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Ces derniers jours, les commentateurs ont pu faire leurs choux gras sur les récentes propositions politiques d'Hillary Clinton. Leurs critiques portaient cependant plus sur le fond que sur la forme.
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Ces derniers jours, les commentateurs ont pu faire leurs choux gras sur les récentes propositions politiques d'Hillary Clinton. Leurs critiques portaient cependant plus sur le fond que sur la forme: l'ancienne première dame a pris le risque de noyer son effet d'annonce en exposant ses idées par boîte courriel privée, alors qu'elles auraient mérité d'être portées à l'attention publique. Voilà qui révèle l'un des talons d'Achille de la campagne d'Hillary: sa tendance à traiter les électeurs comme s'ils représentaient des groupes d'intérêt. À chaque groupe sa proposition: exonération des frais de scolarité pour les étudiants, réforme de l'immigration pour les Latinos, garderies gratuites pour les jeunes parents, etc. D'autres Démocrates, du moins depuis Walter Mondale, ont eu tendance à suivre la même démarche. Résultat: un discours liminaire typique lors de la Convention démocrate nationale résonne comme une longue liste de courses jalonnée de promesses.

Les Américains ont certes leurs intérêts et ont tendance à favoriser les candidats qui leur promettent d'aborder leurs préoccupations particulières. Cependant, nous ne marchons pas seulement à la carotte. Nous sommes aussi des citoyens conscients que notre pays n'avance pas dans le bon sens. Nous cherchons un leader capable de partager une vision d'une Amérique dont nous pouvons être fiers, un historique de nos faux pas et la façon d'y remédier. Les démocrates ont besoin de leur propre Reagan: un candidat ayant une vision simple, directe et fédératrice.

Appelons ça une société juste, où chacun prend ses responsabilités et voit en retour ses droits protégés. Cet idéal a un prix. Il implique par exemple qu'on garantisse un minimum vital pour chaque Américain désireux de travailler, en finançant la construction d'infrastructures sur lesquelles travailleraient des citoyens qui ne parviennent pas à trouver d'emploi dans le privé. Il faudrait aussi que personne - pas seulement les enfants - ne soit laissé-pour-compte; il s'agit là de proposer des cours d'anglais aux nouveaux Américains et des tuteurs aux élèves en difficulté à l'université. Il s'agit aussi de faire en sorte que ceux qui cotisent à la Sécurité sociale puissent récupérer leur argent à la retraite et que chaque Américain puisse profiter d'une couverture de santé (ce n'est pas encore prévu dans la version actuelle d'Obamacare).

Une vision est incomplète sans une narration digne de ce nom. Les Américains aiment savoir ce qui a mis le pays hors des rails, et comment le remettre sur le droit chemin. Tel que je le vois, le malaise national est dû à des groupes d'intérêt restreint qui portent atteinte au bien commun. La dérégulation financière a fait perdre la tête à Wall Street, sapant la croissance économique et le contrat social à grand renfort d'inégalités. La re-régulation ferait à nouveau de notre pays une société juste.

La légalisation de contributions financières secrètes et virtuellement illimitées versées par les grandes fortunes (y compris les corporations) aux élus aura été l'instrument le plus important de "gouvernance par groupes d'intérêt." Pour inverser la tendance, il faudra limiter l'apport accordé par les élus en échange de l'argent versé. (Cela évite de devoir renverser Citizens United, qui défend l'idée selon laquelle verser de l'argent aux politiciens est une forme de discours. Les versements seront drastiquement réduits si les élus se voient privés du droit d'accorder des traitements de faveur aux donateurs.) Les mêmes groupes d'intérêt qui ont œuvré à la dérégulation et à l'inégalité font aussi pression pour augmenter de manière considérable le budget de la défense en vue d'une guerre contre la Chine. Les réformes de politique étrangère doivent prendre en compte le fait que les États-Unis ont de nombreux intérêts en commun avec la Chine, dont la non-prolifération des armes nucléaires, la lutte contre le terrorisme international, le contrôle climatique et la protection environnementale.

Hillary Clinton pourrait adopter une vision différente. Cependant, sans une compréhension générale des maux américains et de leurs remèdes, l'ancienne Secrétaire d'État ne parviendra pas à mobiliser la "base" et le centre, qui doivent se lever, s'organiser et combattre jusqu'à la victoire en 2016.

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Mai 2017

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