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Futur pape, dernier pape?

Il m'arrive, ces jours-ci, de souhaiter que se réalise la prophétie de Malachie, qui a prédit que le prochain pape serait le dernier. C'est sans doute la publication de l'article dedressant le spectre d'un lobby gai faisant chanter certains cardinaux qui m'a poussée à bout.
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CORRECTS CITY IN LOCATION. In this photo provided Friday, March 1, 2013, then Pope Benedict XVI, steps away from the window after delivering his last message to a cheering crowd gathered to see him the last day of his pontificate, in the pontiff's summer residence of Castel Gandolfo, near Rome, Thursday, Feb. 28, 2013. Benedict XVI left the Catholic Church in unprecedented limbo Thursday as he became the first pope in 600 years to resign, capping a tearful day of farewells that included an extraordinary pledge of obedience to his successor. (AP Photo/L'Osservatore Romano, ho)
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CORRECTS CITY IN LOCATION. In this photo provided Friday, March 1, 2013, then Pope Benedict XVI, steps away from the window after delivering his last message to a cheering crowd gathered to see him the last day of his pontificate, in the pontiff's summer residence of Castel Gandolfo, near Rome, Thursday, Feb. 28, 2013. Benedict XVI left the Catholic Church in unprecedented limbo Thursday as he became the first pope in 600 years to resign, capping a tearful day of farewells that included an extraordinary pledge of obedience to his successor. (AP Photo/L'Osservatore Romano, ho)

Il m'arrive, ces jours-ci, de souhaiter que se réalise la prophétie d'un certain Malachie, pseudo d'un moine irlandais du XVIe siècle, qui a prédit que le prochain pape serait le dernier. C'est sans doute la publication de l'article de La Repubblica dressant le spectre d'un lobby gai faisant chanter certains cardinaux qui m'a poussée à bout. Jusque à quand cette descente aux enfers? Stop, qu'on en finisse!

Le problème n'est pas tant qu'il y ait du sexe et de la corruption. Les activités humaines en sont émaillées. Mais ce qui pose question, c'est que l'on s'en imagine préservé. La leçon est pourtant claire: qui veut faire l'ange fait la bête.

La maladie catholique, c'est l'idéalisme. Se croire "débarrassé" de sa sexualité parce qu'on fait le vœu d'y renoncer, se prétendre insensible aux charmes du pouvoir parce qu'on se dit "serviteur de Dieu", laisser croire que l'argent ne compte pas alors que la réalité le dément, tous ces procédés, qui conduisent à nier l'ambivalence humaine pour se donner un modèle idéal, ne sont en réalité que des exercices de funambulisme. L'ange a tôt fait de tomber dans le caniveau...

Ce que je dis là de la conduite personnelle pourrait être filé de la même manière au niveau de la gouvernance vaticane, paralysée, inefficace, alors qu'elle se permet d'être hautaine et méprisante envers les sociétés civiles dont l'expérience, pourtant, mériterait d'être mieux écoutée, elles qui ont dû parcourir des siècles de tâtonnements pour élaborer des critères de gouvernement qui soient à la fois justes et avertis de l'ambivalence humaine.

Aussi, pour nombre de catholiques, le Vatican, faute d'écouter les leçons du monde, est en train de devenir le Royaume de Danemark d'Hamlet. Par conséquent, si le futur pape était le dernier, après tout, Rome ne l'aurait pas volé.

Pourtant, si je laisse parler à la fois mon cœur et ma raison, je ne souhaite pas une telle faillite. Nous catholiques, avons fini par nous habituer à avoir un pape.

Je dis "fini" car la papauté n'est pas dans nos gênes. Il n'y a pas de pape dans les évangiles. Et il a fallu pas mal surinterpréter cette histoire de clés confiées à Pierre par Jésus pour justifier la tiare papale et autres gadgets... En fait, la papauté doit plus son existence à l'opportunité qu'a vu l'évêque qui était à Rome, siège de l'Empire, de pouvoir lui succéder, aux IVe et Ve siècles, qu'à la volonté expresse de Jésus, qui n'a jamais eu le moindre mot pour encourager la formation d'un clergé, qui a recommandé de ne jamais appeler personne "Père", et qui a même été conduit à la mort par les Grands Prêtres du Temple.

L'existence de la papauté est donc -la chose vaut d'être soulignée- une énorme concession faite aux mœurs du "monde". Et là est l'un des paradoxes actuels, à savoir que la papauté s'insurge contre les mœurs du monde... alors qu'elle est en est une émanation flagrante.

Pourtant, nous avons fini par nous y habituer... La papauté fait partie des meubles du logis catholique... Mais plutôt que de chercher ses fondements dans la tradition, je préfère les trouver dans nos aspirations actuelles, que nous soyons d'ailleurs catholiques ou non.

Car la papauté est une chance pour tous, pour le présent et pour l'avenir. Le sociologue Olivier Bobineau rappelle que:

"Pour diriger l'Église catholique, soit il faut être gestionnaire, soit il faut être charismatique".

Les deux exigences sont aujourd'hui requises, sous peine de mort. Mais autant la gestion peut être le fait de collèges composés de personnes compétentes et prises dans le milieu du monde, institution vers laquelle il conviendrait de tendre, parce que l'évidence y pousse, autant le charisme ne se partage pas.

L'individu pape doit offrir à tous la silhouette d'un homme de Dieu. Vivant de sa foi, transfiguré par elle, empreint de compassion, soucieux de la paix du monde et de la dignité des petits, attentif aux souffrances, celles des personnes autant que celles des collectivités. La voix du pape compte, elle a du poids. Sa parole doit être une doxa, une rectitude, un repère, un étayage. Comme une source vive, elle doit déborder de foi, d'espérance et de charité.

C'est pour dire tout cela que nous avons besoin d'un pape. Il doit être une boussole, un fidèle entre les fidèles du Christ, une icône de la foi. Et aussi un homme heureux, car si la foi ne rend pas heureux, c'est une pathologie. Il est urgent que, sous l'effet du charisme de son occupant, le Vatican redevienne heureux, puis vertueux (les deux sont en continuité), sinon, c'en est fini de notre espérance.

Aussi, si la prédiction de Malachie supporte quelque interprétation, je prête l'oreille et je l'écoute.

Si elle sonne le glas d'une papauté "mondaine", autoritaire, vivant à côté de son humanité plutôt qu'en son milieu, et si elle annonce cette autre papauté, évangélique, résolument prophétique, débarrassée du souci de la gestion de l'Église par des collèges compétents, si elle dessine la silhouette d'un pape nouveau, qui dise et redise l'amour de Dieu pour les hommes, fussent-ils des fripouilles, un pape dévoré de zèle pour cet amour, alors, oui, qu'il sorte des brumes au plus vite. Il sera le bienvenu.

Dernier angélus du pape Benoît XVI

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