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Les femmes font leur place en ingénierie

Aujourd'hui, les femmes ingénieures ne représentent que 13% des professionnels du génie au Québec, mais la proportion de professionnelles du génie est en progression depuis le début du millénaire.
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Depuis mon enfance, mes parents ont nourri mon insatiable curiosité en m'exposant à une multitude d'expériences, de lectures et de rencontres. Je ne réalisais pas que j'étais privilégiée : mes jeunes amies n'avaient pas nécessairement autant d'occasions que moi d'explorer, de se salir ou de prendre des risques. Mon terrain de jeu n'avait pas de limites et j'avais énormément de questions! Jeune, j'ai découvert les sciences, qui m'expliquaient enfin le monde et m'offraient une foule d'options encore non explorées.

Par conséquent, lorsqu'est venu le temps de choisir une carrière au secondaire, la médecine s'est imposée, car ce choix remplissait tous mes critères : la science, l'humain, les défis, et l'apprentissage continu. Puis, c'est dans la salle d'attente de mon conseiller pédagogique que je rencontrais pour choisir mon programme à l'université, la biochimie, en voie vers la médecine, que je me suis mise à feuilleter une brochure sur le programme biotechnologie de l'Université d'Ottawa. Ce double baccalauréat en biochimie et ingénierie chimique ne durait que 5 ans et demi au lieu des 8 années à consacrer aux études de médecine.

Jusqu'alors, je n'avais jamais considéré l'ingénierie comme choix de carrière. Et pour être franche, je n'y connaissais pas grand-chose. Ma curiosité a pris le dessus et j'ai finalement opté pour le mystère que m'était l'ingénierie. Et je ne regrette pas mon choix!

Remettre en question le statu quo

Travailler en science, et en ingénierie est extrêmement stimulant pour mon esprit qui en demande toujours plus. Il n'y a pas de cadre prédéfini. On nous demande constamment de remettre en question le statu quo, de comprendre et résoudre des problèmes complexes et surtout d'innover dans nos approches et nos solutions — rien ne doit être pris pour acquis. Je crois que certaines personnes ont tendance à associer l'ingénierie à une science un peu plus aride, dans un chantier ou une usine. Mais ce qu'il faut bien comprendre c'est que les ingénieurs sont des bâtisseurs de société. Il est donc extrêmement important que tous se sentent concernés, les femmes et les hommes, afin que chacun puisse contribuer avec leurs perspectives, leurs expériences diverses et leurs idées.

S'aventurer

Durant mes études, j'ai participé au groupe « Let's Talk Science » qui présente la science aux jeunes du primaire et du secondaire. Je me suis rendu compte que les filles sont moins susceptibles de choisir une carrière en sciences parce qu'elles y sont moins exposées dès leur plus jeune âge. Leurs expériences et parfois même leur culture ne les sensibilisent pas nécessairement à la science et l'ingénierie, et nous devons leur montrer qu'il existe plusieurs options stimulantes et passionnantes lorsqu'elles s'aventurent en dehors de leur terrain de jeu connu.

Visez haut!

J'ai entendu parler mon employeur actuel, lors d'une compétition de génie étudiante à laquelle j'ai participé. Mon équipe, entièrement féminine, a atteint la troisième place et le juge de Hatch a tenu à nous dire pourquoi nous avions obtenu de si bons résultats — notre équipe avait bien défendu ses idées et c'est un atout indispensable dans le monde du génie-conseil. Il nous a encouragées à poursuivre dans cette voie et nous l'avons fait.

Mon diplôme en main, j'ai ciblé cette entreprise, car on m'offrait une carrière dans laquelle mon rôle serait de résoudre, en équipe, des problèmes, toujours changeant puisque les projets se déroulent partout dans le monde et dans différents secteurs. La culture de la compagnie permet de changer de rôle facilement et de varier les niveaux de responsabilité. Ton patron peut être dans ton équipe un jour et sur un autre projet le jour suivant. Avec autant d'options, pas le temps de s'ennuyer!

S'entraider et imposer le respect

La réalité du marché du travail ne m'a pas déçue, les personnes que j'y ai rencontrées sont remarquables et brillantes. Parmi ceux-ci, ma mentore Nadia Romani, qui était ingénieure séniore ici à mon arrivée. Il est très important à mon avis d'avoir une vision de ce que je veux être plus tard et Nadia incarne cette vision. En la voyant agir, j'ai été rassurée — et si je suis honnête, j'avais besoin d'être rassurée. Oui, je peux m'accomplir dans ma vie personnelle ET professionnelle sans qu'un côté ne l'emporte sur l'autre. Oui, c'est possible pour une femme de capter l'attention, d'imposer le respect, et de s'engager sans pour autant avoir à renier sa féminité, sa famille ou ses intérêts personnels. Ma mentore m'a appris à mieux cerner mes forces, elle a su me voir pour ce que j'étais, et a encouragé le plein développement de mon potentiel.

J'ai aussi besoin de savoir que mon employeur me soutient dans mon désir de fonder une famille et que ça n'aurait pas de répercussions sur l'évolution de mon parcours professionnel.

J'ai aussi besoin de savoir que mon employeur me soutient dans mon désir de fonder une famille et que ça n'aurait pas de répercussions sur l'évolution de mon parcours professionnel. Mon employeur est déterminé à apporter des changements positifs et supporte, par exemple, le groupe interne des « Femmes de génie » dans lequel nous échangeons régulièrement sur nos défis communs. Nous travaillons présentement sur un comité d'accompagnement de retour au travail après un congé de maternité ou de paternité. Ce genre d'initiatives me motive à m'impliquer encore plus et à voir le futur des femmes en sciences de manière optimiste.

Faire sa place

Aujourd'hui, les femmes ingénieures ne représentent que 13% des professionnels du génie au Québec, mais la proportion de professionnelles du génie est en progression depuis le début du millénaire. Personnellement, je continue aussi à m'impliquer dans les compétitions étudiantes d'ingénierie et je constate, même seulement 3 ans après mon passage, que les choses changent rapidement. Maintenant, la plupart des équipes qui participent aux compétitions comprennent au moins une fille et les jurys comprennent de plus en plus de femmes. Je suis persuadée que la prochaine génération n'en sera que plus inspirée.

Toute cette évolution en seulement quelques années renforce ma conviction et mon enthousiasme envers la place des femmes dans les sciences. Nous devons continuer à encourager les jeunes femmes à découvrir les multiples options qui s'offrent à elles et lever les barrières dressées par la société. Je souhaite que les jeunes femmes poursuivent leurs rêves et ne se laissent pas décourager par certaines tendances ou individus.

Avril 2018

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