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Hamas-Israël, la double folie

La guerre entre le Hamas et Israël a dévoilé la folie des deux camps. L'objectif de longue date du Hamas, celui de détruire Israël, est revenu le hanter et pourrait bien le conduire à sa perte. De l'autre côté, le fait que le Premier ministre Netanyahou refuse de mettre fin à l'occupation et au blocus indique aussi le degré de folie de sa politique.
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La guerre entre le Hamas et Israël a dévoilé la folie des deux camps. L'objectif de longue date du Hamas, celui de détruire Israël, est revenu le hanter et pourrait bien le conduire à sa perte. De l'autre côté, le fait que le premier ministre Netanyahou refuse de mettre fin à l'occupation et au blocus indique aussi le degré de folie de sa politique.

Ironie du sort, les leaders du Hamas savent bien qu'ils ne seront jamais capables de menacer sérieusement l'existence d'Israël, et à chaque fois qu'ils les défient, ils soumettent les Palestiniens de Gaza à l'horreur de la guerre, de la destruction, et de la mort.

De la même manière, Netanyahou ne veut pas reconnaître que continuer l'occupation et le blocus est une position intenable. A l'ère des roquettes, il n'est plus possible de parler de frontières sécurisées, aussi fortifiées soient-elles.

Tout d'abord, laissez-moi vous assurer que je fais la distinction entre l'organisation fourvoyée, fanatique et violente qu'est le Hamas, et la grande majorité des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie qui veulent vivre en paix et dans la dignité.

L'embrasement actuel démontre parfaitement la cruauté et la dégénérescence du Hamas qui utilise des hommes, des femmes et des enfants comme des boucliers humains afin de protéger les caches de roquettes. Ce faisant, ils soumettent les Palestiniens à une grande pauvreté et au désespoir. Cela met en lumière la brutalité du règne du Hamas, qui place sa morale religieuse pervertie au-dessus des vies de ceux qu'elle devrait protéger.

Aveuglés par le fanatisme, les leaders du Hamas n'hésitent pas à sacrifier les vies précieuses d'enfants et empêchent les Palestiniens terrifiés de quitter leur lieu de vie pour éviter d'être tué ou blessé, dans le simple but de faire croître la condamnation internationale d'Israël.

Le Hamas a pris l'habitude de provoquer Israël, soi-disant pour mettre fin au blocus israélien. Mais à la place, il se retrouve entaché d'une nouvelle confrontation sanglante tandis que la grande majorité des Palestiniens de Gaza finissent par en payer le prix.

Suite à la formation du gouvernement d'union palestinien, j'ai recommandé qu'Israël donne une chance au Hamas de démontrer sa volonté d'adhérer, bien qu'indirectement, aux trois principes du Quartet, qui sont: reconnaître Israël, accepter les accords antérieurs et abandonner la violence, ce que le gouvernement d'union a réaffirmé.

A la place, le Hamas a choisi de renoncer à une opportunité historique qui aurait pu permettre au gouvernement d'union de tracer une nouvelle voie menant au lever du blocus et établissant les conditions nécessaires pour construire progressivement une paix durable.

Plutôt que de se baser sur les concessions faites par Israël lors de l'accord de cessez-le-feu de 2012, le Hamas a préféré se confronter de nouveau à Israël, dans le but de regonfler sa légitimité politique en déclin auprès des Palestiniens, qui n'ont rien récolté de l'activité du Hamas si ce n'est encore plus de douleur et de découragement.

Alors que le Hamas parvenait à susciter la compassion des pays arabes en temps de crise, aujourd'hui il se retrouve plus isolé et à court d'argent que jamais.

Las de l'extrémisme islamique, les pays arabes se réjouissent en silence des défaites imposées au Hamas par les forces israéliennes. Sans surprise, l'Égypte a pris un certain plaisir à observer les dégâts que le Hamas s'est lui-même infligé, étant donné que le gouvernement égyptien déteste le Hamas en raison de ses liens forts avec les Frères musulmans qui sont désormais hors la loi dans le pays.

Netanyahou, d'autre part, ne s'en tire pas bien mieux. Il insiste sur le fait qu'Israël n'est pas une puissance occupante et que dans tous les cas elle a besoin de frontières bien gardées. Le nouveau conflit avec le Hamas révèle une fois de plus la stupidité de son argument, tandis que des milliers de roquettes s'abattent sur Israël, semant le chaos et obligeant des milliers de personnes à fuir pour tenter de trouver un abri.

