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Qui veut tuer Martin Luther King?

Haï des mouvements racistes blancs, désapprouvé par certains Noirs qui doutaient de l'efficacité de la protestation non violente, Martin Luther King comptait également de nombreux ennemis au sein du pouvoir...
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Cet article a précédemment été publié par le magazine L'Histoire

Haï des mouvements racistes blancs, désapprouvé par certains Noirs qui doutaient de l'efficacité de la protestation non violente, Martin Luther King comptait également de nombreux ennemis au sein du pouvoir...

Martin Luther King se tenait sur le balcon de sa chambre du Lorraine, motel du centre de Memphis Tennessee, lorsque la balle de son assassin l'atteignit en pleine tête. On peut aujourd'hui se tenir sur ce même balcon et regarder de l'autre côté de la rue le foyer d'où le meurtrier présumé de King, James Earl Ray, aurait tiré le coup fatal. La chambre 306 du Lorraine a été conservée exactement telle qu'elle était ce 4 avril 1968: elle est devenue la dernière étape d'un National Civil Rights Museum qui évoque, au-delà du personnage de Ray, les différentes forces à l'œuvre pour arrêter Martin Luther King dans les années qui ont précédé sa mort. Les sentiments de haine et de peur à son égard s'étendaient des quartiers ordinaires de villes telles que Birmingham, Saint Louis, ou Chicago aux plus hautes sphères du gouvernement fédéral.

Des doutes concernant la culpabilité de James Earl Ray ou, si tant est qu'il était bien le tireur, sur le fait qu'il ait agi seul, sont apparus immédiatement après son arrestation. Car, peu après sa condamnation, Ray rétracta ses aveux en affirmant que le procureur l'avait obligé à plaider coupable. On s'est demandé aussi comment ce petit délinquant avait pu, sans soutien, s'enfuir à Londres avec un faux passeport canadien. Restait également en suspens la question de l'analyse balistique, qui ne permettait pas de relier avec certitude la balle mortelle au fusil de Ray. Toutes ces failles dans l'accusation ont persuadé la famille King et certains grands noms du mouvement pour les droits civiques de l'existence d'un complot ayant ses ramifications jusqu'aux plus hauts niveaux du gouvernement. Or, si les résultats d'une nouvelle enquête, en 2000, semblent confirmer la culpabilité de Ray, celui-ci a de nouveau clamé son innocence sur son lit de mort, en 1998.

Aujourd'hui encore, donc, l'idée du complot persiste. Mettant en cause deux types de suspects: soit de grandes instances d'État comme le FBI, la CIA, l'armée ou le département de police de Memphis, soit un groupe d'extrémistes blancs lié au très conservateur American Independent Party et à la campagne électorale de son candidat ségrégationniste, George Wallace. Quoi qu'il en soit, les recherches menées pour étayer ces soupçons révèlent une résistance féroce au rêve de King d'intégration raciale et d'égalité, à tous les niveaux de la société américaine.

Première hypothèse: la responsabilité de l'État. Certes, l'idéologie anti-étatique, liée à la montée du conservatisme américain depuis la fin des années 1960, vient certainement conforter cette théorie. Reste que de nombreux signes révèlent les craintes que les activités de King suscitaient au siège du FBI et à la Maison-Blanche.

Dès 1961, l'Attorney General Robert Kennedy, inquiet de l'amitié liant King à un communiste notoire, son conseiller Stanley Levison, avocat new-yorkais, demanda au FBI de surveiller le pasteur noir. Or, le directeur du FBI, J. Edgar Hoover, souhaitait justement en découdre avec King: celui-ci n'avait-il pas publiquement dénoncé l'incapacité ou la mauvaise volonté du Bureau à traduire devant les tribunaux les responsables d'attentats contre des églises noires à Albany, en Géorgie? Il mit donc en place dès 1962 - à l'insu de Robert Kennedy - un programme de contre-renseignement visant King et son organisation, la Southern Christian Leadership Conference SCLC. Selon le rapport du FBI livré après l'assassinat, "le programme visait à discréditer et à neutraliser le dirigeant du mouvement pour les droits civiques".

En 1963, Hoover sollicita l'autorisation de mettre sur écoute le domicile et les locaux professionnels de King, ce qu'accepta Robert Kennedy. En octobre, un mois avant le meurtre du président John F. Kennedy, le rapport sur King arriva sur le bureau de Hoover accompagné d'un mémorandum: "L'analyse ci-jointe du "Communisme et le mouvement noir" est hautement explosive", y déclarait le directeur adjoint A. H. Belmont. "Elle peut être considérée comme une attaque personnelle contre Martin Luther King."

Six semaines plus tard, alors que le pays pleurait son président défunt, le FBI se rassemblait pour préparer sa campagne de destruction de King et de son mouvement. Pendant cette longue réunion, des dirigeants du FBI s'engagèrent à utiliser "toutes les techniques d'investigation disponibles" pour monter un dossier permettant de "discréditer" King.

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