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Orlando est ma ville. Et toute cette m*rde me rend malade

Dans les jours qui suivront la tragédie d'Orlando, on va voir des déferlements d'amour et de soutien en provenance d'autres villes. Tout notre «militantisme» sur les réseaux sociaux nous donne l'impression que nous faisons quelque chose. Mais en fait nous ne faisons rien. Nous tolérons cette violence encore et encore. Ça suffit.
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Ce week-end, deux tragédies absurdes se sont déroulées sur le territoire de la ville que j'appelle "mon chez moi". Samedi, la chanteuse candidate à The VoiceChristina Grimmie a été abattue par un homme portant deux armes à feu, et ce dimanche matin, les autorités ont annoncé qu'une tuerie de masse s'était produite dans une boîte de nuit gaie du centre-ville d'Orlando.

Au réveil, Facebook et Twitter étaient pleins de posts sur la fusillade de ce dimanche et j'avais reçu plusieurs textos envoyés par des proches qui n'étaient pas dans la région et qui me demandaient si j'allais bien. J'avais la chance de pouvoir leur répondre, et de pouvoir dire à ma famille et à mes amis que j'étais saine et sauve -mais on ne peut pas en dire autant pour les environ (et pour l'heure) 50 personnes dont la mort a été confirmée à Orlando.

Dans les jours qui suivront cette tragédie, on va voir des déferlements d'amour et de soutien en provenance d'autres villes. On va lire des posts Facebook plus nombreux de la part de personnes qui diront leur colère, ou leur tristesse, ou leurs prières. On va voir des mots-clés Twitter pour venir en soutien aux habitants d'Orlando. On va voir des mèmes faits à partir de drapeaux arc-en-ciel. On va discuter des meilleures manières de transformer toute cette haine. On va voir un discours du président, et vraisemblablement des candidats à la présidentielle, et on va partager ces discours sur les réseaux sociaux. On va se lancer dans des débats enflammés dans les commentaires d'articles comme celui-ci, où la plupart d'entre nous penseront que ce sont les armes à feu le problème et certains d'entre nous qu'un gentil avec une arme aurait pu résoudre le problème. On va s'engueuler avec nos collègues au déjeuner sur la crise sanitaire mentale en Amérique et sur le vrai sens de "terrorisme". On va parler de religion, d'extrémisme et de violence.

Et ensuite, on oubliera.

Tout notre "militantisme" sur les réseaux sociaux nous donne l'impression que nous faisons quelque chose, comme par exemple faire clairement savoir que nous ne tolérerons désormais plus toute cette violence.

Mais nous ne faisons en fait rien. Nous tolérons cette violence encore et encore.

Ça suffit.

Il y a moins de deux semaines, j'ai partagé une vidéo sur mon mur Facebook, à partir du fil Twitter Town Hall du président Obama. Dans cette vidéo, il répondait à une question d'une personne du public qui demandait pourquoi l'État voulait retirer leurs armes aux gens. La réponse du président Obama, réfléchie et argumentée, était explicite sur le fait qu'il ne souhaitait pas retirer leurs armes aux gens, qu'il voulait simplement un meilleur système de régulation des armes à feu -comme il y en a pour tous les autres sujets qui concernent notre sécurité.

J'ai encensé le président pour ces propos logiques. Et aujourd'hui, j'ai honte de l'avoir fait.

"Une milice bien organisée, étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé." Pourquoi nous obstinons-nous à oublier la première partie du deuxième amendement pour nous attacher directement à la dernière?

Ça suffit.

On a tous trop peur pour promouvoir l'idée que la réponse à notre problème d'armes à feu n'est peut-être pas de "réguler" -ça pourrait plutôt être d'interdire toute arme à feu quelle qu'elle soit à l'intérieur des frontières américaines jusqu'à ce qu'on résolve nos putains de problèmes.

Ça suffit, de s'écraser devant les Américains qui se cramponnent à leurs armes comme si leur vie en dépendait. Ça suffit, de militer sur les réseaux sociaux sans véritable appel à l'action. Ça suffit, de faire comme si on pouvait résoudre ce problème par la régulation.

Ça suffit.

