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Le stupéfiant simplisme de certains universitaires

Depuis plus de 20 ans, j'ai fait du judaïsme, de l'Israël biblique et contemporain mes objets d'étude dans le cadre de travaux et de cours au Département d'études littéraires de l'UQAM. Il m'importait de réagir à la lettre intitulée, que plusieurs de mes proches collègues ont appuyé.
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Dernièrement, quelques voix se sont élevées pour réclamer entre autres « l'embargo militaire immédiat sur Israël comme celui qui frappe le Hamas », appel fait au nom de la paix. La lettre est signée par des universitaires (L'abandon de la vocation pacifique , Le Devoir, 1er août). Aux auteurs qui sollicitaient ma signature j'ai répondu que je ne pouvais cautionner un texte qui assumait une aussi complète méconnaissance des enjeux, de l'histoire et de la complexité d'un conflit pourtant richement documenté. Depuis plus de 20 ans, j'ai fait du judaïsme, de l'Israël biblique et contemporain mes objets d'étude dans le cadre de travaux et de cours au Département d'études littéraires de l'UQAM. Il m'importait de réagir à ce texte que plusieurs de mes proches collègues ont appuyé.

Je salue la réponse claire et précise de David Ouellette (La faillite morale des intellectuels québécois, Le Devoir, 4 août 2014) qui permet de rappeler que le conflit auquel la planète médiatique assiste avec passion est inscrit dans une logique qui oppose à un État démocratique, non pas un peuple impuissant, mais une puissance armée (Hamas) qui ne protège ni ne soutient ce peuple. Situation rigoureusement analysée dans divers ouvrages accessibles si on se donne la peine de ne pas céder à la désinformation qui sévit non seulement sur cette question, mais sur tant d'autres. Le simplisme est, en cette affaire, absolument insoutenable.

Je me serais attendue à mieux de la part de collègues, dont certains émérites, rompus aux méthodes d'analyse du discours et aux maniements de sources et références multiples. On s'étonne de voir des penseurs pourtant aguerris embrasser avec autant d'abandons et sans la moindre réserve un tel pacifisme angélique. Ajoutons que s'il y a là « faillite morale » comme le soutient David Ouellette, elle ne frappe pas que des intellectuels québécois. Force est d'admettre que le seul nom d'Israël suscite de puissants effets dans les esprits, même laïques, de l'Occident chrétien.

L'Occident qui se croit fils du Dieu Amour semble inconsciemment continuer de penser que le Dieu d'Israël est un dieu « belliqueux, vengeur, cruel ». La laïcité ne dispense pas de l'ignorance, ni de reconduire à son insu ce qui a si bien servi la belle âme de l'humanisme. Nous avons de toute évidence un rapport viscéral à Israël, et ce rapport, l'histoire du christianisme ne peut que nous le rappeler, n'en est pas un de pure reconnaissance. L'impensé de notre lien et de notre dette symbolique envers Israël - qu'il soit en exil ou revenu sur sa terre - fait bien souvent achopper notre lucidité dans tous les conflits qui le mettent en jeu.

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