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Le temps pleurait lui aussi hier. Pour la première fois depuis des jours et des jours, le ciel était sombre et le vent était froid. La journée s'est écoulée entre le cauchemar de la nuit et l'hébétude du réveil.
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S'incliner chaque jour, pendant ce deuil national, en mémoire de nos morts...

J +2. Le temps pleurait lui aussi hier. Pour la première fois depuis des jours et des jours, le ciel était sombre et le vent était froid. La journée s'est écoulée entre le cauchemar de la nuit et l'hébétude du réveil.

Une journée à appeler ses proches, à travailler pour se perdre un peu dans l'action, à regarder des images en boucle d'un Paris vide de circulation, mais plein de fleurs par terre, de bougies aux fenêtres.

Une journée à chercher les analyses, les hypothèses, pour tenter de comprendre la folie qui s'abat sur nous, comme à Sousse, à Bagdad, à Damas, Beyrouth ou Tel Aviv.

Les bâtiments officiels de tant de pays, éclairés en bleu, blanc, rouge et qui tournaient sur Internet, nous faisaient nous sentir moins seuls. Les journaux du monde entier, les HuffPost de tous les pays, en Europe, Asie, Amérique, émus pour et avec nous, et célébrant la France nous faisaient chaud au cœur.

On s'appliquait à retweeter les appels des familles cherchant un(e) disparu(e). La boule au ventre quelques heures plus tard à voir la même photo, annonçant la mort de la personne recherchée.

Des beaux visages, tous. Vous avez remarqué comme ils étaient beaux et jeunes ces fauchés de la nuit, que pleuraient leurs amis ? Des jeunes qui avaient eu le tort de boire un verre, le tort d'aimer la musique, le tort d'aimer peut-être tout simplement. En janvier ils s'en étaient pris à la liberté et au fait d'être étranger à l'Islam. Vendredi soir, c'est la vie même qu'ils ont voulu abattre, le sport, la musique, la convivialité d'un restaurant entre copains. Ces jeunes respiraient le bonheur de vivre dans la force de l'âge. À bas la vie, l'insouciance le bonheur, «viva la muerte» auraient pu crier ces commandos, comme les franquistes de la guerre d'Espagne.

Le pâle soleil de ce dimanche nous invite à sortir un peu de notre torpeur. Les témoignages du monde entier, la Marseillaise chantée à Trafalgar Square, La vie en rose fredonnée par Madonna à Stockholm et reprise par l'assistance, les mines graves des leaders politiques presque tous dignes pour quelques heures encore, nous encouragent à reprendre pied, à écouter de la musique, ou à (re)lire le Cimetière marin de Paul Valéry : après la tentation de mourir présente dans les premières strophes très métaphysiques, les dernières invitent à la vie. «Le vent se lève, il faut tenter de vivre».

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