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Merci à ma patrie, le Québec!

Le défi de l'interculturalisme réside dans la définition claire de cette identité majoritaire, une tâche encore inachevée pour les tenants de cette approche au Québec.
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Depuis Londres, je continue à suivre ponctuellement l'actualité politique au Québec. À vrai dire, je suis nostalgique et j'ai le mal du pays. En tant que citoyen de confession musulmane, je me sens interpellé de faire référence au débat entourant l'affaire de M. Chaoui.

Pour notre plus grand bonheur, au Québec, le résultat de nos politiques d'immigration est beaucoup plus positif qu'en France ou au Royaume-Uni par exemple. Nous n'avons certainement pas les mêmes défis. Nous avons une charte des droits et libertés qui protège tous les individus, peu importe leur communauté d'appartenance. Il n'empêche qu'à l'heure actuelle, on se doit d'être plus vigilants et identifier les faiblesses de notre système afin de dissuader toute forme de discours intégriste manipulateur. Qu'il s'agisse du multiculturalisme canadien ou du modèle interculturaliste québécois, tous deux sont critiquables et doivent être continuellement révisés.

L'interculturalisme stipule l'existence d'une culture majoritaire et la recherche de valeurs communes auxquelles les individus s'identifient tout en préservant leurs traits particuliers. Or, le défi réside dans la définition claire de cette identité majoritaire, une tâche encore inachevée pour les tenants de cette approche au Québec.

Pour ma part, je suis un défenseur de la Charte canadienne. Cependant, je crois qu'il est important de reconnaitre le risque associé à la manipulation de ces droits par des individus comme M. Chaoui. Je ne souscris pas au multiculturalisme s'il s'agit d'une idéologie, mais d'une politique qui favoriserait un « vivre-ensemble » harmonieux.

M. Chaoui profite de la liberté d'expression qui lui est garantie par nos institutions (qu'il critique) pour tenir son discours. Il ne se prononce pas simplement en tant qu'un individu. Il aspire à diriger un centre où il prêchera devant certains membres de la communauté musulmane. Cela lui procurerait une tribune dangereuse. C'est pour cela qu'il faut absolument empêcher ce genre de discours d'être véhiculé par des institutions religieuses. J'entends déjà les critiques qui feraient référence à sa liberté d'expression. Je rappelle aux lecteurs que celle-ci n'est pas sans limites. C'est exactement pour cela que nous avons adopté une charte pour mettre des balises à ces droits. En tant que musulman, je salue la décision d'empêcher M. Chaoui de mener à terme son projet. Cependant, j'invite nos élus à coopérer davantage avec les nombreux Imams dont le discours est progressiste, démocrate et constructif.

À l'heure actuelle, nous avons besoin de favoriser une plus grande interaction entre les élus et la communauté musulmane. Il est primordial de lancer un processus de socialisation, à travers lequel les individus apprendront les uns sur les autres. Nous devons intérioriser des normes et des valeurs qui nous définissent collectivement. Peu importe la communauté d'appartenance, nous avons une identité commune. Les musulmans ont beaucoup en commun avec l'ensemble des Québécois. Essayons de définir ces dénominateurs en commun et interagir ensemble pour mieux se connaitre. Je connais plusieurs centres communautaires musulmans et des mosquées qui ont rarement reçu la visite des élus. Il est important d'identifier ces centres et de lancer un dialogue direct avec leurs adeptes. Nous devons dénoncer tout discours intégriste, sans réserve, et travailler de concert avec la communauté musulmane.

Enfin, M. Chaoui semble très malheureux de vivre au Québec. Nos systèmes politique et judiciaire ne correspondent pas à son projet de société idéale. Dommage qu'il ne nous dise pas qu'est-ce qui l'incite à toujours vivre au Québec.

Sur une note personnelle, j'ai toujours souhaité remercier le Québec pour les opportunités qu'il m'a offertes. Pour n'en énumérer que quelques-unes, je dirai la chance de fuir, avec ma famille, la dictature de Saddam Hussein, de recevoir une éducation de qualité, d'apprendre trois langues et surtout faire partie de cette nation formidable.

En guise de remerciement, j'ai hâte de revenir et de servir ma patrie.

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