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Projet-M: la science-fiction au goût d'ici

est une série web d'une telle envergure qu'il aura fallu attendre plus d'un an avant d'enfin la voir débarquer sur le site internet de Ztélé. Les trois auteurs nous parlent de la manière dont ils ont monté cette méga-production... avec de mini-moyens.
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Financée par le Fonds indépendant de production (FIP) en 2012, Projet-M est une série web d'une telle envergure qu'il aura fallu attendre plus d'un an avant d'enfin la voir débarquer sur le site internet de Ztélé. Les trois auteurs nous parlent de la manière dont ils ont monté cette méga-production... avec de mini-moyens.

Une science-fiction humaine

En nous amenant dans l'espace en compagnie de Vincent Köhler, Andréa Sakedaris, Jonathan Laforest et Justine Roberval (Jean-Nicholas Verreault, Julie Perreault, Julien Deschamps-Jolin et Nadia Essadiqi), les auteurs Mario Ramos, Julien Deschamps-Jolin et Éric Piccoli espéraient transposer dans un univers nouveau un huis clos plein de tensions et d'humanité. Et c'est réussi: les quatre astronautes, qui participent à une mission spatiale de 1 000 jours dans l'espoir de trouver de l'eau sur Europe, une lune de Jupiter, nous donnent des frissons lorsqu'ils se retrouvent coupés de la Terre, massivement bombardée au nucléaire.

À l'aide d'effets spéciaux très réussis, l'équipe appuie un scénario solidement ficelé, qui plonge le spectateur dans un drame humain ayant plus à voir avec le courage, les valeurs et les blessures des protagonistes qu'avec l'univers dans lequel ils baignent. «C'est l'idée de mettre des personnages normaux dans des situations extraordinaires, et de voir ce qui en ressort, confie Éric Piccoli. Avec Projet-M, le but c'était de prendre des personnes qu'on considère comme des surhommes, des astronautes, et de les mettre dans des situations où leur humanité ressort. Ils sont peut-être forts, mais ils restent des humains, avec des choses qui ne sont pas réglées, leurs tribulations quotidiennes et leurs questionnements.»

Les débrouillards

Pour arriver à créer cette première œuvre de science-fiction québécoise, l'équipe de Productions Babel n'a cependant pas eu accès aux budgets faramineux avec lesquels nos voisins du sud créent leurs blockbusters, évidemment. Ils ont donc dû se débrouiller avec seulement 250 000 $ pour créer une production qui en vaut au moins 4 millions $, au bas mot. «Juste en salaires pour les effets spéciaux, on frôle le million de dollars, avoue Éric. Il y a beaucoup de monde qui est venu sur le plateau bénévolement, Mario et Julien étaient là pour construire les décors, et au moins une centaine de bénévoles sont venus nous donner un coup de main - c'est grâce à eux qu'on a pu faire ce projet. [...] Et au Québec, on a pas mal l'expertise du faire beaucoup avec rien, et on le fait bien. On a changé beaucoup de 25 cennes en quatre piasses, ça je peux le dire!»

Grâce à ce coup de pouce populaire, Projet-M a pu voir le jour en janvier dernier et prouver à tous que la science-fiction reste possible, au Québec. « On s'est dit qu'on allait faire du cinéma de genre, mais qu'on ne le ferait pas comme aux États-Unis, explique Mario Ramos. On l'a fait à notre manière avec des thématiques, des personnages et un contexte créés dans un Québec fort et indépendant. L'histoire est foncièrement québécoise, comme ça, les gens qui n'aiment pas nécessairement la science-fiction s'y reconnaissent quand même.»

Un Québec fort

Même si l'intrigue principale se situe à des milliers de kilomètres dans le vide sidéral, Projet-M est toutefois solidement ancré dans sa culture, offrant au passage quelques références qui feront sourire les plus perspicaces. En plus de faire un clin d'œil à Guy Laliberté, de qui Pierre Verville s'est fortement inspiré pour son personnage de Luc Côté, les auteurs nous amènent dans un univers futuriste où le Québec, devenu un pays, est dirigé par une femme. «Ce n'est pas vraiment une critique sociale, précise Mario, mais on a créé un contexte pour rendre possible le fait que le Québec ait sa propre station spatiale. On n'a pas la prétention de dire comment y arriver, mais on peut se permettre de rêver, par exemple. En fait, il faut rêver pour éventuellement y arriver. »

« Notre histoire, c'est quatre personnes qui se demandent s'ils se sacrifient ou pas pour quelque chose de plus grand, ajoute Éric. En bout de ligne, c'est ça le Québec: soit qu'on va se reprendre en main, soit qu'on va mourir. Ça, ça reflète vraiment notre société. [...] Le paysage culturel de Projet-M nous tient aussi vraiment à cœur: on a une Maghrébine, un Haïtien, une présidente, deux filles fortes sur le vaisseau... C'était important de montrer un portrait où tout le monde est inclus, parce que ce n'est pas parce que tu es jaune ou vert que tu n'es pas Québécois. C'est l'image de ce que nous, on a connu, parce qu'on n'a pas vécu dans un milieu québécois pure laine, personne.»

Ralentir la cadence

Après avoir tout donné d'eux-mêmes pour tourner la populaire série web Temps mort, puis pour le projet tout aussi ambitieux de Projet-M, les gars de Productions Babel espèrent cependant ralentir la cadence pour leurs projets à venir. «Projet-M fonctionnerait bien avec une suite immédiate et même un film, affirme Julien Deschamps-Jolin, mais pour le faire, on aurait besoin d'un support assez considérable, parce qu'on a perdu beaucoup de plumes sur ce plateau-là. [...] Si on met tout ensemble, on a à peine gagné quelques sous par jour. C'est correct parce qu'on aime ça et qu'on voulait, mais en même temps, il faut aussi payer ses factures...».

Ce n'est donc pas demain la veille qu'on peut s'attendre à une suite de Projet-M, ni même à une production d'une envergure semblable, mais en attendant leur prochain coup de génie, les auteurs promettent de donner à Projet-M la longévité qu'il mérite. «On va travailler pour avoir un budget plus important l'année prochaine, mais on va prendre notre temps, explique Mario. On va envoyer Projet-M dans les festivals en format websérie, mais surtout en format film, à Banff et un peu partout, et le faire vivre autant que possible.»

Les 10 épisodes d'environ 10 minutes de Projet-M sont disponibles sur le site Ztélé.com, mais on pourra également écouter la version long-métrage du projet ce samedi 8 mars à 22 h, sur les ondes de Ztélé.

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