Mes représentants au Congrès sont le représentant républicain John Mica et les sénateurs démocrate Bill Nelson et républicain Marco Rubio. Sur ces trois-là, deux -John Mica et Marco Rubio- sont très bien notés par la NRA et sont constants dans leurs refus de renforcer le contrôle des armes à feu. D'ailleurs, Marco Rubio a déjà tweeté ce matin que ses "prières" allaient à ceux touchés à Orlando. Et c'est probablement la seule chose qu'il fera.

Ça suffit, merde.

Ça n'a plus rien d'extrême de proposer une interdiction des armes, quand les infos font défiler en une boucle infinie les tueries de masse les unes après les autres.

Ça suffit.

Donc aujourd'hui, quand vous modifiez votre photo de profil Facebook et que vous tweetez votre déchirement, prenez aussi conscience, s'il vous plaît, qu'il faut arrêter de prendre pour point de mire la régulation des armes à feu. Il faut arrêter d'avoir peur d'avancer l'idée que toutes les armes à feu doivent disparaître. Il faut tenir tête à la violence et à l'intolérance quand nous en sommes témoins. Il nous faut mettre en œuvre ce que nous prêchons et il faut le faire maintenant.

Ce billet de blogue est partie intégrante de ce pour quoi je milite, et même ça n'est pas suffisant.

Aujourd'hui, alors que vous priez et adressez des pensées positives aux victimes et à leurs familles, s'il vous plaît, utilisez cet outil pour voir qui sont vos représentants et utilisez cet outil pour voir comment ils se positionnent sur la question des armes à feu. Ensuite écrivez-leur, appelez-les, envoyez-leur un tweet, un message Facebook, pour qu'ils sachent qu'en tant que résident des États-Unis d'Amérique, vous ne tolérerez plus toute cette merde et que vous croyez qu'il est temps que nous disions tous: ça suffit.

Suivez Anjali Sareen sur son blogue The LITMO Life et sur sa chaîne YouTube.

Ce blogue, initialement publié sur le Huffington Post États-Unis, a été traduit de l'anglais par Mathieu Bouquet.

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The Sun
The Sun/Twitter
"Le Bataclan de l'Amérique", titre le journal britannique qui a choisi un titre lourd de sens, en référence aux attentats du 13 novembre en France.
Le Orlando Sentinel
Orlando Sentinel/Twitter
"Notre communauté en guérira", titre le journal local de la ville de Floride où a eu lieu la tuerie, Orlando.
Le Daily News
New York Daily News/Twitter
"Merci, la NRA", titre le Daily News, qui met directement en cause la National Rifle Association, l'association de défense du port d'armes aux États-Unis, dans la tuerie qui a fait 50 morts et 53 blessés le 12 juin.

"À cause de votre opposition perpétuelle à l'interdiction du port des armes, les terroristes comme ce fou peuvent LÉGALEMENT se procurer un fusil d'assaut et perpétrer la pire tuerie de masse de l'histoire des États-Unis".
Le New York Times
New York Times/Twitter
"Au nom du groupe État islamique, un homme armé a attaqué un club gay, faisant 50 morts dans la pire tuerie jamais perpétrée sur la sol américain", écrit le New York Times.
Libération
Libération/Twitter
En France, Libération a choisi la même photo que le New York Times pour sa Une du 13 juin, titrant sur une "nouvelle plaie béante".
Le Philadelphia Enquirer
Philadelphia Enquirer/Twitter
"La pire tuerie de notre pays: 'il n'a laissé de chance à personne'", écrit le Philadelphia Enquirer aux États-Unis.
Le Miami Herald
Miami Herald/Twitter
"Un acte de haine", titre ce journal local de Floride.
The Times
The Times/Twitter
"Il a prêté allégeance au groupe État islamique avant de tuer 50 personnes", titre le Times britannique.
El Pais
El Pais
En Espagne, El Pais consacre également sa Une à la tuerie qui a frappé Orlando dimanche. "Le groupe État islamique revendique la pire attaque aux États-Unis depuis le 11-Septembre", écrit le quotidien.
Times of India
Ashley Lombardo/Twitter
En Inde, le Times of India fait sa Une sur ce "tireur d'origine afghane" qui a prêté allégeance à Daech avant de tuer 50 personnes dimanche.

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