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Cellulaire et précaution: les États-Unis se mouillent puis se rétractent

«Comme plusieurs organisations dans le monde, nous recommandons la prudence dans l'usage du téléphone cellulaire...»
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« Comme plusieurs organisations dans le monde, nous recommandons la prudence dans l'usage du téléphone cellulaire... S'il s'avérait que les radiofréquences causent des problèmes de santé, les enfants qui utilisent les téléphones cellulaires pourraient courir un risque plus élevé de développer ces problèmes à l'avenir. »

Publiées le 9 juin dernier sur le site des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), regroupement d'organismes fédéraux américains chargés de protéger le public contre des menaces à sa santé et sa sécurité, ces affirmations avant-gardistes semblent avoir mis le gouvernement Obama dans l'embarras. Hier, elles ont été effacées du site des CDC, qui affirment désormais : « Certaines organisations recommandent la prudence dans l'usage du cellulaire. Davantage de recherche est requise avant que nous sachions si l'utilisation du téléphone cellulaire a des effets sur la santé. » Et concernant les bambins : « On ne sait pas si l'usage du cellulaire par les enfants peut causer des problèmes de santé. »

Tout en soulignant qu'utiliser un cellulaire peut sauver des vies en cas d'urgence, les CDC ajoutent : « Si vous êtes inquiets à propos de l'usage du cellulaire, suivez les conseils suivants.

Pour réduire les radiations de radiofréquences [RF] près de votre corps :

  • Procurez-vous un casque d'écoute mains libres qui se branche directement sur votre téléphone.
  • Utilisez le haut-parleur plus souvent.
  • Autrefois, les RF interféraient avec l'usage de certains stimulateurs cardiaques. Si vous portez un stimulateur cardiaque et êtes préoccupé quant à savoir comment votre cellulaire pourrait l'affecter, contactez votre fournisseur de soins de santé. »

Pour sa part, Santé Canada rappelle que l'on peut réduire son exposition aux RF en réduisant la durée des appels, en optant pour un appareil « mains libres » et en favorisant les textos.

Le gouvernement Obama s'est-il une fois de plus soumis aux pressions de la puissante industrie des télécommunications? Comme l'écrivait hier celui qui avait rendu publique la semaine dernière la mise à jour du 9 juin, le professeur Joel Moskowitz, directeur du Centre de santé familiale et communautaire à l'École de santé publique de l'Université de la Californie, à Berkeley : « Sachant combien les CDC contrôlent généralement leur service des relations avec les médias, nous doutons que leurs nouveaux énoncés de politique fussent tout simplement une erreur. Qu'est-ce qui a influencé les CDC à rétracter leurs déclarations politiques du 9 juin sur l'utilisation du téléphone cellulaire? »

Moskowitz ajoute que la mise en garde faite par les CDC le 9 juin était compatible avec les politiques adoptées par une douzaine d'agences nationales de santé et de radioprotection dans des pays développés. Ceci depuis que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les radiofréquences, en mai 2011, parmi les substances « peut-être » cancérogènes sur la base d'un risque accru de cancer du cerveau pour les gens qui utilisent un cellulaire au moins 30 minutes par jour pendant plus de dix ans. Des études publiées depuis 2011 justifient même de les classer « probablement cancérogènes », selon le Dr Anthony Miller, professeur émérite d'épidémiologie à l'Université de Toronto, qui faisait partie des experts consultés par le CIRC en 2011.

Le gouvernement canadien devrait appliquer le principe de précaution et mettre à jour ses lignes directrices sur l'exposition aux radiofréquences (Code de sécurité 6) avant que « d'énormes épidémies de maladies » liées aux technologies sans fil ne surviennent, déclarait le 9 juillet dernier sur le réseau de télévision CTV la Dre Riina Bray, directrice de l'Environmental Health Clinic de l'Hôpital Women's College affilié à l'Université de Toronto. « Nous assistons à un mépris flagrant pour les personnes souffrant de symptômes liés à une connexion Wi-Fi et aux autres technologies sans fil », a-t-elle déploré en accusant Santé Canada d'être en conflit d'intérêts avec l'industrie des télécommunications.

Professeure de médecine familiale depuis 40 ans à l'Université McGill, la Dre Jacqueline McClaran abonde dans le même sens. « Les gens sont complètement ignorants des effets potentiellement nocifs des CEM sur la santé. Je crois qu'ici l'avenir nous réserve à nouveau ce qui s'est passé avec l'amiante ou le tabac : on ne remarque pas soi-même l'impact dans les heures qui suivent, mais on paie plus tard... L'utilisation personnelle d'un téléphone sans fil vient simplement s'ajouter à un environnement déjà toxique. Santé Canada et les organismes provinciaux de réglementation et de santé publique devraient financer des études consistant à mesurer l'exposition des gens aux RF par petites régions et à comparer les résultats avec l'incidence globale d'incapacité due aux maladies, plutôt que de simplement se concentrer sur les risques de cancer associés à l'usage du téléphone cellulaire. »

Au ministère québécois de la Santé et des Services sociaux (MSSS), la porte-parole Stéphanie Ménard indique qu'il n'y a présentement pas lieu de recommander l'application du principe de précaution en matière d'exposition aux CEM, ce qui n'empêche pas les gens inquiets de limiter l'usage du cellulaire par les enfants et d'appliquer les autres mesures suggérées par Santé Canada. « Concernant les téléphones cellulaires, aucune preuve scientifique n'a encore été apportée à ce jour démontrant une relation de cause à effet entre les radiofréquences (RF) émises par ces appareils et les risques présumés à la santé (cancers, effets neurologiques, effets sur les personnes se disant «électrosensibles», etc.) dit-elle. De plus, il n'y a pas de plausibilité biologique démontrée à l'appui de tels effets, dans l'état actuel des connaissances scientifiques. »

Le MSSS est par ailleurs en accord avec les positions canadienne, américaine et française concernant la sécurité des cellulaires et leurs antennes relais (stations de base), ajoute Stéphanie Ménard. Elle cite le rapport Effets sanitaires des technologies de communication sans fil et autres applications radiofréquences publié en 2013 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail de France : « Les conclusions de l'évaluation des risques ne mettent pas en évidence d'effets sanitaires avérés.»

Concernant les stations de base, un avis scientifique publié en 2011 par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a conclu : « Compte tenu des connaissances actuelles et des faibles niveaux d'exposition aux RF issus des stations de base, la probabilité d'un risque sur la santé de la population générale et celle vivant à leur proximité peut être considérée faible ou inexistante. »

Pourtant, plusieurs études scientifiques suggèrent qu'il y a bel et bien un risque accru de cancer et autres problèmes de santé chez les gens vivant particulièrement en deçà de 300 mètres des antennes relais, comme l'indique le site de l'organisme européen Robin des Toits.

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