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Le souffle de notre jeunesse

Toute démocratie qui se respecte doit valoriser les grands débats de société et la dissidence qui mène à la confrontation des idées. Cette confrontation, celle qui oppose des projets de société, elle est saine et nécessaire.
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De quoi se mêle la jeunesse québécoise? Plutôt que de lui répondre par le dialogue et la raison, le ministre Blais a violemment fermé la porte aux associations étudiantes, préférant brandir la menace de «deux ou trois» expulsions exemplaires sous le nez de ses anciens étudiants.

François Blais, comme moi, appartient à la génération de la Révolution tranquille. Nous sommes nés la même année, en 1961, alors que l'équipe du tonnerre sonnait le glas de la Grande Noirceur. Les grandes idées s'entrechoquaient dans les cuisines de notre enfance. Chez nous, les discussions étaient colorées par la situation politique du Québec tout autant que de l'Iran. Chez lui, qui sait? Ça devait probablement jaser de McGill Français, de loi 101 ou des grandes réformes progressistes du premier mandat de René Lévesque.

Quand il était au cégep, M. Blais a peut-être participé à la grève étudiante de 1978. Celle qui a mené la bonification substantielle du régime des prêts et bourses. Encore aujourd'hui, des dizaines de milliers d'étudiants s'appuient sur cette béquille gouvernementale pour aller à l'université.

Les mouvements étudiants ont le don de soulever des grands débats de société. C'est ce printemps des idées, qui s'est manifesté pour l'essentiel de façon pacifique, qui représente pour moi ce que le «printemps érable» fut. À l'Assemblée nationale, dans les universités, les milieux de travail, les cuisines du Québec, tout le monde s'est mis à parler d'université, d'éducation et de leur importance au sein de notre société.

Toute démocratie qui se respecte doit valoriser ce débat et la dissidence qui mène à la confrontation des idées. Cette confrontation, celle qui oppose des projets de société, elle est saine et nécessaire.

Or, certains tentent de réduire le printemps 2012 à la matraque, à la violence, aux balles et aux gaz des policiers. D'autres donnent toujours le beau rôle aux policiers, tenant toujours les marcheurs responsables de la répression qui les frappent. Ces visions étroites et réductrices servent malheureusement l'intérêt du gouvernement libéral. Sans regard aux différentes formes que prennent les marches, il veut casser la contestation. C'est triste.

Jugez-en vous-mêmes: le gouvernement Couillard, dès son entrée au pouvoir, a balayé d'un revers de la main les conclusions du rapport Ménard sur les manifestations du printemps 2012. Or, en mettant en œuvre certaines recommandations de ce rapport, on aurait pu éviter les débordements du 26 mars dernier et tant d'autres moments de violence inutiles. La partisanerie a hélas pris le dessus.

Il y a presque un an, les libéraux ont été élus sans avoir remis leur véritable «itinéraire» politique aux Québécoises et aux Québécois. Aujourd'hui, on constate que le gouvernement Couillard souffre d'une vision en tunnel: celle du déficit zéro. Dans le salon rouge de l'Assemblée nationale, les bruits de poule ont remplacé l'écoute active.

Ce gouvernement n'a aucun projet de société à offrir aux jeunes. Et il n'a aucune intention de prêter l'oreille à la population. Encore moins aux étudiants, qu'il traite d'enfants gâtés. Comment reprocher aux étudiants de prendre la rue quand ils font face à un mur?

Je ne suis pas toujours d'accord avec les moyens de pression ou la stratégie du mouvement étudiant. Dans une société saine et démocratique, c'est normal. On respecte le droit des autres à opiner différemment. Mais la question est ailleurs. Elle est dans les idées.

Monsieur Blais, rappelez-vous des discours qui ont marqué nos études. Vous seriez surpris d'apprendre que vos anciens étudiants lisent encore leurs discours dans la langue du bien commun. Le langage de l'intérêt du peuple. De quoi se mêlent les étudiants ? Ils manifestent pour la société dans son ensemble. Et vous? Depuis votre élection, votre gouvernement a gouverné pour la minorité et accablé la majorité par une austérité qui ne tient plus la route.

Il est temps de tendre l'oreille au souffle de la jeunesse. Il est temps d'apprendre à parler au «nous».

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