Le ministre de l'Économie Jacques Daoust s'est heureusement excusé d'avoir comparé les entrepreneurs des régions à de petits «rois de village», mais seulement après avoir ajouté que ceux-ci n'auraient « plus l'assistance du gouvernement » et qu'il faudrait dorénavant se concentrer sur «la vraie création de richesse» à Davos et à Paris. Sa sortie n'a rien de rassurant pour le développement économique des régions, mais elle aura a tout le moins l'utilité de nous instruire sur la philosophie économique du ministre.
Le gouvernement veut créer des emplois, mais coupe dans l'aide aux PME
D'entrée de jeu, un consensus existe à l'effet qu'il est impératif de tout mettre en œuvre pour attirer des investissements étrangers, le Québec accusant un sérieux déficit à cet égard. D'ailleurs, nous attendons toujours impatiemment un plan concret du ministre pour augmenter significativement ces investissements. Certes, les missions à Davos, Paris et Pékin ont leur utilité, personne n'en doute, cependant bien davantage doit être fait pour générer les retombées dont le Québec a tant besoin.
Il importe, par ailleurs, de se rappeler qu'entre deux investissements étrangers existe la réalité du développement économique local. Une réalité qui repose essentiellement sur le potentiel entrepreneurial qui se trouve au sein des régions. Et cette réalité, celle des milliers d'entrepreneurs, petits et grands, qui sont par leurs rêves et leurs efforts la bougie d'allumage des villes et des communautés, ne figure tout simplement pas sur l'écran radar du ministre Daoust. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi le gouvernement a coupé 50$ millions dans l'aide aux PME. Et le ministre d'en rajouter : État moins interventionniste, actionnaire plutôt que subventionnaire, que la concurrence fasse son œuvre... et les PME des régions n'ont qu'à bien se tenir.
Les PME, le fondement du tissu économique des régions
Ce que Monsieur Daoust semble ignorer, c'est que les PME sont le fondement économique même du tissu économique de nos régions. La très grande majorité des emplois privés au Québec sont créés dans les PME et nombreuses d'entre-elles sont situées dans les régions. Or, ce n'est pas la Caisse de Dépôt ni Investissement Québec qui prendront des participations dans les petites entreprises agricoles, les petites manufactures, les start-ups, les épiceries, les restaurants et les concessionnaires en région qui emploient tant de Québécois.
Qui plus est, les spécialistes du développement régional vous diront que les régions ayant une forte culture entrepreneuriale réussissent mieux que celles qui dépendent d'un nombre restreint de grands employeurs. Ces régions connaissent moins de chômage, ont une main-d'œuvre plus polyvalente, sont plus à même de rebondir d'une crise économique, et s'adaptent mieux aux flux des marchés mondiaux.
Encourageons une culture entrepreneuriale en soutenant mieux nos PME
Bref, nous croyons que le gouvernement doit jouer un rôle de facilitateur et d'accompagnateur pour les PME, et ce, surtout en région où l'environnement concurrentiel peut rendre les entreprises plus vulnérables. Au lieu de couper dans des programmes fondés sur l'expertise locale, il faut appuyer les entrepreneurs locaux par des initiatives et programmes branchés sur la réalité régionale, améliorer la formation de la main-d'œuvre et faciliter l'accès au financement des PME. Nous croyons tout autant que le gouvernement a le devoir d'encourager la culture entrepreneuriale.
Les emplois qui feront la solidité économique du Québec de demain ne viendront vraisemblablement pas tous de Paris, Davos ou de Pékin, ni du bureau du ministre, mais aussi de l'élan créateur de tous ses entrepreneurs en région. Voilà pour les « rois de village ».
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