L'argument avancé par la droite israélienne est que le retrait de Gaza en 2005 démontre qu'on ne peut pas faire confiance aux Palestiniens, puisque le Hamas utilise le territoire comme une base pour les attaques envers Israël au lieu de construire l'infrastructure d'un État.

Si le retrait de Gaza n'avait pas été précipité, unilatéral, et réalisé sans dispositifs de sécurité ni programme de développement économique, le tableau serait complètement différent aujourd'hui. Le Hamas n'aurait pas pu renverser l'Autorité palestinienne, qui contrôlait Gaza à l'époque, et prendre le contrôle de la bande.

Néanmoins, cette décision de retrait avait été basée sur l'hypothèse qu'une Palestine divisée était plus avantageuse pour Israël, et qu'en se débarrassant de Gaza, Israël n'aurait plus à administrer une zone fortement peuplée avec laquelle elle n'a pas d'affinités et qui n'a ni résonance idéologique ni valeur stratégique.

Les gouvernements israéliens successifs tentent d'établir le statu quo, mais n'ont pas de vision à long terme: ce n'est pas durable, étant donnés le blocus permanent de Gaza et le refus d'Israël de le lever en période d'accalmie, l'occupation de la Cisjordanie, et la poursuite de la colonisation. Une éruption violente telle que la guerre actuelle était à prévoir.

Là encore, la stupidité d'Israël est révélée au grand jour. Un petit groupe islamique fanatique est capable de commettre des dégâts incroyables dans tout Israël alors qu'il affronte courageusement la puissance militaire la plus redoutable du Moyen-Orient.

A présent Netanyahou est pris au piège. Il est déchiré entre son désir d'écraser le Hamas et détruire son infrastructure, et la pression internationale qui réclame la fin des hostilités. Une fois de plus, le monde entier observe le déroulement d'une tragédie grecque - quoique celle-ci soit bien réelle et impitoyable.

C'est une tragédie, car le Hamas et Israël sont tous deux coupables d'un orgueil démesuré qui dépasse les frontières. La preuve omniprésente de l'orgueil d'Israël se retrouve dans le fait de poursuivre l'occupation et de refuser aux Palestiniens l'établissement de leur propre état ; chez le Hamas, c'est sa persévérance suicidaire à désirer la destruction complète d'Israël.

Il est clair qu'un cessez-le-feu doit être établi dans l'urgence afin que l'ONU puisse apporter une aide humanitaire immédiatement. Ensuite, il faudra négocier un accord plus durable. Mais un tel accord n'aura un sens que s'il aborde les causes et les conséquences de ce conflit sans fin.

La crise actuelle offre l'occasion d'une avancée majeure : pour commencer, aucune concession ne devrait être faite au Hamas tant qu'il n'aura pas remis sa cache d'armes à un groupe commandité par l'ONU, en échange de quoi le blocus sera levé partiellement puis, petit à petit, entièrement.

Une coordination de sécurité entre Israël et l'Autorité palestinienne devrait être mise en place à Gaza sous l'égide du gouvernement d'union, autorisant les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne à prendre en charge tous les passages de frontière depuis Gaza.

Israël doit promettre de reprendre les négociations de paix et s'engager à nouveau sérieusement pour une solution à deux états, afin de donner aux Palestiniens l'espoir que l'occupation va enfin se terminer.

Je ne suis pas assez naïf pour supposer que le Hamas et Israël sont prêts à accepter un tel accord. Mais il est temps de faire pression sur les deux, puisqu'aucun d'eux ne peut continuer son petit jeu. Le Hamas voudrait rester libre de déplacer la population et les biens de Gaza tout en préparant la prochaine bataille ; Israël voudrait continuer la colonisation, maintenir l'occupation et garder le blocus en place.

Si la communauté internationale dirigée par les États-Unis veut éviter que ces scénarios désastreux se répètent, elle doit exiger ces conditions, aussi intenables puissent-elles sembler.

En effet, tant que ces dynamiques ne seront pas profondément changées, les Israéliens et les Palestiniens en paieront le prix. Il est temps de révéler au grand jour la folie israélienne et palestinienne.

Les deux camps découvriront que cette folie mutuelle les conduit à un destin tel que celui décrit par Eschyle: "Déjà ces crimes ont reçu leur salaire; mais tout n'est pas fini... Des flots de sang couleront... Des amas de cadavres, jusqu'à la troisième génération, parleront, dans leur muet langage, aux yeux des hommes: 'Mortels, il ne faut pas que vos pensées s'élèvent au-dessus de la condition mortelle'. Laissez germer l'insolence, ce qui pousse, c'est l'épi du crime; on moissonne une moisson de douleurs."

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