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On peut déjà tirer des leçons et de la victoire d'Obama et de la campagne interminable qui s'achève. La première leçon à tirer, c'est que la crise n'est pas une fatalité. Il est le seul dirigeant occidental confronté à la grande débâcle économique et financière de ce début de siècle qui ait résisté. Souvenez-vous des premiers G8 ou G20 de l'ère Obama : Sarkozy, Zapatero, Berlusconi, Gordon Brown étaient autour de la table. Le seul qui se maintienne hors de l'eau, c'est Obama. Et cela amplifie encore sa victoire. Superman sort abîmé, quelques habits en lambeaux, mais vainqueur.
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Four More Years

Ce fut le slogan des supporters d'Obama toute la nuit, avant une victoire plus nette que prévu et à l'heure où l'on écrit, acquise certainement par les grands électeurs, pas forcément par le vote populaire.

Mais on peut déjà tirer des leçons et de la victoire d'Obama et de la campagne interminable qui s'achève.

La première leçon à tirer, c'est que la crise n'est pas une fatalité.

Il est le seul dirigeant occidental confronté à la grande débâcle économique et financière de ce début de siècle qui ait résisté. Souvenez-vous des premiers G8 ou G20 de l'ère Obama : Sarkozy, Zapatero, Berlusconi, Gordon Brown étaient autour de la table. Le seul qui se maintienne hors de l'eau, c'est Obama. Et cela amplifie encore sa victoire. Superman sort abîmé, quelques habits en lambeaux, mais vainqueur.

La deuxième leçon qui découle de celle-là, c'est que son bilan n'était finalement pas si mauvais : il n'a pas endigué la crise, mais il l'a maîtrisée ; il a fait la couverture santé pour 30 millions d'Américains qui ne l'avaient pas ; il a sauvé le secteur automobile dont Romney disait qu'il n'était pas la peine d'y rajouter un cent ; il a entamé une régulation du système bancaire.

Alors, certes, une action imparfaite, surtout en politique étrangère, qui pourrait bien être le secteur où il concentrera ses efforts lors de son second mandat, si le Congrès, via la Chambre des représentants continue à lui mener la vie dure sur le plan intérieur.

La troisième leçon est que l'Amérique est très divisée. Le parti Républicain en a dégoûté plus d'un en se portant très à droite, mais le racisme réel envers les minorités, l'antagonisme entre les partisans du moins d'Etat et ceux d'un Etat fort, la conviction qu'il faut baisser ou augmenter les impôts, et le souci des emplois à retrouver fracture les Etats-Unis.

Il va falloir au Président élu beaucoup de doigté pour piloter une Amérique si blessée. Et ce n'est pas le système américain qui va le lui permettre spontanément. Un système qui a été fait pour empêcher tout pouvoir réel, je dirais presque un système créé par les Pères Fondateurs pour empêcher l'une ou l'autre des lieux de pouvoir d'être en mesure de gouverner.

Le congrès reste divisé, le Sénat reste démocrate et la Chambre des Représentants, républicaine. Si les dirigeants du Parti Républicain ne prennent pas eux aussi la mesure de la fracture et n'agissent pas en hommes d'Etat, le pays va continuer cahin-caha.

Quant aux leçons à tirer de la campagne, quelles sont-elles ? Qu'elle fut longue, dégoulinante d'argent et floue. Ce système paraît insupportable quand on voit les déluges d'argent qui ne sont pas forcément allés aux candidats eux-mêmes, mais qui, pour la première fois de manière plus sournoise via ce qu'on appelle les "super Pacs", ont permis à des groupes anonymes, oeuvrant pour tel ou tel en sous-main, de recueillir des sommes gigantesques pour des publicités négatives, pour des "robocalls" ou - ce qui a avantagé les Démocrates - pour "get out the votes", aller faire voter les électeurs par tous les moyens.

Mais au-delà de l'image de la petite fille en pleurs qui n'en pouvait plus de cette campagne, c'est toute une Amérique lassée des appels téléphoniques automatiques et des attaques les plus sordides et mensongères, qui s'est demandée où passait tout cet argent indécemment dépensé.

D'autant plus que ce qui est rassurant au contraire, c'est que ce sont des éléments traditionnels qui ont fait bouger les lignes, pas forcément les "négative ads", ces publicités faites pour discréditer l'autre camp et prouver qu'il a menti : les débats télévisés ont eu un rôle inédit depuis longtemps. Ils ont montré un Romney combatif d'entrée, un Obama endormi. Puis, piqué au vif, le Président s'est réveillé et a porté des coups à son tour. Ce ne fut pas déterminant, mais au moins aussi efficace que les milliards qui ont coulé à flots.

Et n'oublions pas le hasard- qui en l'occurrence s'appelle Sandy - qui a montré un Chef au combat tel que l'Amérique les adore, battle-dress, menton volontaire et volonté de rassembler dans le drame une Amérique divisée.

Quelques incertitudes écartées aussi dans cette chaude nuit. Madeleine Albright disait hier matin sur France Inter à Patrick Cohen qu'elle ne comprenait pas qu'une seule femme puisse voter Romney après les propos conservateurs de ce dernier et surtout ceux scandaleusement rétrogrades de ses compagnons. Elle a été entendue puisque la sénatrice démocrate Claire McCaskill a conservé son siège dans le Missouri, où son rival républicain Todd Akin avait fait polémique avec une déclaration sur le "viol véritable".

Mais surtout, l'incertitude principale portait sur le candidat républicain lui-même : qui était donc Mitt Romney ? L'homme était largement inconnu dans ses motivations, dans ses positions, dans ses décisions : gouverneur modéré du Massachussets, il s'est révélé un candidat extrémiste pour séduire la droite du parti républicain, avant de se recentrer pour rendre les lignes du débat plus floues.

Qu'aurait-il fait en politique étrangère ? Nul ne le sait. Qu'aurait-il fait en matière de politique de santé ? Garder l'Obamacare, ou s'en débarrasser ? Qu'aurait-il fait en matière de relance économique, lui dont l'argument principal fut longtemps : je suis un businessman qui a gagné de l'argent, j'en ferai donc gagner à mon pays.

Alors oui, les Américains ont préféré donner à Obama quatre ans de plus pour finir de les convaincre que le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, un des plus charismatiques que l'Amérique ait connu pouvait leur apporter non seulement du rêve, mais un peu plus d'optimisme sur leur futur.

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