pas. Ils nous écoutaient, donnaient des réponses, faisaient des dons, sans jamais être infantilisants. Et leur attention était holistique.

Par exemple, ils ont visité les écoles des enfants. Ils ne se plaignaient jamais quand nous ne prenions pas une offre qu'ils avaient suggérée. Ils nous donnaient un accompagnement informé. Ils offraient la générosité, l'humanité et l'espoir dont nous avions besoin pour reconstruire nos vies ici.

À chaque fois que j'appelais et qu'ils sentaient que l'un de nous n'allait pas bien émotionnellement ou autrement, ils venaient de Thornhill à Scarborough...Toujours! Depuis ce jour-là, à l'aéroport, ces gens avaient créé pour nous une toile de sécurité, et progressivement, ils étaient devenus ce dont j'avais peur de ne pas retrouver au Canada, ils sont devenus notre famille étendue.

Au fur et à mesure de notre intégration au Canada, leurs visites se sont espacées, mais nous n'avons jamais cessé de communiquer, d'être en contact et de chercher à savoir comment nous allions, des deux côtés. Le jour de notre prestation de serment de citoyenneté, ils étaient là. Dans nos difficultés et dans nos joies, ils étaient présents. Et jusqu'à aujourd'hui, je sais avec certitude, que quoi qu'il en soit, je peux toujours compter sur mes sponsors que j'appelle affectueusement le Groupe de sept.

Alors, en cette saison de festivités, une saison de gratitude, et que des milliers et des milliers de sponsors sont en train d'offrir leurs maisons, leurs ressources et leurs cœurs à des étrangers, à des gens qui sont comme ma famille était il y a quinze ans, je voulais seulement dire un grand merci à vous, Linda Nichols, Louise Patterson, Isobel Wildish, Jane Winstanley, Linda Gould, Paul Anderson, Betty Henshaw (que votre âme repose en paix): mes enfants et moi étions des étrangers, et vous nous avez accueillis (passage biblique).

Je vous en serai toujours reconnaissante. Et en voyant des milliers de Canadiens faire, aujourd'hui, ce que vous avez fait pour ma famille, je ne peux que leur être reconnaissante aussi et dire aux nouveaux réfugiés syriens qu'ils sont entre de bonnes mains. Avec le temps, et avec le soutien de sponsors canadiens, les choses iront mieux.

Avec gratitude,

Annie

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